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Des démarcations naturelles bien plus utiles qu'elles n'y paraissent

Les haies du vallon de la Mionna, aux alentours de Progens, forment des réseaux écologiques très importants pour le biotope local. CHRISTINE SCHWEIZER SIMAC

SÉRIE D’ÉTÉ PROGENS

Durant tout l’été, Le Messager vous emmène à la découverte du patrimoine paysager de la région, entre histoire et nature. Sixième et dernier épisode avec les haies du vallon de la Mionna, aux alentours de Progens.

Le 13 septembre prochain, elles seront à nouveau à l’honneur, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Elles, ce sont les haies du vallon de la Mionna. Longeant ce cours d’eau, dès La Verrerie, elles façonnent le paysage, jusqu’à Ecoteaux, depuis bien des générations. Cependant, ce n’est pas une promenade laborieuse qui est proposée par Pro Natura Fribourg, en collaboration avec Natura Consultus. L’excursion, encadrée par la botaniste Christine Schweizer Simac, de l’association du Sentier des arbres, consiste en une petite boucle au départ de Progens.

«Ce n’est vraiment pas long, indiquet-elle. Si nous prévoyons deux heures et demie environ, c’est parce qu’à tout moment, je partagerai mes connaissances avec les participants. Ils pourront découvrir plein de choses, ce qui aura un impact sur notre rythme de croisière. Nous descendrons du parking au centre du village jusqu’à la Mionna, nous irons à la rencontre des haies, puis nous remonterons, voilà tout.» Bien qu’il soit court, le parcours s’éloignera, par endroits, des sentiers battus. De bonnes chaussures de marche sont donc fortement recommandées, afin de suivre la guide au gré de ses explications.

Ressources immuables

Les haies, elles, ne bougeront pas. Comme à leur habitude, elles seront là pour accueillir tous ceux qui les approcheront. Parce qu’effectivement, si leur rôle de démarcations naturelles peut sembler évident, une autre de leurs fonctions, à l’importance grandissante avec les années, est quant à elle méconnue. «Les haies sont devenues de véritables refuges pour la faune et la flore, déclare Christine Schweizer Simac. Les espèces menacées par l’exploitation agricole s’y abritent. C’est donc PATR en partie grâce aux haies qu’elles survivent.» Des éléments qui comportent ainsi une fonction écologique de premier plan, favorisant la biodiversité locale.

Des cachettes, des havres de paix, des zones où les rongeurs peuvent se reposer quelques instants, moins en proie à la vue implacable d’un rapace, voilà l’un des rôles prépondérants de ces haies. Mais il n’est pas le seul. Ces séparations naturelles, faites de plantes en tout genre, représentent également un terreau propice à plusieurs espèces végétales. «Jusque dans les années 1970, par exemple, il était possible de trouver énormément de narcisses dans les champs de la région. Aujourd’hui, ces fleurs poussent surtout près des haies.» Comme le rappelle la collaboratrice scientifique de l’association du Sentier des arbres, les haies sont des «témoins de l’activité humaine». Sans son action, elles n’apparaîtraient pas. Utilisées pour délimiter les différentes parcelles de terrain, elles sont décrites par Christine Schweizer Simac comme des «structures verticales du paysage rural». Celles du vallon de la Mionna comportent plusieurs types de végétation, indique la botaniste: grands arbres, tels que des frênes ou des chênes; moyens arbres, à l’instar des noisetiers ou des églantiers; petits buissons, comprenant par exemple des prunelles; enfin plantes basses, telles que des fraisiers.

«Clôtures boisées»

Mais les haies ont encore d’autres atouts: elles représentent une réserve de bois. Que ce soit pour se chauffer ou pour d’autres utilisations, disposer de quelques arbres en bordure de son terrain peut vite s’avérer très pratique. «De plus, elles marquent souvent les fortes différences de terrain, ajoute la guide. S’il y a un dé- 6/6 A GER crochement abrupt ou un ruisseau en contrebas, il n’est pas rare d’y trouver une haie. C’est un rôle de protection, pour les troupeaux notamment.»
D’après Christine Schweizer Simac, les haies, en règle générale, ont plutôt tendance à disparaître. Elle affirme que ce phénomène est, heureusement, moins important chez nous, mais que l’environnement rural a tendance «à se banaliser». Raison pour laquelle elle juge primordial de les préserver. «Entre La Verrerie et Ecoteaux, le paysage rural, comprenant ces haies, a été extrêmement bien conservé. Je suis tombée sur des photographies prises dans les années 1920, et c’est très ressemblant! Il faut aussi se rendre compte que le paysage, c’est aussi du patrimoine. C’est ce que je tente de faire: sensibiliser la population à cette richesse fabuleuse qui l’environne.»
La botaniste rappelle encore une autre fonction des haies, non négligeable: elles servent de voies de passage pour les animaux. Mises ensembles, elles forment des réseaux écologiques qui permettent à la faune de passer d’un endroit à l’autre. «Pour la survie et le développement de plusieurs espèces, c’est essentiel, déclare Christine Schweizer Simac. On peut citer notamment l’hermine, le renard ou encore le chevreuil comme tant d’animaux qui suivent ces éléments naturels dans leurs déplacements.» Christian Marmy

Journées européennes du patrimoine, les 12 et 13 septembre prochain. Excursion à la découverte des haies de Progens le 13 septembre. Plus d’infos et inscriptions, obligatoires, au 026 422 22 06 ou à pronatura-fr@pronatura.ch

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