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Florent Genoud, un mélange d’humilité, de travail et de talent

Florent Genoud, sous ses nouvelles couleurs du FC Bulle: pour l’instant, l’apprentissage du football des actifs se déroule à merveille pour le Châtelois de 18 ans. ALAIN SCHMITZ

FOOTBALL CHÂTEL-ST-DENIS

A 18 ans, le Ch�telois Florent Genoud fait partie des meilleurs footballeurs du canton. Le défenseur central vient de rejoindre la 1re ligue et le FC Bulle, avec qui il affrontera le Lausanne-Sport ce soir en Coupe de Suisse. Portrait.

La réussite dans le sport de haut niveau dépend d’une combinaison de plusieurs aspects. Au talent naturel doivent s’ajouter une éthique de vie et de travail irréprochable, de la détermination, des prédispositions physiques et un peu de chance. Le Ch�telois Florent Genoud a un peu de tout ça. Outre sa science du jeu et sa taille (1,85 m), il s’avère un acharné du travail et surtout, un passionné de football. «En juniors F, à 4 ans, il voulait déjà s’entraîner trois fois par semaine», sourit sa maman avec bienveillance. Il n’y a que la chance finalement, qui lui a peut-�tre fait défaut.

Florent Genoud n’a que 18 ans, déjà beaucoup d’anecdotes à raconter et tant de chemin encore à parcourir. Peut-�tre demain aura-t-il franchi un nouveau palier, peut-�tre aura-t-il un exploit à raconter? Car aujourd’hui est un grand jour. Sa nouvelle équipe, le FC Bulle, formation de 1re ligue, a rendez-vous avec le Lausanne-Sport, une équipe de Super League, au stade des 16es de finale de la Coupe de Suisse. Et qui sait ce qui peut se passer, quand un «petit» affronte un «grand». Ce n’est pas l’équipe de France qui nous contredira.

Pour Florent Genoud, tout s’est enchaîné très vite ces dernières semaines. Retour sur l’itinéraire qui l’a mené de Remaufens à Bulle, en passant par Berne.

Famille de volleyeurs

Depuis tout petit, le Ch�telois vit pour les ballons ronds. Né à Fruence dans une famille de volleyeurs, il choisit finalement le football «par amitié, parce que tous mes amis étaient dans l’équipe». Après son école de football effectuée dès 3 ans à Remaufens, il rejoint le FC Ch�tel-St-Denis pour les juniors E puis D. Logiquement, il se voit sélectionné par le Team AFF M-13 et monte ainsi à l’échelon cantonal. «Je disposais de beaucoup de temps de jeu, et ce jusqu’en moins de 15 ans à Fribourg, où j’ai réalisé ma meilleure saison.»

Ce qui ne laisse pas indifférents les recruteurs des Young Boys de Berne et en M-16, c’est sous les couleurs du club de la capitale que le Ch�telois poursuit sa formation. Parfois défenseur, parfois milieu de terrain, Florent Genoud s’adapte aux postes qu’on lui confie. Sa grande taille pousse ses entraîneurs à l’utiliser à des positions plut�t défensives.

Le Veveysan se plaît et plaît à Berne. En M-17, il arbore m�me le brassard de capitaine. Et puis la chance, qu’on évoquait en introduction, le l�che. Victime d’une grave blessure aux ligaments croisés du genou, il voit sa progression stoppée net. Une partie de ses r�ves s’envole. Mais abandonner n’est pas le genre de la maison et après une année de pause forcée, remplie de séances de rééducation, Florent Genoud retrouve les pelouses, en M-18. «Après quelques mois, j’ai réussi à m’imposer à nouveau en tant que titulaire. On a vécu une saison exceptionnelle avec le titre de champion de Suisse à la clé, un souvenir inoubliable. Sûrement le meilleur, m�me, jusqu’à présent.» Un regret: les jeunes d’YB ne réalisent pas le doublé et se font sortir en demi-finale de la Coupe de Suisse par Lugano. A Young Boys, Florent Genoud a suivi une formation de qualité, dans une ambiance qu’il appréciait. «On était tellement de francophones qu’on aurait pu faire une équipe à nous tout seuls», rigole-t-il.

Passage ardu

La suite est moins dr�le. Le passage en M-21 cet été s’avère compliqué. «On m’avait promis du temps de jeu. Mais dès le dernier match de préparation, je n’ai plus été convoqué. J’étais conscient qu’il serait compliqué de prétendre à une place de titulaire pour la saison à venir, mais je ne pensais pas vivre pareil sort.» L’été touche gentiment à sa fin quand les dirigeants d’YB convoquent le Ch�telois, pour lui annoncer durement qu’il a dix jours pour faire ses valises. Au revoir, merci. «Ils ont proposé leur aide pour que je déniche un nouveau club, mais leurs offres ne tenaient pas la route.»

