Logo

Sports

«Un tel résultat, c’est quelque chose de fou»

Dans l’aire d’arrivée, Alexis Monney a eu de la peine à se rendre compte de la portée de son exploit. «Réaliser un tel résultat, ici en Suisse, devant ma famille et mes amis, c’est quelque chose de fou.» PHOTOS ANTOINE VULLIOUD

Pour son premier départ en descente à Wengen, Alexis Monney a terminé à une magnifique 10e place samedi.

Retour sur cet exploit avec le Châtelois de 23 ans, qui a laissé exploser sa joie dans l’aire d’arrivée.

Cette performance représente l’un des plus beaux résultats décrochés pour une première sur le Lauberhorn.

Il y a des signes qui ne trompent pas. La franche accolade avec Marco Odermatt, les louanges de Beat Feuz ou encore la tape amicale d’Aleksander Aamodt Kilde. La RTS a même retardé l’interview du Norvégien, vainqueur du jour, pour suivre en direct la première descente d’Alexis Monney à Wengen.

Le Châtelois de 23 ans a réalisé une prouesse samedi sur le Lauberhorn en terminant 10e à 1’’64 de Kilde. Ce premier top 10 constitue son meilleur résultat en Coupe du monde. Il est aussi la confirmation d’un talent qui ne cesse de démontrer ses qualités sur les pistes du Cirque blanc cette saison. Samedi, le jeune homme a pris son envol devant 35000 personnes.

Apprivoiser le Lauberhorn

Durant plus d’une semaine, Alexis Monney a apprivoisé ce tracé du Lauberhorn. D’abord en Coupe d’Europe la semaine d’avant puis en super-G vendredi passé, veille de son exploit retentissant. «Tout le monde a profité des mêmes conditions, j’ai juste souhaité me faire plaisir et skier à fond.»

Pourtant, selon ses dires, tout n’a pas été parfait. Il y a d’abord eu cette envolée au passage de la Tête de chien. «Je me suis dit ‘‘oh pu… m… reviens en avant et essaie juste d’arriver en bas vivant’’
(rires).» S’ensuivit une course quasi parfaite assortie de «deux ou trois approximations». «Je pense que j’aurais pu gagner du temps en skiant plus direct, notamment dans le troisième secteur.» Perfectionniste.

Une qualité mise en avant par plusieurs responsables de Swiss-ski dans l’aire d’arrivée. Tous s’accordent sur la raison principale de sa révélation au plus haut niveau. «Aujourd’hui, Alexis est capable de dire ce qui lui convient ou pas, notamment à l’entraînement. Il arrive à transmettre son ressenti et ses envies à ses coaches.»

Impérial dans le Kernen-S

Ce premier top 10 en Coupe du monde, Alexis Monney est allé le chercher dans le Kernen-S avec une vitesse instantanée de 105,2 km/h et le 3e meilleur temps au deuxième intermédiaire. Ensuite, il a fini en boulet de canon avec le 7e temps sur la dernière partie du tracé.

Déterminé au moment de s’élancer, il s’est vidé la tête dans le portillon de départ. «Je ne pense alors à rien pour permettre à mon instinct de prendre le dessus. Mais ici, c’est compliqué, parce qu’on entend le commentateur annoncer les résultats, ça augmente la pression.»

A l’arrivée, après son freinage, il a dirigé son regard vers le panneau d’affichage avant d’exploser de joie. «Je n’en croyais pas mes yeux. C’est assez fou, je ne sais pas trop quoi dire. J’étais à la limite de haut en bas et j’estime avoir eu un peu de chance.»

Après avoir repris quelque peu ses esprits, il a regardé sur la colline, en direction de son fan-club. Les poings levés et le sourire aux lèvres. «Mes émotions sont indescriptibles, je ne trouve pas les mots. Réaliser un tel résultat, ici en Suisse, devant ma famille et mes amis, c’est quelque chose de fou.»

La fête fut également belle pour Swiss-ski puisque pas moins de cinq skieurs rouges à croix blanche se sont classés dans le top 10 de la descente.

