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Veveyse

Des fresques géantes imaginées depuis la Veveyse

Grâce à ses peintures visibles du ciel, l’artiste Saype tente de partager un message d’ouverture et d’empathie entre les hommes. PHOTOS SAYPE PRESSE

LAND ART GRANGES (VEVEYSE)

L ’artiste de land art Saype a créé fin avril une fresque géante sur herbe à Leysin, en lien avec la crise du coronavirus. Si ses peintures colossales fleurissent depuis plusieurs années un peu partout dans le monde, c’est à Granges (Veveyse) qu’il a installé son atelier depuis quelques mois.

Rencontre. Une petite fille, sa trousse, ses crayons et une farandole de petits bonhommes main dans la main: dans les hauts de Leysin où elle trône depuis quelques semaines, cette peinture géante a déjà fait le tour du monde. Un signe d’espoir dans le contexte de la crise actuelle.

Cette immense fresque, invisible dès lors que l’on a les pieds sur terre, est l’œuvre de l’artiste français Guillaume Legros, mieux connu sous le pseudonyme de Saype. Si ses œuvres émergent depuis quelques années un peu partout dans le monde – Paris, Genève, Berlin, ou encore Ouagadougou – c’est à Granges (Veveyse) qu’il a posé les valises de son atelier depuis la fin de l’année dernière.

Un choix plutôt «intimiste», pour un artiste faisant partie des trente personnalités du monde de moins de 30 ans les plus influentes dans le domaine de l’art et la culture, selon le magazine Forbes en 2019. «J’avais avant un atelier à la Maison des artistes à Fribourg, mais j’ai dû partir en raison de sa rénovation complète. Comme j’habite à Bulle, les Streetbox de Granges (Veveyse) n’étaient pas très loin. Il y a aussi un côté assez central, on est très vite à Lausanne ou à Genève depuis là.»

Réflexion importante

S’il ne reste que la moitié de l’année dans son atelier, c’est bien la réflexion sur ses œuvres qui demande le plus de travail à Saype. «Je passe beaucoup de temps à me demander ce que je vais exprimer et comment je vais le faire. A l’inverse d’un travail en atelier, le land art demande de trouver un dialogue entre le lieu où l’on peint et la peinture elle-même». Pour sa dernière fresque en date à Leysin, Saype a donc repéré le lieu selon des idées bien précises.

«Je voulais un endroit dégagé, avec vue sur le lac. Je savais tout ça avant même de faire le croquis». Après une séance de photos qui détermine le sujet de la fresque, Saype travaille ensuite sur des ébauches en atelier, avant de finalement les reproduire à plus grande échelle, sur l’herbe.

Drones et écologie

Son aventure picturale démarre dès l’adolescence. «Je dis souvent que j’ai commencé par le graffiti, vers l’âge de 14 ans, mais en fait c’était plutôt une sorte de tremplin à ma passion pour la peinture». Dans un milieu familial pourtant éloigné du monde artistique, Saype expose ses premières œuvres dès ses 16 ans. Le land art, lui, n’intervient que quelques années plus tard. «Je me suis toujours posé la question de la signification du graffiti. Je me suis dit que nous étions déjà surexposés à la pollution visuelle dans les villes, et qu’il fallait capter l’attention des gens autrement.»

Avec la démocratisation des drones en Europe, la route vers les fresques géantes se dessine peu à peu. «J’ai toujours eu un lien étroit avec la nature, étant donné que mes parents vivaient dans une grande maison, à la campagne, en France, d’où je suis originaire.» La lecture d’écrits portant sur le bouddhisme, l’écologie et le manque d’utilisation de l’extérieur dans le monde de l’art, un «terrain de jeu inexploité», ont définitivement poussé Saype vers la voie du gigantisme.

Phénomène mondial

Première étape: la création d’une peinture écoresponsable. «J’ai passé environ une année à la mettre au point», confie-til. Après une période de recherche et de tests, il réalise sa première fresque géante médiatisée, au col des Aravis, en Haute-Savoie. La machine est engagée. En 2016, l’artiste crée la plus grande œuvre biodégradable sur herbe au monde, à Leysin, qui s’étend sur une surface de 10 000 m2. L’œuvre fait le tour du monde. En 2018, il soutient SOS Méditerranée grâce à une peinture géante à Genève: la Confédération réagit et demande un pavillon suisse sur le bateau venant en aide aux migrants. «C’est assez dingue de se dire qu’une œuvre puisse avoir des répercussions jusque dans le monde politique. En tant qu’artiste, on a un vrai pouvoir d’engouement et de cohésion».

Dans cette optique, il lance en 2019 le projet Beyond Walls (Au-delà des murs), qui doit l’emmener pendant cinq ans dans trente villes autour du globe pour y peindre des fresques. «Ça part d’une envie de partager un message d’ouverture et d’optimisme. Lorsqu’on parle de mondialisation, on a peur de la dilution, ce qui pour moi est faux. On le voit avec la crise actuelle, faire l’autruche et se replier sur soi ne sert à rien. Il faut tous travailler ensemble.»
Isaac Genoud

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