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Veveyse

Balles colorées en campagne... de prévention

Devant les balles de fourrage colorées, c’est un trio d’agriculteurs Michaël, Bryan et Jean-Pierre Philipona (de g. à dr.), très motivés, qui portent haut les couleurs de la prévention contre le cancer. MMS

SANTÉ GRANGES (VEVEYSE)

Qui ne s’est pas interrogé en apercevant dans les prés et aux abords des fermes des balles rondes d’ensilage étrangement colorées? En se procurant ces plastiques multicolores – désignant certains cancers – les agriculteurs comme Jean-Pierre Philipona et ses fils, de Granges (Veveyse), se mobilisent pour la prévention.

Sur les hauteurs de Granges (Veveyse), en montant en direction du Mont-Pèlerin, les balles rondes d’herbe, en contrebas de la ferme de Jean- Pierre Philipona, ne peuvent échapper au regard des promeneurs et des automobilistes. Ces masses rondes alignées étalaient, par le passé, leur blancheur.

Dorénavant, elles sont roses, jaunes ou bleues, chaque couleur étant dédiée à la prévention d’un type de cancer. Toutes attirent l’œil. «Nous sommes parmi les premiers, en Veveyse, à nous engager pour la prévention de cette maladie. Nous versons un franc supplémentaire par balle de couleur achetée», déclare l’agriculteur.

De l’épreuve à un élan solidaire

La famille de Jean-Pierre Philipona a été directement touchée par la maladie. «J’ai un frère qui est décédé, il y a deux ans, d’une atteinte du pancréas», confie-t-il. Son fils aîné de 31 ans, Michaël, agriculteur au domaine, a dû être soigné, pour un autre cancer. Il est aujourd’hui remis. Alors, lorsque ce dernier découvre sur un réseau social, l’existence de campagnes de prévention initiées par Pink ribbon – ciblant de manière colorée ces pathologies – s’y impliquer s’impose comme une évidence. Son père et son jeune frère, Bryan, 24 ans, en formation d’agrotechnicien, sont également convaincus, avec le soutien de la famille.

Des couleurs pour de bonnes causes

«Personne n’est venu vers nous, mais, pour nous, il fallait le faire», précise Michaël Philipona. Lors des commandes des habituels rouleaux de plastique auprès de Landi Fenaco, le choix des couleurs, blanches, noires, vertes se faisaient, jusqu’alors selon des critères de fermentation de l’herbe. Les nouvelles couleurs remplissent désormais une fonction complémentaire et donc à visée préventive. Lukas Aebi, chef de vente à la coopérative, précise à son tour: «Le fabricant verse aussi un franc, par rouleau de plastique, lequel permet la confection de dix-huit balles d’ensilage. L’initiative a démarré, il y a quelques années, en Australie». La lutte contre le cancer des enfants est symbolisée par les balles de couleur jaune.

Les roses, à l’origine plus répandues, entendent cibler le combat contre le cancer du sein. Quant aux bleues, elles sont dédiées à la bataille contre le cancer du pancréas. Cette sensibilisation inattendue au cœur de la campagne invite la population au dépistage et au soutien des ligues de lutte contre ces cancers.

Campagne de prévention à la campagne

Depuis 2016, pas moins de mille balles rondes, environ, sont produites annuellement sur l’exploitation de la famille Philipona. Parées de ces habillages multicolores, le contraste avec leur pâleur d’origine est saisissant. Et attise la curiosité.

«Des promeneurs, récemment plus nombreux en raison de la période du coronavirus, nous ont questionnés» confirme Jean-Pierre Philipona. Nous prenons le temps d’expliquer notre démarche.» D’un enjeu sanitaire à l’autre, cet intérêt confirme la nécessité de la prévention. «Nous sommes en train d’investir pour implanter deux bâches explicatives, explique Bryan Philipona. Nous placerons la première à côté des balles et une autre sera fixée au char qui les transporte à la ferme». Son frère complète l’idée: «Les voitures qui suivent le convoi agricole auront le temps de lire le message (sourire)

L’appui des agriculteurs s’avère aussi moral. «Des malades atteints par le cancer, bien informés, apprécient ce soutien visuel» souligne Michaël Philipona. Mais après la distribution du fourrage au bétail, que deviennent tous ces emballages qui, bien que colorés, n’en sont pas moins des déchets en plastique? «Nous voulons être écoresponsable, rassure l’agriculteur. Tout part à la chaufferie de la Satom à Monthey pour être incinéré et produire de l’énergie». Jean-Pierre Philipona ajoute: «L’image des agriculteurs s’en ressentira peut-être, avec le temps».
Michel Machicoane Stocker

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