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Veveyse

Fruits et légumes en libre-service depuis vingt-cinq ans

Daniel et Agnès Perroud cultivent une grande variété de fruits et de légumes en libre-service depuis vingt-cinqu ans. CM

CONSOMMATION ATTALENS

Daniel Perroud, sa femme Agnès Perroud et son frère Jean-Bernard Perroud cultivent une multitude de fruits et de légumes dans leur exploitation à Attalens. Des produits qui, depuis vingt-cinq ans, sont proposés en self-service à la population. Un système entièrement basé sur la confiance.

Il y a à peine deux semaines, les gérants de Self-fruits Perroud, à Attalens, ont mis en terre 25 000 plants de fraises. Celles-ci ne sont pas destinées à la grande distribution, ni aux magasins ni aux épiceries. Elles sont produites pour être consommées par la population environnante qui, depuis vingt-cinq ans, est appelée à aller les cueillir elle-même. Un système original qu’ont mis en place trois agriculteurs atypiques.

Ceux-ci sont Daniel et Agnès Perroud, qui se chargent de la zone de fruits et légumes en libre-service, ainsi que Jean-Bernard Perroud, le frère de Daniel, qui s’occupe davantage du bétail et des cultures fourragères.

Passion des petits fruits...

Tout a démarré lorsque Daniel Perroud a décidé de réaliser un de ses rêves: cultiver des petits fruits. «J’ai toujours ressenti cette passion, cette envie, déclaret-il. J’avais envie d’essayer, alors avec ma femme nous sommes allés visiter un producteur de fraises français, qui nous a initiés.» A son retour, le couple commence modestement par un petit carré de fraises. «Nous les livrions aux commerçants des environs, raconte Agnès Perroud. Une fois, j’en avais dans mon coffre et une connaissance, les ayant vues, m’a demandé si c’était possible de venir les cueillir elle-même.»

C’était en 1995. L’idée les a rapidement séduits et, durant trois ou quatre ans, ils ont cultivé des fraises, que les habitants du coin venaient chercher eux-mêmes, faisant leurs emplettes et laissant le montant correspondant dans la caisse prévue à cet effet. «C’était incroyable, déclarent les Perroud. Il y avait tellement de gens. C’était la foule, nous étions complètement débordés.» Les producteurs ont donc tenté d’adapter leur offre à la demande, en augmentant le nombre de fraisiers, mais également en cultivant des mûres, des raisinets et des cassis. «Nous sommes rapidement passés aux légumes. Les gens nous demandaient: “Pourquoi vous ne faites pas ci, ou ça?” Alors nous l’avons fait (sourire).», relate Daniel Perroud. La liste actuelle est impressionnante: carottes, haricots, poireaux, courgettes, oignons, fenouils, tomates, concombres, poivrons ou encore côtes de bette, auxquels il faut ajouter cinq ou six sortes de salades, plantées toutes les deux semaines (liste loin d’être exhaustive).

...et des gros potirons

Entre-deux, précise le couple, il y a eu une étape: celle des courges. «En 1998, nous avons voyagé en Californie. C’était la période d’Halloween, avec tout ce que cela comprend de folie américaine, pour cette fête et pour les courges», se souvient Daniel Perroud. A leur retour, ils décident, eux aussi, de proposer les fameuses cucurbitacées colorées. «L’année suivante, nous avions plusieurs variétés prêtes pour Halloween.» Depuis, ils ont toujours cherché à étoffer leur offre et à répondre au mieux aux attentes de leur clientèle.

Respect nécessaire

Aujourd’hui, leurs plantations en libreservice représentent, pour les légumes, environ 14 000 m2 de surface cultivable et, pour les petits fruits, 23 000 m2. «Ça marche bien, se réjouissent-ils, même si nous avons parfois de mauvaises surprises dues à la météo.» Ce système, entièrement basé sur la confiance, a pris une ampleur telle que, désormais, il y a toujours deux ou trois personnes sur le site, afin d’accompagner et d’aider le cueilleur, veiller à ce qu’il n’abîme pas les plantes, mais également afin d’assurer une surveillance.

«Nous avons eu des mauvaises expériences, il y a trois ou quatre ans, lorsque nous avons observé une série de vols. A tel point que nous avions envisagé de tout arrêter. Nous avons finalement décidé de continuer, mais depuis nous avons pris des mesures», déclare Daniel Perroud.

Techniques et mentalités changeantes

Depuis maintenant un quart de siècle, le couple a remarqué deux changements importants concernant son système de libre-service: d’une part, l’essor d’internet a changé sa façon d’informer la population. «Au début, je n’utilisais que le téléphone portable, explique Agnès Perroud. Aujourd’hui, je m’en sers toujours, mais le principal se fait sur notre site web, que je mets régulièrement à jour. J’y mets ce qu’il y a à disposition, ce qui est prêt ou ce qui est en rupture de stock.» Et son mari d’abonder: «Le site est très suivi. L’autre jour, par exemple, elle a annoncé que nous avions beaucoup de concombres. Le lendemain, tout était nettoyé, ou presque (sourire). Les gens réagissent vite, et c’est vrai qu’internet est devenu capital dans notre affaire.» L’autre évolution concerne les habitudes alimentaires de la population. La tendance actuelle est de consommer bio, de polluer le moins possible, en évitant par exemple les sachets plastique. Ce qui met une pression constante aux Perroud, puisqu’ils ne disposent pas du label Bourgeon bio. Mais cela ne veut en aucun cas dire qu’ils ont recours à des pesticides, au contraire.

Nouveaux venus

«Nous nous réservons le droit, en cas de gros pépin, d’avoir recours à des produits chimiques, et cela dans une transparence totale. Mais, à part les cas de force majeure, nous avons totalement éliminé les produits chimiques. Cela nous demande énormément de travail en plus, car cela implique de toujours anticiper, de se renseigner, d’être constamment sur le qui-vive», déclarentils, mentionnant un stress permanent. «Nous n’avons pas choisi la voie la plus facile, mais nous sommes tout de même contents.»

S’il existe d’autres cultures de légumes en libre-service, les Perroud sont les seuls à proposer ce système pour les fruits, en Veveyse. Ils déclarent qu’en règle générale la population est très correcte. «Les gens sont soigneux, 99% d’entre eux sont très respectueux.» La base de leur clientèle reste la population environnante, mais les agriculteurs ont parfois des visiteurs originaires de bien plus loin. «Il y a des Russes, par exemple, qui sont très friands de concombres “Nostrano”. Ou encore des Américains, qui prennent à chaque fois des citrouilles pour Halloween.» Leur variété de fruits et de légumes s’est encore récemment étoffée, avec l’arrivée du maïs doux, ainsi que des poivrons, disponibles depuis cette année.

Christian Marmy

 

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