SKI DE RANDONNÉE LES PACCOTS
Pour la deuxième année consécutive, le Team Teysalpi organise des entraînements de ski-alpinisme dédiés aux enfants. Chaque mercredi, la section Kids, composée d’une vingtaine de montagnards en herbe, arpente le domaine des Paccots. Reportage.
La météo s’avère maussade, en ce mercredi après-midi. Le Teysachaux se voit enrobé d’un lourd voile de nuages et la pluie s’abat sur la station des Paccots, réduisant encore la fine épaisseur du manteau neigeux.
La semaine précédente, le décor offrait aux jeunes skieurs alpinistes un coucher de soleil sur le Léman, visible depuis le sommet du Pralet, devant une Dent-de-Lys teintée de rose. «Franchement, tant qu’on peut s’entraîner, on ne va pas faire la fine bouche», lance Grégoire Cousteix, cofondateur de la section Kids du Team Teysalpi.
Si les semaines ne se ressemblent pas en termes de conditions météorologiques, le même enthousiasme semble émaner, chaque mercredi, des participants. Lancée l’hiver passé, la branche «enfants» du club de ski-alpinisme veveysan réunit 18 jeunes montagnards, qui s’entraînent hebdomadairement, de 16 h à 18h, sur les pentes de la station des Paccots.
Une idée développée par Laure Rieder, devenue présidente de la section, et par Grégoire Cousteix, également actif dans le comité du Teysalpi «adultes» et «trail». «Nous avions tous deux des enfants en âge de commencer la peau de phoque, commente ce dernier. Le but consiste à transmettre notre passion, dans un cadre où le plaisir prime.»
Cinq accompagnants
En cette fin d’après-midi, les 13 enfants présents se sont vu répartir dans trois groupes, nommés bouquetins, chamois et chevreuils. Cinq accompagnants encadrent les jeunes élèves. «Notre vœu: proposer des séances qualitatives, avec peu d’enfants par groupe.» Chaque semaine, un thème constitue le fil rouge de l’entraînement.
Après le cours dévolu à la prise en main du matériel et celui axé sur les conversions, le portage est, cette fois-ci, à l’honneur. «Nous nous appuyons sur l’expérience de notre coach Jeunesse et Sport, Serge Allemand, qui travaille chez Swissski dans l’encadrement des jeunes athlètes, confie Laure Rieder. Nous composons ensemble une trame d’entraînement qui s’échelonne progressivement, selon une approche ludique.»
L’objectif? «Découvrir le ski de randonnée en toute sécurité, poursuit-elle. Nous pratiquons notre sport dans des endroits sans danger, tout en sensibilisant les enfants sur les risques que peut comporter l’activité. Chaque enfant porte un casque et un DVA (n.d.l.r.: détecteur de victimes d’avalanche).»
C’est d’ailleurs par des explications concernant le maniement de cet appareil que commence le cours. «Nous n’avons pas la prétention de former les enfants à sortir une victime d’une avalanche, précise Grégoire Cousteix. Nous souhaitons simplement leur inculquer les bons réflexes.»
Une fois le matériel vérifié, les jeunes participants s’essaient à la technique particulière du portage. Enlever les skis, les accrocher sur le sac en gardant ce dernier au dos, enfiler les lanières des bâtons et repartir à pied, puis l’inverse. Déjà, le groupe des grands s’exerce sous forme de concours, puis part à l’assaut de la Corbetta, depuis le parking des Joncs. «Tout en appliquant ce qui vient d’être appris», sourit le moniteur.
Dans la montée, chaque groupe s’essaie au portage. Dans la forêt, le manque de neige offre l’occasion de confirmer les acquis. «Prochainement, nous recevrons la visite du garde-faune et du gardechasse de la région, indique l’encadrant. Ils nous proposeront notamment une conférence sur les zones de tranquillité à respecter et sur les spécificités de l’habitat des animaux.»
Si tous ces cours sont gratuits pour les enfants, une condition doit être remplie: «Au moins un des parents doit faire partie du Team Teysalpi et payer ainsi la cotisation de 70 francs par année. Le but consiste vraiment à offrir à tous les enfants qui le souhaiteraient un accès à nos séances d’entraînement. Un partenariat avec un magasin de sport nous permet également d’obtenir des rabais sur le matériel des jeunes.»
Le meilleur: le goûter
Tandis que les deux premiers groupes parviennent gentiment au sommet de la Corbetta, les plus petits s’installent à l’abri du vent, derrière un mouvement de terrain, pour déguster le goûter. «Leur partie préférée de la sortie», rigole Laure Rieder. Norine et Louane affirment: «Le portage, c’est facile, sauf quand on doit enlever les skis et qu’ils restent coincés dans la sangle.»
Leurs sacs – empruntés à leurs papas respectifs – traînent presque dans la neige, tant leur taille semble démesurée par rapport aux toutes jeunes sportives. «Avant huit ans, il est quasiment impossible de s’équiper, note Laure Rieder. Même si certaines marques commencent à développer du matériel pour les plus petits.»
Plus haut, c’est derrière la cabane de l’arrivée du téléski de la Corbetta que s’abritent les autres participants. Après quelques exercices sur le plat pour les grands, tous auront encore une fois l’occasion d’effectuer une transition, afin d’enlever leurs peaux de phoque. «Mettez bien votre gourde à l’intérieur du sac, précise Laure Rieder. Il ne faut absolument pas la laisser dans le filet extérieur, vous savez pourquoi?» Et les enfants de répondre: «Oui, c’est pour éviter de la prendre dans la figure si on se penche en avant!»
Les skis chaussés, la descente finale peut commencer. «On exige un certain niveau de ski pour les enfants qui rejoignent le Teysalpi Kids, note la présidente. Cela fait partie intégrante de notre sport, mais nous ne sommes pas là pour leur apprendre à skier.» Par ailleurs, une fois par an, la station des Paccots laisse l’accès au téléski de La Cagne aux jeunes alpinistes, afin de s’améliorer en descente avec des skis de randonnée.
Au bas de Borbuintze, il s’agit encore de poursuivre l’effort en skating, pour rejoindre la roulotte du club. Ici, peu avant 18 h, les participants débriefent sur la séance qu’ils viennent d’achever, avant de ranger leurs skis et de rejoindre leurs parents. Jonas Ruffieux
Un partenariat avec le CRO, pour offrir une transition idéale aux compétiteurs
Vincent Rieder n’est pas seulement le mari de Laure Rieder, présidente de la section Teysalpi Kids. Lui préside le comité central du Team Teysalpi et figure également au comité du CRO, le centre régional ouest de ski-alpinisme, qui a pour mission de former les jeunes compétiteurs.
Par son intermédiaire, une collaboration a été créée entre les deux entités. «Notre section enfants de Teysalpi est considérée comme un club formateur et nos jeunes talents pourront intégrer le CRO, s’ils en ont l’envie et les capacités, à partir de quatorze ans», précise Laure Rieder.
En début de saison, le Châtelois Malik Uldry, membre du team veveysan, a par exemple rejoint les rangs de l’organisation romande. «Il n’a malheureusement pas pu profiter du Teysalpi Kids, créé seulement l’an dernier, note la présidente. Mais ce sont en effet des jeunes comme Malik qui sont appelés à poursuivre le ski-alpinisme à haut niveau, en compétition.»
Cette collaboration se matérialise encore ce samedi avec le CRO’no Sprint. Une course réservée aux jeunes entre 12 et 23 ans. Le départ aura lieu, dès 16 h 30 pour le prologue, à Rathvel. Les demi-finales auront lieu dès 17 h 15 et la finale se déroulera dès 18 h 15.
Le prix d’inscription est fixé à 20 francs pour la course et les röstis. Tous les curieux sont les bienvenus. Si des enfants n’ont pas le matériel requis, le Team Teysalpi le mettra à disposition. JR
Durant cette séance, ce mercredi-là, les membres du Teysalpi Kids ont appris les dures lois et la technique du portage. PHOTOS LE MESSAGER
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