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Syndrome: Fevi-blues


Je vais commencer par vous raconter le dernier jour de la Fête des vignerons*. Il commence d’abord par une petite course dans les coulisses, cinq minutes avant d’entrer sur scène: direction l’atelier de couture sous l’arène. Le 18 juillet, j’avais déjà dû m’y rendre, car l’ourlet de mon pantalon s’était décousu au milieu du premier cortège. Dimanche, c’était pour récupérer, au vol, une nouvelle casquette… violette. La mienne, orange, s’est envolée la veille dans le vestiaire.
Après ce petit contretemps, je rejoins mes «FeVi copains» pour regarder dans le jardin du Rivage le spectacle diffusé en direct sur un écran géant. Impossible de retenir les larmes quand la petite Julie demande au Châtelois Raoul Colliard pourquoi il pleure quand il chante et qu’il lui répond: «Peutêtre parce que je sais que la vie va trop vite.»

Nous rejoignons ensuite notre entrée. Je lance le dernier cri de guerre (Saint, Saint, Saint-Martin!), qui est devenu un rituel depuis le 19 juillet avec les autres acteurs-figurants de notre escalier. Dans notre oreillette, nous entendons la voix de Martin Matthias Ysebaert, l’un des chorégraphes associés. Lors d’une des représentations, il a déclaré: «Valentin, plus haut les bras!» Même après des mois de répétitions, la danse n’est toujours pas mon fort.

Il nous encourage comme vendredi soir. Sous une pluie battante, nous sommes restés stoïques. Le spectacle sera finalement annulé quelques minutes plus tard, rappelant que la Fête des vignerons célèbre le travail des vignerons-tâcherons, qui tous les jours, composent avec les caprices de la nature, qui risquent de s’accentuer avec le temps.

Nous ne pouvons nous résoudre à quitter l’arène: théâtre pendant un mois de notre joie, de nos frustrations (lors des quatre représentations reportées ou interrompues), de notre euphorie, de notre fatigue et désormais de nos larmes. Vu de l’extérieur, ce flot d’émotions, qui nous a submergés, semble incompréhensible. C’est normal. Car au final, nous avons eu la chance de vivre des moments magiques qui n’appartiennent qu’aux 5500 acteurs-figurants.

En sortant de l’arène, j’en profite pour prendre quelques feuilles de l’Almanach, qui s’envolaient autour de la Messagère Sofia Gonzalez lors de notre tableau. Je les mettrai dans ma boîte à souvenirs. Tandis que je garderai en mémoire, les sourires et les regards échangés avec quelques-uns des 365000 spectateurs.

Je dédie cette dernière chronique à celles et ceux qui m’ont accompagné depuis le 10 mars: Benoît, Estel, Sandrine, Margrit, Anne, Emmanuelle, Didier, Véronique, Benoît, Nathan, Anne, Maya, Florence et Jean-Luc. Pour citer Patrick Bruel en l’altérant, je compte bien chanter avec vous en 2039: «On s’était dit rendez-vous dans vingt ans.» MERCI! VALENTIN JORDIL

*Toutes les chroniques sur les coulisses de la Fête des vignerons 2019 sont disponibles en libre accès sur www.lemessager.ch

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