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Vingt ans de carrière pour celui qui ne voulait pas faire du hockey son métier

Une année après sa retraite de hockeyeur professionnel, Michael Ngoy, résident de Remaufens, retrace sa carrière. RÉGINE GAPANY

● Le hockeyeur Michael Ngoy a rangé ses patins en avril 2021, après vingt saisons au plus haut niveau suisse.

● Sous les couleurs de Fribourg-Gottéron notamment, il aura acquis une réputation de défenseur rugueux, battant et rapide.

● Retour sur une carrière dont la longévité impose le respect, avec le nouveau citoyen de Remaufens.

Lundi 5 avril 2021, ancienne patinoire de la Valascia. La saison régulière prend fin et, avec elle, une légende du hockey sur glace. Michael Ngoy tire sa révérence au terme de ce duel entre Fribourg-Gottéron et Ambri-Piotta, après vingt ans de carrière au plus haut niveau. Sur la glace, le Vaudois n’avait caché ni son émotion ni son sourire, à l’heure d’enchaîner les interviews, dans une patinoire anormalement silencieuse.

Vingt ans, 1038 matches de National League au compteur au sein de trois clubs, avec lesquels il n’a certes jamais été titré, mais pour lesquels il a «toujours mouillé le maillot»: Lausanne, Fribourg et Ambri-Piotta. Le Vaudois de 40 ans, aujourd ’ hui installé à Remaufens, a laissé une trace indélébile. Retraité depuis une année, l’ancien hockeyeur professionnel a pris le temps de revenir sur sa carrière.

Le luxe de choisir

«Tout le monde me demande à quel point le hockey me manque, commencet-il. Ma réponse? Pas du tout. Si tu continues à jouer à 38-39 ans, c’est pour l’amour du jeu et les émotions partagées avec le public. Tu n’as plus vraiment envie d’aligner les entraînements et les séances de force. Jouer devant des gradins vides a facilité mon choix.»

Puis de poursuivre: «Je suis très reconnaissant d ’avoir connu une telle carrière et surtout, d’avoir eu le luxe de choisir le moment de raccrocher.» Un choix qui n’a pas été dicté par une blessure ou une absence de contrat. «Mais par le sentiment que j’avais fait le tour de la question.»

Michael Ngoy l’a toujours dit et répété: faire du hockey sur glace son métier ne constituait ni un rêve ni un objectif. Il jouait «pour le plaisir et parce que la patinoire se situait à côté de chez moi, à Lausanne». En junior, le défenseur alors offensif enquille les buts et s’affirme comme l’un des meilleurs de sa génération.

Pourtant, il ne croit pas vraiment en ses chances de poursuivre avec l’équipe phare du LHC, après la montée du club en LNA. «J’avais une offre de Sierre, en ligue B. J’allais partir. Puis, Mike McParland, le nouvel entraîneur a été intronisé. Il m’a vu à torse nu et à 18 ans, j’avais déjà un corps très musclé. Sans même m’avoir vu sur la glace, il m’a fait confiance pour intégrer le contingent.»

Rentré à 5 h, jour de match

Rapidement, le Remaufensois dispute son premier match au plus haut niveau, cont re Davos, lors de l a sa i son 2001/2002. «J’étais censé me retrouver surnuméraire, alors j’avais fait la fête la veille. J’étais rentré à 5 h (rires).» Quand il est arrivé en retard à l’entraînement du matin, il a inventé une excuse invraisemblable avant qu’on lui annonce qu’il ’allait jouer le soir-même. «J’étais dans un état pas possible, devant 8500 spectateurs!», rigole-t-il.

Après une première saison pour prendre ses marques, Michael Ngoy explose, d’un point de vue personnel. «Je bénéficiais d’un temps de jeu important, en deuxième ligne défensive, au côté de Freddy Bobillier. Par contre, la gestion du club était catastrophique. La descente était inévitable.»

En 2005, après quelques saisons en mode «survie», le LHC tombe en ligue B et le Vaudois rejoint Fribourg-Gottéron. Il précise avoir signé son contrat en janvier, bien avant la relégation. «Les play-out du 2e tour se jouaient justement contre Fribourg et c’était une situation horrible, parce que le perdant tomberait d’une ligue. A chaque passe manquée, les supporters de Lausanne me reprochaient de favoriser mon futur club.»

