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Maya Chollet se pare d'or

Maya Chollet: «Pour une course d’une telle distance, il y a forcément une part d’aléatoire. Il faut avoir de la chance pour aller jusqu’au bout.» PHOTOS TVSB/MONICA DALMASSO

TRAIL PALÉZIEUX/VERBIER

La Palézienne Maya Chollet est devenue, samedi, championne suisse de trail. Un titre qu’elle a conquis après avoir parcouru 73 kilomètres en 10 h 29’55’’, lors du Trail Verbier St-Bernard, qui ne comptait pas moins de 4900 mètres de dénivelé. La sportive s’est par ailleurs classée 14e au général. Retour sur cet exploit et cette journée hors du commun.

A 32 ans, Maya Chollet, sportive multidisciplinaire de Palézieux, vient de conquérir un titre majeur. Samedi, elle a en effet été sacrée championne suisse de trail, après s’être imposée lors du Trail Verbier St-Bernard. Un parcours de 73 kilomètres, dont 4900 mètres de dénivelé, qu’elle a effectué en 10 h 29’55’’, signant un nouveau record féminin par la même occasion. Une épreuve ainsi qu’une distance totalement inédites pour elle.

«Le plus long tracé que j’avais couru jusqu’alors, en compétition, faisait 61 kilomètres. C’était au même endroit, il y a quatre ou cinq ans. Je m’étais alors dit: “Plus jamais”, tellement j’avais eu mal aux jambes.» Maya Chollet s’est toutefois laissé tenter par ce nouveau challenge. Au départ, ils étaient environ 850 coureurs, hommes et femmes confondus.

Un défi au sommet

Munie de l’équipement obligatoire – un sac à dos comprenant divers objets de première nécessité – la sportive s’est élancée, à 8 h, sur ce parcours présentant quatre montées vertigineuses (son point fort), ainsi que plusieurs descentes abruptes (sa bête noire). «Je ne me suis pas préparée spécifiquement pour ce trail, mais j’ai fait de longues courses en alpinisme et de l’entraînement en hypoxie, ce qui m’a sûrement beaucoup aidée. Mais, pour une course d’une telle distance, il y a forcément une part d’aléatoire, ce qui me faisait peur. Tout peut arriver, et il faut avoir de la chance pour aller jusqu’au bout.»

Pour parer à toute éventualité et en raison de l’ampleur du défi, Maya Chollet a innové. Elle s’est équipée de bâtons de course, chose qu’elle ne fait jamais. «Je ne sais pas trop les utiliser, explique-t-elle. En carbone, ils sont très légers, donc je les ai accrochés à mon sac et je ne les sentais même pas.» Elle indique toutefois s’en être servi lors de deux ascensions. «Ils m’ont, à mon avis, fait gagner un peu d’énergie et ont préservé mon dos. En somme, je ne regrette pas de les avoir pris, même si c’est vrai que la plupart du temps je courais sans.»

Gérer son effort

Dans une grande forme ce jour-là, Maya Chollet prend rapidement les commandes de la course féminine. Arrivée à mi-parcours environ, elle se voit informée qu’elle compte huit minutes d’avance sur sa plus proche poursuivante. «A ce moment-là, j’ai commencé à stresser. Je m’attendais plutôt à en avoir vingt. Huit minutes, ce n’est rien! J’ai cru que, si je continuais comme ça, j’allais me faire rattraper. Je me suis alors répété: “Arrête de t’endormir, Maya”. J’ai décidé de tout donner et je me suis mise dans le rouge.»

Une attitude risquée, qui aurait pu la péjorer pour la fin de la course. Seulement, samedi, Maya Chollet était inarrêtable. Elle confie même avoir dépassé, dans une montée, un coureur qu’elle connaît bien et qui, d’habitude, est meilleur grimpeur qu’elle. «J’ai ressenti quelque chose en plus samedi, au-delà de l’énergie. Ma chance, c’est d’avoir une sacrée force mentale, qui me vient sans doute de mon enfance.»

Une chute bénigne

Après plus de cinquante kilomètres, une descente escarpée d’environ 1600 mètres de dénivelé l’attendait. Et son point faible n’a pas manqué de lui jouer des tours: «J’ai trébuché bêtement sur un caillou, relate-t-elle. Julien, un Fran- çais qui courait derrière moi, m’a aidée à me relever. Il craignait que je me sois tordu la cheville. En fait, tout allait bien, et j’ai pu continuer.» Une frayeur heureusement sans conséquences, si ce n’est de lui assurer de la compagnie jusqu’à la ligne d’arrivée.

A l’approche de la délivrance, Maya Chollet indique avoir ressenti des sensations étranges: «Après plusieurs heures d’effort, le cerveau ne fonctionne plus tout à fait normalement. C’est comme si j’entrais dans un tunnel. Le chaud, le froid, la douleur, les mots des autres coureurs ou des gens au bord de la route, tout était comme déformé, parfois amplifié, parfois atténué.» Elle serre néanmoins les dents et va chercher dans ses ressources, qui, ce jour-là, semblaient inépuisables: «Dans la dernière montée, je faisais du 900 mètres de dénivelé à l’heure. Ce qui n’est pas mon record, mais reste très rapide, surtout compte tenu des tous les kilomètres que j’avais dans les jambes.»

La médaille d’or

A 18 h 29, c’est l’apothéose. C’est encore très en forme qu’elle franchit les ultimes mètres. Pourtant, au moment de lui parler, Maya Chollet ne se déclare pas aussi fière de l’exploit accompli que reconnaissante d’avoir pu le réaliser: «Enormément de gens m’ont soutenue, que ce soit avant, pendant ou après la course: mes proches, mes sponsors, et l’encadrement. L’entraîneur national m’a d’ailleurs félicitée pour ma belle performance, car je suis arrivée quatorzième au général, hommes inclus.»

La championne suisse se tourne désormais vers deux nouveaux défis: une manche de Coupe du monde de course de montagne, qui se déroulera dans deux semaines, dans les Dolomites italiennes. Un parcours de trente kilomètres: «une promenade», glisse Maya Chollet avec amusement. Puis viendra le Sierre-Zinal, le 11 août, où elle espère se qualifier pour les championnats du monde de course de montagne, qui se dérouleront les 15 et 16 novembre prochain au pied des Andes, en Patagonie (Argentine).

(IR)réalité et réalisme

Quelques jours après avoir décroché ce titre national, Maya Chollet ne réalise pas encore véritablement ce qui vient de lui arriver: «Cette course, c’est comme si j’avais regardé un film. A mon avis, ce sont tous les messages de félicitations que j’ai reçus depuis qui me font prendre conscience de ce que j’ai accompli.» La compétitrice relativise pourtant, indiquant qu’il lui reste encore passablement d’épreuves et qu’elle doit encore «faire ses preuves» en vue des championnats du monde.

Dans une bonne condition physique actuellement, Maya Chollet dispose de tous les paramètres pour poursuivre sa bonne préparation. Et, comble du bonheur, après une telle course et un tel effort, ses jambes ne l’ont pas fait souffrir: «Le lendemain, je marchais sans souci. Je gambadais même, sans aucune douleur, sauf quelques cloques (rires)


Christian Marmy

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