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Septante ans de convivialité au cinéma de Carrouge

Muriel Mack, programmatrice, et Sylvie Jordan, présidente, apprécient de passer du temps dans le local de projection de la Grande salle de Carrouge. RÉGINE GAPANY

CULTURE JORAT-MÉZIÈRES

L’Association du cinéma du Jorat peut se targuer de fêter son septantième anniversaire ce week-end. Sans en faire trop cependant, vu la situation incertaine des salles obscures, comme l’expliquent la présidente Sylvie Jordan et la programmatrice Muriel Mack.

Les enfants qui apporteront un dessin au cinéma du Jorat ce week-end se verront offrir une glace à l’entracte, alors qu’une verrée est prévue à la fin des séances du soir ainsi que des réductions (dans le cadre de la journée suisse du cinéma Allianz, notamment) et places offertes. L’apéritif de dimanche matin marquera le point d’orgue des festivités avec une partie officielle et la présence des membres de soutien, des sponsors et des bénévoles.

Une histoire villageoise

Le cinéma du Jorat a vu le jour à l’occasion de la construction de la Grande Salle de Carrouge en 1952. Depuis, l’association villageoise a vécu de nombreux moments forts et a su s’adapter à l’air du temps, en passant notamment au numérique en 2012, encouragée par l’Association des cinémas romands.

Malgré les turbulences dues à la pandémie et toujours en proie aux changements d’habitude de consommation des nouvelles générations, le cinéma du Jorat, par rapport à d’autres structures, a moins de soucis à se faire d’un point de vue financier.

«Nous fonctionnons sous forme d’association avec l’appui impor tant de sponsors, de membres de soutien et de bénévoles.» Mais comme partout, ces derniers tendent à manquer. «Nous sommes un peu serrés à ce niveau-là. Malgré un noyau solide, nous peinons à recruter dans les nouvelles générations», remarque la présidente en place depuis 40 ans, qui a tout de même réussi à «hameçonner» sa belle-fille de 42 ans. Le cinéma peut compter actuellement sur une vingtaine de bénévoles. Près de quarante membres sont sociétaires et plus du double appor tent leur soutien en tant que cotisants. «C’est une histoire villageoise et familiale, on se transmet les parts entre les générations», note Sylvie Jordan, 62 ans, qui venait déjà petite avec son grand-père et sa mère déplacer le matériel.

En effet, ici, point de fauteuils rembourrés, mais des chaises de salle communale agrémentées de coussins bordeaux, que les bénévoles déplacent à chaque séance entre un mariage, un cours de rythmique et une répétition du chœur mixte. «Tout le monde se connaît, mais nous accueillons au ssi des s pec t ateu rs qu i viennent de loin et qui auraient par exemple raté une séance (n.d.l.r.: le cinéma du Jorat projette avec un léger décalage par rapport aux sorties officielles).»

Les prix attractifs et le parking gratuit n’y sont peut-être pas étrangers. L’ambiance conviviale et les entractes permettent d’échanger à la buvette. «Il n’est pas rare que l’on endosse le rôle de baby-sitter ou que l’on ramène des enfants chez eux à la fin de la séance, sourit Muriel Mack. Le but est d’offrir la possibilité de se faire une toile sans se ruiner. Tant que les fournisseurs le permettent, nous maintiendrons nos séances à dix francs.»

La programmatrice de cinquante ans, qui donne également des cours d ’appui à domicile, souligne encore la chance qu’a le cinéma du Jorat d’avoir un partenariat avec la commune qui ne lui facture pas la location de la salle.

La qualité du grand cinéma à la campagne

L’association, grâce à ses soutiens et à ses réserves, a investi il y a dix ans pour près de 100 000 francs dans du matériel numérique. «Le cinéma du Jorat, c’est un cinéma de petit village avec les qualités du grand cinéma, le côté convivial en plus», résume la projectionniste. Et la petite touche rétro également, comme le prouve la vieille machine à tickets, toujours en service.

Il faut imaginer les premières séances, faisant salle comble à chaque fois, après avoir rempli le parc à vélo. «Aujourd’hui, nous avons toujours un potentiel de 200 places, mais nous sommes contents avec 40 visiteurs», admet la présidente, qui se remémore toutefois le passage du documentaire Hiver nomade qui avait fait salle comble à trois reprises.

L’enjeu pour Muriel Mack, la programmatrice et son équipe de cinq personnes? «Trouver la bonne comédie et le bon documentaire qui peut plaire à tout le monde, tout en étant varié et dans le coup. Le prochain James Bond, sans hésitation, mais Spider Man, que les jeunes iront voir en 3D à Lausanne, pas forcément.»

Sylvie Jordan rajoute que la tâche s’est corsée avec l’arrivée du numérique et le nombre toujours plus important de propositions. Muriel Mack précise en outre qu’il est impératif de se réinventer pour toucher le plus large public possible, en proposant par exemple aux enfants de venir déguisés.

Sans compter les scolaires et les projections de la Petite Lanterne, le cinéma du Jorat présente deux ou trois films par week-end de projection, au nombre de 20 par année. «La possibilité de voir jusqu’à Noël encore une quarantaine de toiles», se réjouissent les deux membres de l’association. Régine Gapany

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