«Toutes les émotions se mélangent»

Après avoir rejoint son fan-club et célébré ce résultat, Alexis Monney n’était pas redescendu de son nuage. «Toutes les émotions se mélangent…»

Ce résultat lui rapporte 26 points mondiaux, amenant son total à 62 unités. Avec une 25e place au classement général de la descente, il peut espérer décrocher une place dans le cadre A pour la saison prochaine. Comme à son habitude,

Alexis Monney ne voit pas si loin. «Je préfère me concentrer sur ma progression et sur le plaisir ressenti durant les courses.» Une méthode fonctionnant à merveille cette saison. Le natif de Fruence tient le même discours lorsque l’on évoque une potentielle sélection aux Mondiaux de Méribel (6-19 février). «Je n’y pense pas. Tout simplement parce que d’autres remplissent déjà les critères. On verra où le chemin me mène.»

Cet exploit vient s’ajouter à un début de saison réussi pour le Châtelois, 5e du classement général U23. «Pour être franc, je ne pense jamais trop au résultat que je pourrais avoir. C’est juste incroyable d’arriver en bas et de voir que j’ai fini 10e.»

Direction Kitzbühel

Après un bref passage à la maison, Alexis Monney a embarqué lundi pour Kitzbühel où deux descentes l’attendent vendredi et samedi. L’an dernier, il avait accroché une porte à sa sortie de l’Hausbergkante. «Je souhaite faire mieux sur cette piste exigeante. Je serai peutêtre attendu, mais cela fait partie du métier.»

Le Châtelois ne voit pas les attentes placées en lui comme un handicap. «A moi de répondre en prenant du plaisir sur la piste avant de viser telle ou telle place.»
Maxime Schweizer, Wengen


«Alexis est reconnaissant de compter sur son fan-club»

A13 h 50, l’explosion de joie. Alexis Monney vient de franchir la ligne d’arrivée de sa première descente de Wengen à la 10e place. Le fan-club se laisse emporter par l’ivresse du bonheur. Les Châtelois agitent les drapeaux, se mettent debout sur les tables et se prennent dans les bras. Samedi passé, la bute située à gauche de l’aire d’arrivée du Lauberhorn était bruyante.

Le périple des Veveysans a commencé à 5 h sur le parking du Lussy. Deux cars attendent les 95 membres du fan-club d’Alexis Monney. La bonne humeur règne et chacun souhaite le meilleur au jeune skieur en espérant des conditions plus favorables que la veille durant le super-G.

Pendant le trajet, les discussions vont bon train. «Tous les coureurs descendront avec les mêmes conditions, c’est bon signe», s’exclame le président Pascal Genoud.

Tous savent qu’Alexis étrennera le dossard 37. «Un bon numéro, vous verrez», lâche un Châtelois dans le car. Visionnaire.

Une longue attente

Plus tard, les Veveysans grimpent dans le train pour Wengen. Dans la station, le groupe se sépare: certains optent pour la Tête de chien, d’autres s’empressent de boire le café et les derniers installent les drapeaux, les bâches et les oriflammes. L’attente est longue. Seules animations, la Patrouille suisse et l’interview d’Alain Berset qui a descendu la piste. Certains membres nous questionnent après avoir aperçu Alexis terminer la reconnaissance du tracé. «Il vous a dit quelque chose?» «Comment se sentait-il?» «Avait-il l’air bien?»

Les Veveysans espèrent un top 30. Mais personne n’ose alors parler d’un top 10. «Ce serait déjà super qu’il entre dans les points, nous savons qu’il va nous faire vibrer», prévoit Robin Chaperon, vice-président du fan-club.

«Du bruit jusqu’à Châtel»

On se chauffe la voix et on brandit les cloches pour les descendeurs suisses. Odermatt, Feuz, Hintermann, Roulin. «Quand ce sera le tour d’Alexis, on va nous entendre jusqu’à Châtel-St-Denis», rigole à demi-mot Pascal Genoud.

L’explosion de joie a lieu quelques minutes plus tard. Magnifique. Rapidement, les embrassades laissent place aux larmes de joie, preuves de la fierté ressentie par le kop veveysan. «Alexis représente parfaitement nos couleurs et nos valeurs. C’est un honneur de pouvoir être présent ici et de vivre cela.»

Environ une heure après son exploit, le héros du jour grimpe les marches qui le séparent de son fan-club, de ses amis, de sa famille. Il tombe dans les bras de ses parents, Louis et Isabelle. Cette étreinte, chargée en émotion, dure une vingtaine de secondes sous les acclamations de la foule. Puis le fan-club dans son entier se déplace sur les hauts de la bute pour la photo de groupe, les chants et les autographes. Porté en triomphe, Alexis Monney est ému. «Je suis tellement reconnaissant... Toutes ces personnes venues pour moi, c’est beaucoup d’émotions», glisse l’intéressé.

