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Veveyse

Face aux finances, la Maison pour tous n'a pas fait le poids

Guillaume Savoy: «Je suis très déçu de voir un projet qui n’a pas été fait dans la précipitation balayé comme ça.» Ici, lors du premier atelier participatif pour la Maison pour tous. VJ/ARCH. MESS

CONSEIL GÉNÉRAL ATTALENS

A Attalens, le projet de Maison pour tous est stoppé net dans son élan. Le Conseil général a refusé l’enveloppe de 640 000 francs pour le concours d’architecture.

La Maison pour tous à Attalens s’est encoublée sur la première marche de l’escalier vers sa réalisation, lundi soir. Espace intergénérationnel, regroupant l’accueil extrascolaire et plusieurs salles à disposition des sociétés locales – le projet est prévu en lieu et place de l’ancien atelier de couture, acheté plus d’un million de francs par la commune en février 2016. Dix mois plus tard, c’était à l’unanimité que le législatif approuvait une enveloppe de 52 000 francs pour une étude de faisabilité, qui lui a été présentée en septembre 2018. Pourtant, un peu plus d’un an plus tard, le Conseil général a donné un coup d’arrêt au projet en refusant par 16 non, 9 oui et une abstention un crédit de 640 000 francs en vue d’organiser un concours sur invitation de cinq architectes et un appel d’offres d’entreprises totales.

Eliot Savoy, au nom de l’Entente communale de droite (ECD), a porté le premier coup: «Le temps pour de tels projets ne presse pas. Il s’agit de réfléchir correctement afin d’utiliser les deniers publics et les terrains communaux de la meilleure façon possible. Le groupe ECD dé- plore une certaine mise sous pression du Conseil communal, qui essaie de faire passer son projet d’ici la fin de la législature et qui a pour mot clé le “mieux vivre ensemble”.»

Dans ce sens, l’élu a estimé que la commune d’Attalens avait fait «de grandes avancées dans ce domaine», citant la nouvelle place du village: «Il nous est demandé de statuer sur un crédit de 640 000 francs, quasiment le prix d’une villa, seulement pour du papier. Certes, obligatoire, mais cela reste du papier.»

La perspective financière inquiète

La peur d’une augmentation du taux d’imposition et les coûts du projet semblent avoir fait pencher la balance: 5,9 millions de francs (+/-20%) pour la construction et environ 445 000 francs annuels pour les frais d’exploitation, comportant un EPT pour la coordination et un 0,8 EPT pour la conciergerie. «La planification financière 2021-2025 met en évidence des excédents de charges supérieurs à 5% à partir de 2020 (lire encadré). Le budget 2020 est déjà déficitaire, a poursuivi Eliot Savoy. Nous sommes donc à un moment charnière pour l’avenir financier de la commune.»

Le groupe ECD a regretté qu’aucune solution permettant «d’éponger totalement ou partiellement les coûts de fonctionnement du bâtiment» comme l’intégration au projet d’appartements protégés, ait été présentée. Seule le groupe OSE (Ouverture, social et écologie), par la voix de Vincent Grognuz, a défendu le crédit: «Relevons le défi d’aller à contre-courant et de se lancer dans ce projet qui renforcera les liens entre les générations. Certes la Maison pour tous a un prix, mais nous pouvons nous le permettre. Osons regarder plus loin que la situation financière actuelle. Le risque est calculé. Evitons d’avoir à regretter ce projet plus tard.»

La commission financière a donné la seconde salve avec un préavis défavorable. Son président Didier Sauteur (PDC) a déclaré: «Nous considérons que l’acceptation de ces 640 000 fr. est une forme d’approbation du projet global. Le Conseil communal n’a pas précisé comment le déficit structurel existant et ces dépenses supplémentaires pourront être couverts dans les budgets futurs.»

Déception pour les conseillers

Interrogé à l’issue des débats, le conseiller communal qui a chapeauté le projet depuis trois ans, Guillaume Savoy, déclare «accepter la décision», mais ne cache pas sa déception: «Je suis très déçu de voir un projet qui n’a pas été fait dans la précipitation balayé comme ça.» Son collègue Laurent Menoud regrette que les «idées esquissées ce soir (lundi soir, n.d.l.r.) n’ont pas été proposées, avant, dans les réunions préalables».

Il rappelle également que la commission des bâtiments et infrastructures, dans laquelle toutes les forces politiques sont représentées, a soutenu le projet. Sur le papier, Attalens semble avoir fait tout juste dans ce dossier: ateliers participatifs (plus de 600 heures effectuées avec la population), nombreuses présentations à la presse et au législatif. Alors qu’est-ce qui n’a pas fonctionné? «Nous n’avons pas assez impliqué le Conseil général comme étant un membre de la population», analyse Laurent Menoud. Le Conseil communal va donc devoir remettre l’ouvrage sur le métier: déjà, lundi soir, lors de sa séance hebdomadaire.
Valentin Jordil


Attalens devra réduire la voilure

Le budget de fonctionnement 2020 de la commune d’Attalens affiche un déficit de 242 250 francs pour 21,4 millions de francs de charges (lire Le Messager de vendredi dernier). La reforme fiscale des entreprises (environ -200 000 fr.) ou encore l’augmentation des charges de district (+20% pour le Cycle d’orientation de la Veveyse et +225% pour les EMS entre 2018 et 2020) expliquent ce résultat. Le «plus important déficit au budget de ces dix dernières années», selon le syndic Michel Savoy. Mardi soir, le Conseil général a validé à l’unanimité ce budget. Il a également approuvé le budget d’investissements 2020, composé de dix-huit crédits et s’élevant à 2,39 millions de francs, dont 2 260 000 fr. pour des routes et 65 500 fr. pour la réhabilitation de l’ancien abribus à Tatroz. Seule l’enveloppe de 640 000 fr. concernant la Maison pour tous a été refusée (lire ci-contre). La planification financière 2021-2025 entrevoit des déficits pour les prochaines années. Dès 2022, les charges dépasseront la limite légale de 5% du budget. Si ce cas devait se produire, la commune devra obligatoirement augmenter son taux d’imposition. «D’ici là, nous aurons une vision plus claire sur notre Plan d’aménagement local (en cours d’approbation et qui pourrait être stoppé par le récent arrêt du Tribunal cantonal, n.d.l.r.), a analysé le syndic. Nous verrons si nous pourrons budgétiser des revenus supplémentaires et si nous avons envie de faire tous les investissements prévus ou s’il faut envisager des économies.» A noter qu’après plus de treize ans au sein du législatif, Dominique Beaud (OSE) démissionne pour «laisser ma place à de nouvelles forces». Sébastien Beaud (ECD) passe aussi la main après neuf ans, en raison de son déménagement. Ils sont remplacés par Nathalie Vernez et Giuseppe Vitelli. Directeur de l’EMS Le Châtelet, Renaud Gauderon (PDC) a été élu à la présidence du Conseil général, dont il mènera les débats dès le printemps. Il sera secondé par Sophie Deillon (OSE). VJ

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