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Veveyse

La Biorde, la belle endormie

La Biorde s’écoule lentement entre Attalens, Bossonnens, Granges et Palézieux, où elle rejoint la Broye. DR

Durant tout l’été, Le Messager vous emmène à la découverte du patrimoine paysager de la région, entre histoire et nature. Troisième des six épisodes avec le ruisseau de la Biorde, qui s’écoule lentement entre Attalens à Palézieux.

Pour Michel Savoy, agriculteur et syndic d’Attalens, la Biorde a été un terrain de jeu, enfant, et est devenue une terre de travail, à l’âge adulte. Ce ruisseau, qui s’écoule entre Attalens, Bossonnens, Granges et Palézieux à un rythme tout helvétique, traverse le domaine familial biologique de Michel Savoy. Il est donc un observateur privilégié de l’évolution de la Biorde.

Selon lui, la Biorde est «riche en biodiversité» et joue un «rôle d’éponge» pour la région. Luciane Lapierre, biologiste et responsable du réseau écologique de la Veveyse, recense une dizaine d’espèces végétales différentes. Et tout autant de papillons et autres libellules. «For tement menacée», selon son statut dans l’Ordonnance relative à la loi fédérale sur la pêche, l’écrevisse à pattes blanches est aussi observée dans la Biorde. Les castors sont également des habitants réguliers du ruisseau.

La Biorde, «un symbole»

«La Biorde est un symbole fort de lien entre les communes de la Basse-Veveyse, ainsi qu’entre les cantons de Vaud et de Fribourg», estime pour sa part Philippe Alibert, conseiller communal d’Attalens chargé notamment du développement durable. La Biorde offre également des terres riches en nutriments aux agriculteurs, procurant de meilleurs rendements. En effet, dans les années 1980, les collectivités publiques et les agriculteurs ont installé des drainages, afin de créer des surfaces agricoles sur ce qui était un grand marais, comme le raconte Michel Savoy.
Il estime que, aujourd’hui, la Biorde «souffre». Retirer les sédiments mécaniquement étant interdit, le cours d’eau est obstrué par le sable et les herbes, provoquant des inondations. Les berges sont de plus en plus instables. Par endroits, le ruisseau disparaît même. «Depuis quinze ans, on s’en occupe davantage intellectuellement que physiquement», estime Michel Savoy. Car, depuis 2005, un projet pour requinquer la Biorde est dans les tiroirs. Le projet de revitalisation vise à installer un système d’évacuation fluviale afin de préserver l’écosystème et de favoriser la biodiversité. La biologiste Luciane Lapierre juge la revitalisation de la Biorde «urgente». Selon elle, elle permettra d’augmenter la biodiversité autour du cours d’eau.

S’appuyer sur l’écosystème existant

D’ailleurs, cette année, l’experte observe une diminution «drastique» de la diversité des espèces, sans pouvoir donner une explication. Un constat qui ne concerne pas seulement la Biorde, mais l’ensemble du territoire. C’est, par exemple, le cas pour certains papillons migrateurs. Michel Savoy, lui aussi, constate que certains animaux sont moins présents que par le passé: «J’observe moins de hérons, un phénomène engendré par la diminution des poissons, qui ne se développent pas dans l’eau toujours plus stagnante de la Biorde.»

Pour Michel Savoy, il est «plus facile» de maintenir des zones de biodiversité, où l’écosystème est une aide, que d’en créer de toutes pièces sur des parcelles utilisées pendant cinquante ans par l’agriculture intensive. Les agriculteurs peuvent placer leurs zones de compensations écologiques aux abords de la Biorde.

Selon Philippe Alibert, chargé du dossier de revitalisation et membre de l’Association intercommunale pour l’épuration des eaux usées de la Haute-Broye, districts de la Veveyse, d’Oron et de la Glâne (VOG), le projet, va «aller de l’avant», après un changement à la tête du VOG, un projet de remaniement parcellaire qui n’a pas abouti et la Covid-19. «D’ici la fin de l’année, les rencontres avec les propriétaires et les exploitants devraient être terminées. Nous pourrons ensuite faire des adaptations et finaliser la réalisation du projet», indiquet-il, sans préciser le calendrier.

Revitalisation encouragée

Le conseiller communal précise que le canton encourage la revitalisation des ruisseaux. Selon l’Etat, durant les huitante prochaines années, quelque 206 kilomètres de cours d’eau devraient être revitalisés dans le canton, ce qui correspond à trois kilomètres par année. Un jour, la Biorde devrait faire partie de ces tronçons. Ce «trésor» naturel ne demande qu’à être remis en valeur. Valentin Jordil

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