Le timing est mauvais. A quelques jours de la fin du mercato, Florent Genoud doit se dép�cher de sonder les possibilités de reconversion. Il se dirige alors vers le monde des actifs. «Heureusement, je connaissais quelqu’un à Bulle qui a facilité mon arrivée.» Il rejoint ainsi un championnat de 1re ligue de bon niveau et pourra y faire ses armes, avant de penser à, pourquoi pas, viser plus haut. «Ce n’est pas parce que le chemin que j’ai suivi à Young Boys n’a pas abouti que c’est perdu. Je peux en emprunter un autre, qui me conviendra peut�tre mieux», image-t-il. Son r�ve: vivre, ne serait-ce qu’une saison, de son sport. Une fois.

Actuellement en troisième année d’apprentissage d ’employé de commerce à la ville de Fribourg, le jeune homme a sa carrière devant lui. «Si dans dix ans j’ai atteint mon r�ve, tant mieux. Sinon je jouerai dans la région, avec mes potes.» Son passé, son présent et son avenir semblent s’inscrire en parallèle avec ce sport qu’il aime tant. Et qui peut, pourquoi pas, ce soir à Bouleyres, le faire r�ver encore un peu plus.
Jonas Ruffieux


Un soir pour se montrer

Au FC Bulle, Florent Genoud a su profiter du malheur des autres pour en faire son bonheur personnel. Titulaire d’entrée de championnat à la suite de l’absence momentanée du défenseur central Braima Gafner, le Ch�telois de 18 ans a désormais acquis sa place. Sur le terrain et dans le vestiaire. «J’ai été super bien accueilli. Il faut dire que la moyenne d’�ge de 22 ans de notre équipe a bien aidé.»

Buteur pour son troisième match de championnat, l’ancien junior d’YB n’a pas tardé à trouver ses marques, pour sa première expérience en actifs. «Je dois prouver chaque week-end que je mérite ma place. A Bulle, chaque poste est doublé, la concurrence est rude.»

Sa formation a réalisé un début de championnat quasiment parfait, avec 10 points récoltés en quatre rencontres. «On évolue dans un système assez offensif, qui me convient bien.»

Ce soir à 19 h 30, en 16e de finale de la Coupe de Suisse face au Lausanne-Sport, les Bullois ne pourront toutefois pas faire le jeu. «Ce genre de match, face à des professionnels, ça n’arrivera peut-�tre qu’une fois dans nos vies. Nous voulons en profiter au maximum et croire à l’exploit. Ce sont des gars qu’on regarde le dimanche à la télé et là, c’est contre nous qu’ils vont jouer!»

Florent Genoud y retrouvera notamment l’un de ses meilleurs amis, Karim Sow, titulaire avec le LS, avec qui il a évolué sous les couleurs d’YB, en juniors. «Nous avons déjà convenu de nous échanger les maillots après le match. Mais durant la partie, il n’y aura pas d’amis qui soient», sourit-il. Le LS est averti. JR


Trois questions à...

FRANÇOIS BONETTI

Entraîneur assistant au FC Bulle, habitant d’Attalens

Comment s’est déroulée l’intégration de Florent Genoud à son arrivée au FC Bulle?

Florent est un garçon discret, très humble, assez réservé. J’imagine qu’il faut gratter pour le connaître mieux, c’est le genre de joueur que j’apprécie beaucoup. Il travaille énormément et a su saisir sa chance dès l’entame du championnat. Aujourd’hui, il fait partie de nos meilleurs défenseurs centraux. Avec l’excellente formation qu’il a reçue à YB, il va �tre difficile à détr�ner de son r�le de titulaire, pour autant qu’il maintienne le niveau de ses performances. A 18 ans, il dégage une sérénité impressionnante, il donne le sentiment que rien ne peut lui arriver. Bien sûr, il commet quelques erreurs, il est encore en phase d’apprentissage. Rappelons qu’il découvre le monde des adultes, à un niveau où ça ne rigole plus.

Quels sont les aspects sur lesquels le Ch�telois doit encore travailler?

Il n’a pas de point faible, et peut évidemment encore progresser dans tous les secteurs de jeu. Je dirais qu’il s’agit aujourd’hui de confirmer, de travailler dans la continuité et prendre encore un peu de masse musculaire. L’expérience, ça ne se travaille pas, mais ça s’acquiert. Je pense qu’il lui faudra environ six mois pour se sentir vraiment au top dans cette 1re ligue.

Jusqu’où ce jeune homme de 18 ans peut-il aller?

L’important, c’est de ne pas se fixer de limites. S’il continue à travailler avec humilité, à donner le 100% de lui-m�me à chaque entraînement, il peut viser haut. Attention à ne pas brûler les étapes. A Bulle, j’imagine que le directeur sportif aimerait bien le garder dans nos rangs pour le futur. Mais s’il obtient des offres intéressantes, nous allons l’encourager et nous serons fiers de lui, nous ne le retiendrons pas.
Propos recueillis par JR

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