La fête sur le retour

Après quasiment une heure passée en compagnie de ses proches, le Veveysan de 23 ans repart vers le village. Son fan-club suit

le même chemin, à pied. Dans la station, certains profitent de l’ambiance pour célébrer l’exploit retentis

sant de leur protégé. Pendant le trajet du retour, l’ambiance est grandiose. Les plus jeunes réquisitionnent l’un des deux bus pour faire la fête. Dans l’autre véhicule, les parents ne sont pas en reste. Tous se donnent à cœur joie.

Et Isabelle Monney de résumer la journée en deux phrases: «Cette 10e place est une belle récompense, Alexis est heureux et nous sommes aux anges. Il s’estime chanceux de pouvoir représenter sa région et il est tellement reconnaissant de compter sur son fan-club.»

Les supporters se quittent au Lussy aux alentours de 20 h 30 avec des étoiles plein les yeux et des souvenirs gravés à tout jamais. MS


La légende Beat Feuz encense Alexis Monney

Depuis quelques semaines, les médias nationaux s’amusent à dénicher un successeur au détenteur de 4 globes de descente, Beat Feuz (photo). Alexis Monney a été désigné comme candidat crédible et légitime.

Le jeune Châtelois a d’ailleurs dû répondre à un journaliste qui lui a demandé si son exploit sonnait comme un passage de témoin. «Je m’attendais à cette question (rires). Je ne sais pas si c’est un signe, mais je suis tout d’abord heureux pour lui, il a réalisé une excellente performance. Il va nous manquer, même si on va tout faire pour que son départ se remarque le moins possible au niveau des résultats.»

Dans l’aire d’arrivée de sa dernière descente de Wengen, Beat Feuz, 5e samedi, a encensé le jeune Châtelois de 23 ans. «Je ne suis pas surpris par ses résultats, parce qu’Alexis est un grand talent. Je le vois à l’entraînement et, aujourd’hui (samedi), tout le monde a pu s’en apercevoir.»

«Alexis est prêt»

Selon le natif de Schangnau, la prise de risques constitue l’une des raisons qui font qu’Alexis Monney performe au plus haut niveau. «Cela signifie qu’il est prêt pour le circuit de la Coupe du monde. Pour gravir les échelons un par un, à l’avenir, il peut et doit viser régulièrement le top 30, puis le top 15.»

Et Beat Feuz de conclure: «Je suis persuadé qu’il va continuer à travailler et qu’il performera. Je lui souhaite plein succès pour sa carrière.» MS


Echos du bus

Sur le trajet du retour, la liesse générale a accouché d’anecdotes rigolotes. Florilège.

> On n’a pas fini dans les 13, pas dans les 12, pas dans les 11, mais dans le TOOOOOOOOOP TEN! (un cri entendu à de multiples reprises)

> Quelqu’un veut des chocolats? Louis, ton fils a fini 10e à Wengen et tu nous proposes sérieusement des chocolats? Tu me déçois, il faudra penser à revoir ta copie (rires)!

> Cette année, le concours scolaire sera légendaire. Nous allons assister à un duel de titans entre Jérôme (Allaman) et moi (Daniel Maillard). Le rendez-vous est pris pour le 5 mars à 13 h aux Paccots.

> En plus de l’exploit, on peut se réjouir parce qu’on compte 2500 points d’avance sur les Autrichiens. Et bim!

> Monsieur le syndic (Ducrot), veux-tu un biscuit? Loin de moi l’idée de te soudoyer, mais, si jamais, souviens-toi pour l’accord d’un télésiège pour le Ski-club ou pour des terrains synthétiques au Lussy. Cela comblerait mon ami Jean-François.

> Kilde, c’est quand même LE boss. En plus d’être monstrueux sur les pistes, il sort avec Mikaela Shiffrin, ce coquin. MS


Au cœur de l’exploit

Samedi passé, 95 membres du fan-club d’Alexis Monney étaient présents à Wengen pour assister à la magnifique performance de leur protégé sur la descente du Lauberhorn. Emotions et frissons garantis.

PHOTOS ANTOINE VULLIOUD

 

  • Durant près d’une heure, Alexis Monney a profité de célébrer sa 10e place avec les 95 membres de son fan-club présents sur la colline, située non loin de l’aire d’arrivée du Lauberhorn.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus