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Le duo de choc retourne aux fondamentaux


UNIHOCKEY SEMSALES

Comme prévu, les unihockeyeurs Ludovic Vial et Adrien Savary quittent leurs rôles d’entraîneurs à la fin de la saison. Celle-ci, terminée prématurément en raison de la pandémie actuelle, leur inspire des réactions contradictoires. D’un côté, elle leur laisse un goût amer, puisqu’ils pouvaient remporter un doublé historique s’ils s’imposaient en championnat. De l’autre, ils en sont plus que satisfaits: leur équipe s’est à nouveau imposée, à Berne, en finale de Coupe de Suisse.

Deux hommes, deux amis, deux visions différentes et, à la ligne d’arrivée, deux Coupes de Suisse d’unihockey. Consécutives, qui plus est! Ludovic Vial et Adrien Savary, qui encadraient la première équipe féminine de l’UHT Semsales depuis six ans, quitte leurs fonctions d’entraîneurs. Rien d’étonnant, puisque les compères l’avaient annoncé en début de saison: celle-ci serait leur dernière. Toutefois, ils ne s’attendaient pas à ce qu’elle soit déjà terminée. La faute à la propagation fulgurante d’un certain virus.

Cette fin de saison tronquée leur laisse à tous deux «un sentiment d’inachevé». Et pour cause, ils avaient toutes leurs chances de réaliser un doublé historique. Encore en lice en championnat, ils espéraient mener leurs joueuses jusqu’au bout des play-offs. Néanmoins, l’amertume et la déception sont minimes, comparativement au plaisir pris et au sentiment du devoir accompli.

Impact immédiat

Leur palmarès est impressionnant. En 2014, ils reprennent l’équipe et, dès leur première saison, disputent la finale du championnat (2015). Les années suivantes, ils font à chaque fois partie du dernier carré: ils échouent en quarts de finale en 2016 et 2019 et atteignent les demi-finales en 2017 et 2018. Mais ces résultats, si bons soient-ils, sont sublimés par deux coups d’éclats qui resteront gravés dans l’histoire du sport romand. L’année passée, en fin février, l’UHT Semsales remporte la Coupe de Suisse d’unihockey. C’est la toute première fois qu’un club romand s’impose dans cette compétition. L’exploit est de taille. Mais les deux complices ont plus d’un tour dans leur sac. Un an plus tard, rebelote, le club veveysan rentre de Berne muni du trophée (voir Le Messager du 28 février dernier). Doubles tenantes du titre, les joueuses de 1re ligue sont récompensées de leurs efforts, félicitées et honorées dans tout le canton.

L’épopée qui s’achève a été rendue possible par l’encadrement de Ludovic Vial et d’Adrien Savary. Les conseils distillés et la motivation transmise à leurs protégées ont permis à celle-ci de progresser et d’atteindre le plus haut niveau de l’unihockey helvétique sur petit terrain. Mais qui sont vraiment ces entraîneurs, et pourquoi ont-ils décidé de s’arrêter en si bon chemin?

Ludovic Vial.

Mécanicien agricole de 32 ans, Ludovic Vial a grandi au Crêt, où il habite toujours. Une fois sa scolarité terminée au Cycle d’orientation de la Veveyse (COV) à Châtel-St-Denis, il entame son apprentissage à Sâles, qu’il termine en 2007 avant de rejoindre les rangs de l’armée. Mécanicien de ravitaillement de chars à Thoune, il y gère un atelier plutôt que de piloter des blindés. «C’était une bonne expérience de vie», déclare-t-il sobrement.

Il s’engage ensuite une année aux CFF et œuvre dans les installations de sécurité sur les voies ferrées. Mais cet emploi lui sied moins que le précédent. Ludovic Vial retourne travailler pour son premier patron, à Sâles, où il gère les pannes, effectue la maintenance et apporte les réparations nécessaires à toutes sortes de tracteurs et à d’autres machines agricoles. Lorsqu’il ne frappe pas, avec sa crosse, dans une boule d’unihockey, Ludovic Vial va courir en montagne. Une activité qu’il pratique depuis plus de quatre ans et qui lui permet de se «dégourdir les jambes». Appréciant le dénivelé, la nature et les beaux paysages, il prend plaisir à partir en randonnée.

Le joueur de champ

Son sport de prédilection, il le découvre à 14 ans: «J’étais en deuxième année au COV et une équipe de copains jouait une fois par semaine à l’unihockey à Semsales. Rien d’officiel, il n’y avait pas de matches le week-end. Un ami m’a proposé d’y aller et je m’y suis rendu. C’est comme ça que tout a commencé.»

