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Une obsession: rejouer avec l’AS Haute-Broye


FOOTBALL ORON-LA-VILLE

En septembre 2018, Sandy Parrone, attaquant de l’AS Haute-Broye, a été victime d’un grave accident de scooter.

Durant trois ans, le Vaudois, né en 1994, est passé par toutes les émotions durant sa rééducation.

Témoignage de son parcours et de son retour sur les terrains.

Le 28 septembre 2018, la vie de Sandy Parrone a basculé. Il est 19 h, un ami vient le chercher en scooter chez ses parents, à Chardonne. Ils prennent leur chemin habituel pour descendre à Vevey. Puis un bruit, un gros flash dans la tête du jeune homme alors âgé de 24 ans. Il est projeté 16 mètres plus bas. Conscient, il ne sent plus ses jambes. Stress, douleurs, panique.

Le scooter a heurté une bouche d’égout mal fermée à 45 km/h. La soirée entre amis s’est transformée en une nuit à l’hôpital de Montreux. Les médecins remettent en place la hanche de l’attaquant de l’AS Haute-Broye, mais le lendemain matin, l’histoire se complique.

«Je n’arrivais plus à bouger mes doigts de pied et c’est à ce moment-là que j’ai su que quelque chose n’allait pas», partage le jeune homme, né en 1994. Une poche de sang s’était formée dans sa jambe droite et a compressé le nerf sciatique. Cet écrasement ne permettait plus au nerf d’assurer ni la sensibilité d’une partie des membres inférieurs ni la mise en mouvement.

«Pourquoi moi?»

Transféré d’urgence au CHUV, à Lausanne, pour drainer cette poche de sang, Sandy Parrone peut à nouveau bouger sa jambe, mais pas son pied, qui reste tombant. «Ma première question a été de savoir si et quand je pourrais rejouer au foot… Pour moi, il était impensable que ce soit fini.»

D’autres questions se bousculent alors dans sa tête. «Je me demandais pourquoi moi, pourquoi maintenant?» Ce fan de David Beckham et de Manchester United trouvait injuste qu’on lui enlève le football, une partie de sa vie.

Malgré le soutien de sa famille, de ses proches, de son physiothérapeute et de son club, l ’AS Haute-Broye, Sandy Parrone a traversé des périodes difficiles. Le pire moment est intervenu lors d ’un examen, six mois après son accident. «Les médecins enfonçait une aiguille pour percevoir les influx nerveux lorsque j’envoyais l’ordre de bouger mon pied. Or, ce jour-là, l’appareil n’a détecté aucun grésillement, aucun bruit.»

Le jeune homme était alors inconsolable, il pensait que tout était fini. «Je n’arrivais plus à m’arrêter de pleurer, j’avais même annoncé à l’AS (Haute-Broye) que j’abandonnais le foot.» Puis quelque temps plus tard, tout a changé.

Son pied a bougé

Un jour de l’été 2019, Sandy Parrone est assis sur son canapé. A cette période, il pensait moins à son pied et reprenait une vie «plus ou moins normale». «D’un coup, j’ai senti que mon pied bougeait de quelques millimètres seulement. J’ai appelé mes parents pour être sûr que je ne rêvais pas. Depuis ce moment-là, j’ai repris du poil de la bête.»

Le Vaudois a ensuite pris conscience du chemin parcouru. «Au début, j’avais des douleurs indescriptibles et j’étais obligé de prendre des opiacés durant trois mois. J’ai marché avec deux cannes, puis une. Cela me faisait du bien d’avancer.» Il a commencé à voir la fin du marathon lancé en septembre 2018. «Je savais qu’il me restait des étapes, mais j’avais retrouvé de l’allant.» Il a aussi suivi un long processus de rééducation avec un physiothérapeute. «Il a toujours été positif et me disait que je retrouverai les terrains un jour. Il m’a aussi écouté et m’a été d’une grande aide.»

Au début de la saison 2019, Dany De Nardis, entraîneur de l ’AS Haute-Broye, propose à son joueur blessé de devenir son assistant. Une proposition que le jeune homme a tout de suite acceptée. «C’était incroyable de pouvoir revenir à Oron, dans ma seconde famille. J’avais peur de ne jamais les retrouver.»

Après deux saisons en tant qu’assistant, Sandy Parrone décide de reprendre le football en 4e ligue avec l’AS Haute-Broye l’automne passé. «Je savais que je n’étais pas à 100%, mais je me sentais prêt à reprendre le football.»

Premier match, 1058 jours après

Son premier match, le 21 août face à Donneloye II, soit 1058 jours après son accident, fut fort en émotions. «Je tremblais un peu au moment d’entrer en jeu, mais tout s’est bien passé. J’ai pu partager ce moment avec mes amis et ma famille.» Après un automne de reprise, il est petit à petit monté en puissance durant les matches amicaux cet hiver.

«J’ai même marqué mon premier but en match amical, avec la 4e ligue et aussi avec la 3e ligue. Aujourd’hui, je me sens confiant physiquement et je suis fier de mon parcours. J’avais rêvé de ces moments sur le terrain et j’ai eu la chance de pouvoir revivre cela.»

Raconter son histoire émeut Sandy Parrone. «C’est la première fois que je reviens en détail sur ce qu’il m’est arrivé», lâche-t-il. A l’entendre, même si son accident a bouleversé sa vie, il a réussi à tourner la page. En rentrant d’un match amical joué avec la une de l’AS Haute-Broye lors duquel il a marqué, il a eu le sentiment que la boucle était bouclée.

«J’ai atteint mon objectif de rejouer avec mes amis, avec mon club, avec mon équipe. Désormais, cette histoire est derrière moi et je peux regarder vers l’avenir.» Maxime Schweizer


«Nous sauver de la relégation et regarder vers le haut»

Dimanche, l’heure de la reprise sonne pour la seconde garniture de l’AS Haute-Broye. Pensionnaire de 4e ligue, l’équipe pointe actuellement au 8e rang avec 11 points. Le premier match l’oppose à Donneloye II, la lanterne rouge. «Nous n’avons pas d’autre choix que de l’emporter, exprime l’attaquant Sandy Parrone. Cela nous permettra de nous sauver de la relégation et de regarder vers le haut du classement.»

Durant ce deuxième tour, le Vaudois veut avant tout éviter les blessures et retrouver ses sensations avec le ballon, plus de trois ans après son accident de scooter. «J’ai aussi envie d’avoir un impact positif sur l’équipe, de faire des statistiques et de jouer tout un match.»

D’un point de vue collectif, Sandy Parrone est persuadé que la deux peut faire mieux qu’au premier tour. «Nous avons une excellente ambiance dans l’équipe. Cela nous servira dans les moments plus compliqués d’un match, j’en suis persuadé.» Premier élément de réponse dimanche, à Oron, à 14 h 30. MS

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