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La vie continue derrière

Les résidents et le personnel de l’EMS du Châtelet à Attalens doivent apprendre à vivre «coupés» du monde extérieur. ARCH. MESS.

CORONAVIRUS ATTALENS

Au Châtelet, tout contact avec l’extérieur est désormais proscrit. La vie quotidienne de l’EMS d’Attalens, de ses résidents et des familles est chamboulée. Le personnel met son énergie pour continuer d’animer l’institution médicosociale.

Depuis quinze jours maintenant, l’EMS du Châtelet à Attalens est calfeutré. Aucun cas de coronavirus n’a actuellement été dénombré parmi la soixantaine de résidents et la centaine d’employés. Contactée par téléphone, distance sociale oblige, Sherazad Déglise, assistante socio-éducative et animatrice au sein de l’institution médicosociale, raconte la vie à l’intérieur du Châtelet.

Quelle est l’ambiance au sein du Châtelet?

Sherazad Déglise: La vie a été bouleversée. Il a fallu rassurer les résidents et leurs proches. Les visites de ces derniers sont désormais proscrites, au même titre que celles des intervenants extérieurs (art-thérapeute, coiffeuse ou encore podologue, n.d.l.r.). Toutefois, l’ambiance est sereine.

Comment les résidents vivent-ils cette situation?

Ce qui leur manque, ce sont leurs familles et amis. Au Châtelet, il y a toujours eu une ambiance très chaleureuse, familiale. Leur principal questionnement est: «Quand est-ce qu’on va pouvoir les revoir?» Pour la plupart, ils ne réalisent pas vraiment la gravité de la situation. En tant qu’animatrice, j’essaie de rassurer, de dédramatiser. Non pas en leur cachant des informations, mais en lisant les journaux avec eux pendant des groupes de paroles constitués de trois résidents, voire quatre. Beaucoup de souvenirs de la Seconde guerre mondiale ou encore de la grippe espagnole émergent lors de ces échanges. Néanmoins, ils restent positifs, car ils se disent qu’aujourd’hui nous avons davantage de moyens.

Qu’en est-il du personnel?

Il est sensibilisé à informer quotidiennement les résidents. Il continue à soigner le relationnel également. Chaque secteur de l’EMS a dû prendre des mesures et s’adapter au jour le jour en appliquant les consignes sanitaires nécessaires. Les espaces collectifs ont également été réaménagés, le tout dans une ambiance empreinte de bienveillance et de solidarité.

Les animations ont-elles également été chamboulées?

Forcément. Nous faisions beaucoup d’animations collectives. Nous sommes désormais contraints de faire des groupes de maximum cinq personnes avec des distances de deux mètres. Je vous laisse imaginer communiquer avec une personne âgée avec un masque et en respectant cette distance. Dans la pratique, c’est compliqué. Mais cette situation a aussi fait naître des initiatives créatrices au sein de notre équipe d’animation, appuyées par la direction et notre infirmière-cheffe Mme Biljana Lazic

Par exemple?

Nous avons beaucoup axé nos animations sur des accompagnements individuels. Le local de la coiffeuse, qui ne peut momentanément plus venir, a été réaménagé en salon de bien-être, nommé Bulle de détente, où nous proposons, en individuel, des massages de mains, un coiffage ou un petit soin du visage. Il s’agit surtout de revaloriser l’image de la personne.

Et le contact avec les familles...

A l’initiative de la direction, nous avons fait l’acquisition de deux tablettes supplémentaires pour permettre aux résidents de communiquer, via Skype ou FaceTime, avec leurs proches. La plupart des résidents sont surpris. Au début, ils n’y croient pas vraiment, mais après ils demandent eux-mêmes de passer des appels vidéos. Ça devient normal pour eux. Nous avions également des projets intergénérationnels avec les enfants des écoles d’Attalens, qui ont été repoussés. Du coup, ils vont offrir des dessins aux résidents, en les postant ou déposant devant la porte. Ainsi, nous pourrons organiser une petite exposition dans l’EMS. Tout ce qui peut venir de l’extérieur est une bonne chose. Il faut absolument garder le lien. Permettezmoi de finir avec cette citation de Sénèque qui disait: «La vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre comment danser sous la pluie.»

Propos recueillis par Valentin Jordil

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