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Sports

Un sport devenu un mode de vie familiale

Avec Yanis Berthoud (à droite), c’est toute une famille qui s’est prise de passion pour le VTT. Les parents Eric et Muriel accompagnent leurs fils (à gauche, Evan) dans toute la Suisse pour participer aux différentes compétitions. PHOTOS LE MESSAGER

VTT CHÂTEL-ST-DENIS

Le jeune Yanis Berthoud fait partie des grands espoirs du VTT régional. A douze ans, il truste les podiums dans sa catégorie et emmène dans son sport toute sa famille.

Yanis Berthoud n’a que douze ans, mais déjà de l’or dans des mollets qu’il a puissants. Le jeune châtelois, spécialiste de VTT, a été sacré champion fribourgeois et romand de sa catégorie des moins de treize ans. Au niveau national, il est passé à un cheveu du titre, devancé finalement par deux concurrents lors de l’ultime course. «Avec l’annulation de quasiment toutes les épreuves en 2020, nous avons profité de chaque occasion qui se présentait pour inscrire Yanis à des compétitions, raconte son papa, Eric. Du coup, il a participé à trois championnats en même temps. Avec un peu de recul, je pense que c’était un excès de zèle.»

Durant plusieurs mois, la famille châteloise a ainsi bourlingué au rythme des courses réservées aux jeunes talents. Car Evan, le petit frère, suit les traces du grand. «J’adore les courses, ça ne me dérange pas d’en avoir deux par weekend», témoigne Yanis. La fratrie Berthoud n’aura pas manqué un seul épisode de la Proffix Swiss Bike Cup, cette année, la compétition qui réunit les meilleurs vététistes helvétiques. Evan a terminé à une belle 5e place au classement général. Quant à Yanis, il a lutté jusqu’à la dernière course pour le titre.

Cinq podiums d’affilée

La saison a commencé du côté de Loèche-les-Bains, où le jeune espoir des Cyclomaniacs Veveyse s’est classé 6e, un rang célébré comme il se doit. «On ne se doutait pas qu’il s’agirait de son moins bon résultat de l’année», s’esclaffe Eric Berthoud. En effet, son aîné a ensuite aligné les podiums. Deuxième à Gstaad, t roisième à Grä n ic hen, prem ier à Savognin, deuxième à Bâle, vainqueur à Lugano et puis quatrième à Schaan, au Liechstenstein, pour boucler l’année et terminer troisième au classement général final. «C’est un sentiment très partagé, note l’intéressé. Ce résultat est génial, mais j’étais très proche des deux premiers, alors je suis quand même un peu déçu.»

Le Gruérien Marwan Karim Barhoumi a remporté le titre, devant le Soleurois Leandro Rätz. «Avant la dernière course, les trois pouvaient encore prétendre à la victoire finale, raconte le papa. La pression mentale s’est peut-être avérée un peu trop grande.»

Fina lement, peu impor te. Ya n is Berthoud a l’âge et la détermination pour progresser constamment et c’est bien le principal. Et s’il a remporté quasiment toutes les compétitions au niveau cantonal ou romand, il a aussi connu les joies du succès face à de rudes concurrents. «J’ai connu ma plus belle victoire à Savognin, dans les Grisons. J’ai fait la différence dans la descente finale et j’ai réussi à passer un obstacle qui me posait problème. A Lugano, la course était particulière, elle se disputait en ville et sous la pluie. J’ai adoré, alors que tous les autres ont détesté cette épreuve.»

Beaucoup de route

Schaan, Lugano, Savognin. Sachant que les courses durent généralement une petite demi-heure, l ’investissement semble énorme. «Nous avons de la chance qu’Evan suive le mouvement, et que les résultats soient excellents, lâchent les parents. Sinon, en effet, les déplacements seraient frustrants.»

Chaque week-end de course, toute la famille voyage ensemble, avec son minibus. Une manière de vivre à travers la passion des enfants. «Nous ne connaissions rien au VTT avant que Yanis ne s’y mette, confient les Châtelois. Nous continuons de découvrir et d’apprendre chaque week-end.»

De nombreux jeunes espoirs sont issus de familles dont les parents ont évolué à haut niveau en cyclisme. «Je trouve plus sain de ne pas être de ce monde-là, explique Muriel. Les enfants n’ont aucune pression de “faire aussi bien que leurs parents”, et nous n’intervenons pas non plus dans leurs plannings sportifs. Jamais nous ne leur imposerons tel ou tel entraînement.» Les tâches sont bien réparties au sein de la famille Berthoud. Eric s’occupe de l’aspect administratif et de l’entretien des vélos, tandis que Muriel a pour charge de gérer la logistique et la nourriture. «Je fais à manger sur place, dans le bus. Nous avons élaboré des stratégies afin de déterminer ce qui convient le mieux à Yanis. Ainsi, nous mangeons du poulet les veilles de course, et deux heures avant le départ, il avale un porridge.» Yanis apprécie: «On a trouvé ce qui m’apporte le plus d’énergie au bon moment.»

Puissant, pas grimpeur

Cette fois, ça y est. Le marathon familial a pris fin en même temps que la saison, et tout le monde pourra en profiter pour se reposer. Même si la pause ne sera qu’un court répit. Gentiment, il sera temps de sortir le vélo de cyclo-cross, l’alternative hivernale. «J’ai commencé cette discipline il y a deux ans, juste pour m’amuser et j’adore ça.» En compétition, il s’agit d’effectuer le plus de distance possible, dans un temps donné – d’ordinaire quinze minutes –, sur des parcours techniques. «Contrairement aux pistes de VTT, il y a peu de montée.»

Tant mieux. Car la montée ne constitue pas le point fort du talent des Cyclomaniacs. «Avec son gabarit puissant, il n’est pas avantagé. Il doit peser bien dix kilos de plus que ses adversaires», sourit son papa. «J’essaie de m’accrocher, ce sont rarement des longues côtes», complète Yanis, bien conscient que sa puissance précoce constitue une force indéniable. «Je suis rapide dans les sprints. Au départ, je suis aussi capable de faire la différence, mais là où je suis le meilleur, c’est en descente. J’aime prendre des r isques», explique Yanis, le regard timidement tourné vers sa maman Mur iel, qui apprécie moins cette dernière phrase.

Le quotidien des Berthoud s’écrira certainement en rythme avec les compétitions des enfants, dans les années à venir. Un mode de vie fatigant, mais stimulant. Autre stimulation: Yanis passera l’an prochain en catégorie U15. «Je me réjouis de courir avec les plus grands», affirme-t-il, conscient qu’il sera alors bien plus difficile d’accrocher autant de victoires à son tableau de chasse. «Je préfère terminer 4e d’une course disputée que remporter une compétition sans concurrence.»
Jonas Ruffieux


Le rêve ultime? «Devenir champion du monde»

L’appétit vient en mangeant, entend-on parfois. Une expression qui colle bien au parcours de Yanis Berthoud. Le Châtelois a découvert les joies du podium dès sa première course, alors âgé de six ans. «C’était une course organisée par les Cyclomaniacs, au lac des Joncs. J’ai terminé troisième, ce résultat m’a motivé à continuer.»

Six ans plus tard, les succès s’enquillent et la motivation ne faiblit pas. Avec trois entraînements – un personnel, deux avec le club veveysan – par semaine et au moins une course par week-end durant la grosse période, le jeune espoir passe de nombreuses heures assis sur une selle. Et cet hiver, la traditionnelle pause ne sera probablement pas d’actualité. «J’ai de grandes chances d’être pris au sein de la structure Talent Romandie, gérée par Swiss Cycling, et de participer ainsi à des entraînements tous les dimanches, entre condition physique et travail sur le vélo.» Un pas de plus vers son rêve, «pouvoir vivre de mon sport et devenir champion du monde de VTT».

Yanis Berthoud rejoindra le Cycle d’orientation de la Veveyse l’automne prochain. Un nouveau défi, à concilier avec le vélo. «J’ai hâte d’y aller.» Et sa maman, Muriel, de rappeler que «l’école prime sur son sport». JR

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