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«Je ne ferme pas la porte à la politique»

Yvan Hunziker: «J’étais plus destiné à jouer au football qu’à faire de la politique (sourire).» VJ

GRAND CONSEIL SEMSALES

Après quatorze ans au Grand Conseil, Yvan Hunziker démissionne. Son parti, le PLR, l’a annoncé jeudi dernier. L’ancien syndic de Semsales quitte la politique cantonale pour des raisons professionnelles. Interview. Elu au Grand Conseil fribourgeois en
2006, puis réélu en 2011 et en 2016, Yvan Hunziker, 54 ans, quittera officiellement le Parlement cantonal le 29 février prochain. En plus de sa fonction de député, il a été membre du conseil d’administration de l’HFR durant cinq ans et syndic de Semsales de 2016 à 2018. Electronicien en multimédia, il sera remplacé par le conseiller communal de Granges (Veveyse) Savio Michellod, premier des viennent-ensuite (voir notre édition de vendredi dernier). Yvan Hunziker tire le bilan des ces quatorze ans passés au Grand Conseil.

Il y a une semaine, vous avez annoncé que vous renonciez à votre mandat de député. Dans quel état d’esprit êtes-vous?

Yvan Hunziker: Mon sentiment est mitigé, entre soulagement et nostalgie. La décision n’a pas été facile à prendre.

«Pas facile», pourquoi?

Certes, des dossiers me tiennent à cœur, mais j’ai dû me rendre à l’évidence que je n’arrivais plus à leur consacrer autant de temps qu’il fallait et que je voulais.

Pourquoi quittez-vous le Grand Conseil à mi-législature?

En 2017, déjà, j’avais choisi de réduire la voilure de mon commerce (Hunziker télévision S.àr.l., n.d.l.r.) à Châtel-St-Denis. Je voulais davantage penser à moi. L’an dernier, Baumann Constrelec SA m’a offert un poste, à Estavayer-le-Lac, et j’ai pu vendre mon commerce. Ce n’est donc pas la porte à côté. J’avais moins de temps pour préparer mes dossiers. De plus, en décembre, je suis devenu responsable commercial. Ce qui m’oblige à être encore un peu plus présent. Je vais aussi m’accorder un peu de temps libre. Je ne regrette rien, mais durant vingt ans, j’ai travaillé six jours sur sept. Je ne prenais que six jours de vacances par année. Au moment où cette opportunité professionnelle s’est présentée, je l’ai saisie. Ma décision n’est pas une stratégie électorale.

De vos quatorze années passées au Grand Conseil, que retenez-vous?

J’ai beaucoup appris sur le fonctionnement de nos institutions, le canton, le district et les gens. Je ne pensais pas que cela me plairait autant. J’étais plus destiné à jouer au football qu’à faire de la politique (sourire). Je suis content d’avoir fait comprendre que le canton et la Veveyse étaient riches de forêts qu’il fallait défendre. Avec mes motions et postulats, les subventions pour les chalets en tavillons ont été augmentées et le certificat d’origine bois suisse est désormais exigé pour toute construction ou rénovation d’un bâtiment propriété de l’Etat. De plus, avec ma collègue Nadine Gobet, nous avons initié le rapport cantonal Préalpes Vision 2030, à la suite de notre postulat sur les infrastructures touristiques dans le canton.

Est-ce que, au contraire, il y a des dossiers sur lesquels vous avez des regrets?

Oui et non. A mon avis, les dossiers n’avancent pas assez vite. Par exemple, j’étais partisan de la construction d’une halle triple sur le campus du Lac-Noir. Cela fait cinq ans que nous en parlons et le premier coup de pioche n’a toujours pas été donné. Cela me reste en travers de la gorge. Mon tempérament d’entrepreneur n’est pas toujours compatible avec la lenteur de certains chefs de service. Mon principal regret concerne les impôts. Nous aurions pu faire des gestes plus importants pour la classe moyenne. Le canton de Fribourg a plus d’un milliard de francs de fortune. Il capitalise à plein régime sur les citoyens. Même si, lors de la dernière session du Grand Conseil, nous avons octroyé une baisse d’impôts de 31 millions de francs, nous aurions pu aller plus loin.

Qu’est-ce qui va le plus vous manquer?

Le débat politique. C’est aussi cela qui a motivé ma décision. Un dossier important va arriver sur la table du Grand Conseil: la réforme de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat. Les cent dix députés ont un rôle à jouer. Ils ne peuvent pas être seulement présents à 80%, parce qu’il s’agit de l’avenir du service public et de l’argent des citoyens. Nous parlons de centaine de millions de francs que nous leur demanderons d’investir pour aider la fonction publique. Ce genre de discussions va me manquer.

Allez-vous briguer un nouveau mandat, quel qu’il soit?

Si vous pensez à 2021, la réponse est non. Par contre, je ne suis pas en mesure de me projeter dans cinq ans. D’ici là, beaucoup de choses peuvent arriver. Je ne ferme pas la porte à la politique.

La préfecture est donc toujours une option?

Si nous revenons sur la campagne de 2016, j’ai eu l’impression que tout ce que j’avais pu faire pour la Veveyse, en dix ans au Grand Conseil, avait été obstrué d’un coup. Dans ce district, j’ai le sentiment qu’on parle davantage du parti politique du candidat que de sa personnalité. J’ai souvent entendu: on va voter pour le «nôtre», peu importe ce qu’il a fait. La déception n’est pas de ne pas avoir été élu, mais d’avoir terminé dernier. Je ne sais pas si je méritais cela...

Même si vous «ne fermez pas la porte à la politique», ces dernières années ont été compliquées pour vous. Vous avez notamment démissionné de la syndicature de Semsales, en 2018, à la suite de l’enquête administrative visant le Conseil communal...

Les regrets amèneraient à avoir des scrupules. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour la population et non pour moi. Je n’ai donc pas de regrets à ce niveau-là, si ce n’est d’avoir été trop franc avec certaines personnes.
Propos recueillis par Valentin Jordil

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