Exploser avec Pelletier

Sur les bords de la Sarine, il retrouve Mike McParland et surtout, Serge Pelletier, lors de sa deuxième saison. «Pelletier prônait un jeu empreint de liberté, dans lequel je me suis pleinement exprimé offensivement. J’ai connu une saison fantastique qui m’a même ouvert les portes de l’équipe nationale, aux côtés des Goran Bezina, Mark Streit, Ivo Rüthemann et Martin Plüss. Je m’étais vraiment fait un nom dans la ligue et j’ai compris que je resterai un bon bout de temps à Saint-Léonard.»

A Fr ibourg, il connaît tout, ou presque. Il fait partie de la génération qui parviendra à éliminer le grand CP Berne en quart de finale des play-offs, en 2008, avant d’éliminer le monstre Zurich l’année d’après, dans des ambiances démentielles. Il était aussi présent durant les années dorées, où Gottéron est passé du statut d’outsider à celui de favori au titre, entre 2012 et 2014, sous la houlette de l’entraîneur Hans Kossmann et avec comme point d’orgue majeur la finale, perdue en 2013 face au CP Berne.

«Avec Kossmann, mon rôle avait évolué, j’étais devenu un défenseur défensif.» Avec la réputation de constituer un mur, impossible à franchir. «Le hockey a beaucoup évolué au fil des ans, en devenant toujours plus rapide. J’ai eu la chance d’avoir toujours pu compter sur ma vitesse pour me distinguer. Aujourd’hui, si tu es lent, tu ne peux pas même espérer jouer à ce niveau.»

Le nouveau défi

Puis viennent les années du «contrecoup». En 2016, il ressent l’envie et le besoin d ’un nouveau défi et signe à Ambri-Piotta. «Un petit club, à peine professionnel, avec des moyens et des conditions bien inférieurs à ce que je connaissais à Fribourg.» Il qualifie toutefois l’expérience humaine d’enrichissante.
La passion d’un public l’enchante, l’ambiance dans la mythique Valascia également. «A Fribourg, les chouchous des spectateurs sont les buteurs, comme Julien Sprunger. A Ambri, le public admire plus la mentalité de guerrier, les joueurs qui sont prêts à laisser leur cœur sur la glace, qui bloquent des shoots, qui jouent en infériorité numérique. J’étais de ceux-ci.»

Grâce à son temps de jeu important, Michael Ngoy est devenu l’un des chouchous des Léventins. «C’était très appréciable.» D’ailleurs, à chacun de ses retours en terres tessinoises, il reçoit encore une reconnaissance particulière. «Je suis par ailleurs davantage sollicité par les médias tessinois que romands. J’interviens régulièrement dans des émissions d’analyse, après les matches.»

Les play-offs, rarement atteints

Dans la vallée de la Léventine Michael Ngoy aura sué durant cinq années. «Je me voyais bien terminer ma carrière un peu plus tôt, mais finalement, après de bonnes saisons personnelles, je me sentais de poursuivre.» D’un point de vue collectif, Ambri-Piotta a connu une saison de rêve, en terminant 5e du classement en 2017/2018. Le reste s’est écrit loin des play-offs.

Désormais, Michael Ngoy apprécie sa vie de jeune retraité et de papa de quatre enfants. Il a trouvé tout ce qu’il cherchait à Remaufens et se montre désormais «curieux» de ce que la vie peut lui offrir pour le futur.
Jonas Ruffieux


«Un hockeyeur a toujours mal à quelque part»

Depuis la fin de sa carrière en avril 2021, Michael Ngoy apprécie particulièrement se réveiller sans douleur. «Quand tu es hockeyeur, tu as toujours mal à quelque part. Ce n’est pas forcément grave, mais il n’y a pas un jour sans que tu souffres à cause d’un hématome ou d’une contusion.»

Le résident de Remaufens avoue sans détour: «On joue constamment en étant blessé. Avec l’âge, on devient beaucoup moins tolérant à la douleur et c’est frustrant. Je n’en pouvais plus que les lendemains de match, je ne pouvais même pas jouer avec mes enfants parce je boitais ou que je ne pouvais ouvrir qu’un œil.»

Désormais, Michael Ngoy profite d’avoir un peu de temps pour se former. «J’aimerais bien entrer dans le monde du management d’un club de sport. L’aspect administratif m’intéresse.» L’ancien défenseur travaille également au développement de projets, depuis chez lui, à Remaufens, là où il est arrivé «par hasard». «L’emplacement est parfait, à mi-chemin entre Lausanne et Fribourg. Nous sommes tombés sous le charme de la région.» JR

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