L’année d’après, une formation de juniors voyait le jour à Semsales. Ludovic Vial n’a depuis jamais cessé de pratiquer ce sport. Il fait partie de la première équipe masculine du club veveysan, qui évolue en 2e ligue, dont il est aujourd’hui le capitaine. En 2014, il se blesse au genou, ce qui l’écarte temporairement des terrains. Joël Garin, coach de la 1re équipe féminine sur le départ, lui propose de lui succéder. Ludovic Vial accepte. La suite est connue.

Adrien Savary.

Technicien géomètre âgé de 28 ans, Adrien Savary est un pur produit de Sâles. Son diplôme, il l’obtient en 2010, après quatre ans de formation. Il fait ensuite partie de l’infanterie de l’armée suisse, effectuant son école de recrue à Bière chez les chauffeurs de piranhas. A son retour à la vie civile, il travaille trois années durant à Villars-sur-Glâne, puis retourne chez son premier employeur, à Romont, où il est toujours actif.

La mensuration du territoire et de tout ce qu’il comprend, c’est-à-dire routes, forêts ou encore bâtiments, voilà l’une des tâches principales du géomètre. «Nous établissons, par exemple, le cadastre souterrain, ou encore des portails cartographiques. Les remaniements des parcelles agricoles sont quelque chose qui nous occupe aussi passablement.»

Le hobby d’Adrien Savary l’amène, depuis bien des années, en forêt, car ce dernier n’est autre qu’un chasseur. Chevreuils et chamois n’ont qu’à bien se tenir, lorsque la saison est ouverte. Initié par son père et son grand-oncle, le Gruérien indique «avoir baigné dans ce monde-là depuis tout petit».

Le gardien

Muni de sa crosse, Adrien Savary ne tente pas tant de marquer des buts que de les prévenir, puisqu’il occupe le poste de gardien. Dernier rempart de l’équipe, cette fonction lui plaît depuis ses tout débuts ou presque. En réalité, il a joué deux saisons comme joueur de champ avant de rejoindre les goals. «Mon cousin était le premier gardien et, comme il en fallait un deuxième, je me suis proposée. Ça m’a tout de suite plu. C’est un rôle différent, mais sur petit terrain à l’unihockey, c’est intensif: le gardien est constamment sollicité.»

En 2014, lorsque Ludovic Vial reprend la première équipe féminine, Adrien Savary devient son assistant. «Nous avons relevé ce défi ensemble, retrace-t-il. Personnellement, j’avais envie de découvrir une autre facette de ce sport que celle du simple joueur. Et je ne regrette pas! Le bilan de nos six saisons à la tête de l’équipe est juste incroyable. En plus, cette équipe est formidable. Elle a toujours été très soudée et à l’écoute, donc plus qu’agréable à coacher.»

Démultiplication délicate

Seulement voilà, comme le dit si bien Adrien Savary, Ludovic Vial et lui «ne peuvent pas être partout». Egalement joueurs, gardien titulaire et capitaine de la 1re équipe masculine, ils occupent des postes importants au sein de leur effectif. «Entre notre propre formation et l’encadrement des filles, nous étions toujours un peu entre-deux, explique le Gruérien. Nous avons essayé au mieux de gérer le tout à la fois: souvent, un des deux coachait les filles et l’autre jouait avec les garçons. Mais ce n’était de loin pas l’idéal. Nous avons donc décidé de passer la main.» Et Ludovic Vial d’abonder: «D’ailleurs, nous cherchons toujours un remplaçant. Si un amateur d’unihockey avec un peu d’expérience dans ce sport est intéressé, nous l’accueillons avec plaisir!»

Dorénavant, le nouvel objectif du duo de choc est clair: faire monter leur équipe masculine en 1re ligue. Pas une mince affaire, selon Adrien Savary: «Il y a une sacrée différence de niveau avec la 2e ligue, où nous nous trouvons actuellement. Mais nous pouvons y croire. La preuve, nous avons crevé au poteau l’année dernière. Il nous manquait un tout petit quelque chose pour y parvenir.» Comme quoi, dans le sport, il suffit parfois d’un rien pour que le tout prenne une autre tournure. Comme l’encadrement d’un binôme motivé, efficace, et capable de transcender une équipe, c’est sûr.
Christian Marmy

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