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Une part d’ombre en couleur


Le château d’Oron a verni son exposition temporaire samedi dernier. Daniel Galasso libère sa technique graphique et offre aux visiteurs une lecture décalée du lieu. Il invite le spectateur à se plonger dans des détails qui deviennent parfois inquiétants, mais toujours grandioses.

Château-libre! Comme une évidence, Daniel Galasso a trouvé le titre de son exposition qui se tient depuis samedi dernier et jusqu’à la fin septembre dans les méandres du château d’Oron. Chaque année, l’association pour la conservation du château propose à un artiste de s’emparer du lieu et de le faire résonner à travers ses œuvres. Le graphiste a enseigné durant onze ans à Genève et vient justement de quitter la plupart de ses obligations professionnelles pour se consacrer à sa création. Avec son bagage technique mais sans contraintes, il s’est penché sur la demeure mythique de sa commune d’adoption. Le Genevois habite en effet depuis peu à Oron avec son épouse originaire de la région.

La liberté d’essayer

Daniel Galasso, dessinateur de geste comme il se définit lui-même, présente trois pôles de sa pratique au château d’Oron. Au départ et dans un des donjons, des formats carrés au pastel gras redonnent vie au lieu. Les lampes à huile et les bougies s’allument et les statues deviennent des anges. Le geste du peintre se fait ici spontané. Un détail de la robe du fantôme de la Dame verte, dernier tableau de cette série, guide vers le chemin de ronde pour la partie la plus impressionnante de l’exposition.

Six toiles acryliques de 1,5 mètre chacune, suspendues au plafond, y racontent une histoire imaginaire. Dans le sens de la marche, soit ici de droite à gauche, le spectateur découvre le château convoité, la bataille à son pied, et la mort, inspirée par la carte du tarot du même nom. Entourée des drapeaux des 52 pays en guerre actuellement dans le monde.

Daniel Galasso n’a pas peur des grands formats. Plus jeune, il lui est arrivé de peindre des fresques. Egalement familier de la narration en case, il sortira cet automne une bande dessinée aux éditions Hélice Hélas de Vevey, Sentinelles. Le climax dépassé, les trois dernières toiles donnent espoir et illustrent le retour de la vie après le désastre. Un scarabée vert métallisé sur un rhododendron clôt la comptine.

Des dessins devenus peintures

Féru de science-fiction, Daniel Galasso s’intéresse de près aux insectes, «parce qu’ils sont à la fois attirants et dérangeants». Les gravures de botanique font aussi partie de son répertoire.

L’Oronais s’en inspire d’ailleurs pour les dessins de la partie la plus intime de l’exposition. «Je retire des détails de ces fleurs et en fait une autre lecture par la mise en couleur». Le fragment d’une graine sur un fond violet devient par exemple une tour biscornue issue d’une architecture fantasmée.

«J’aime aller vers l’inconnu et titiller, explique le peintre. Il faut que le spectateur s’approche de ces petites toiles et se fasse avaler par le monde qui s’y trouve.» Pour ce faire, Daniel Galasso effectue un travail de bénédictin au crayon de couleurs et au crayon gris. Une cinquantaine d’heures à apposer une multitude de couches sur ces petits formats de 13 x 13 centimètres. Ces ouvrages méditatifs se nourrissent de ses états d’âme au moment de leur confection. A ce jour, l’artiste en a fait près d’une centaine et en présente seize à Oron.

«Je voulais que mes dessins deviennent peintures, j’ai voulu encore une fois décaler la lecture», résume le dessinateur. On ne peut s’empêcher de penser aux blasons héraldiques des anciennes familles qui trônent au mur à l’entrée du château en se penchant sur cette dernière série de Daniel Galasso.

Cependant, les œuvres sensibles qui forment l’exposition sont le plus souvent dépourvues d’êtres humains. «Je suis pour le vivant, mais pas forcément l’humain», confie l’artiste de 56 ans.
Régine Gapany

Château d’Oron, jusqu’au 25 sept 2022, sa de 14 h à 17 h, di de 14 h à 18 h

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