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Veveyse

La voie de l’arc, aussi en Veveyse

Le kyudo, la pratique du tir à l’arc traditionnel japonais, est au centre de l’existence de l’entraîneur José Berrocosa (premier plan). Une fois par semaine, il l’enseigne à Bossonnens. DR

KYUDO BOSSONNENS

A Bossonnens, une fois par semaine – durant l’année scolaire – sont dispensés des cours d’une discipline particulière, originaire du Pays du Soleil levant: le kyudo.

Littéralement «la voie de l’arc», cet art traditionnel japonais ne se focalise pas tant sur le fait d’atteindre le mille, mais plutôt sur une meilleure maîtrise et conscience de son corps.

Présentation de cette offre existante dans la région, qui reprendra son rythme hebdomadaire dès la rentrée des classes.

Dans la salle de gym de Bossonnens, tous les mercredis soir, se pratique une activité très singulière. Inhabituelle, même, dans nos contrées. Unihockey, basket, volleyball, tous ces sports occidentaux «courants» sont stoppés, le temps d’une soirée, au profit d’une discipline venue d’Orient: le kyudo. Aux racines japonaises, cet art traditionnel signifie littéralement «la voie de l’arc».

Vacances scolaires – et bien évidemment période extraordinaire de crise sanitaire – exceptées, c’est donc à un rythme hebdomadaire que quelques initiés se rassemblent pour ne faire qu’un avec leur arc. Tous ont un point commun: ils suivent l’enseignement de José Berrocosa, le responsable et l’entraîneur du Kyudo Club Veveyse. «Cette activité tire ses origines de l’art de la guerre, explique-t-il. C’est donc un art martial à part entière. Seulement, avec le temps, l’objectif n’a plus été de viser un adversaire vivant, en l’occurrence devenu une cible immobile, mais de se parfaire soi, ainsi que ses mouvements, dans le respect et le calme.»

Impressions et expression

Le côté sportif, technique, compris dans le «kyu», est donc une facette importante de cette discipline. Mais la philosophie qui s’y ajoute, les principes que comporte le «do», le sont peut-être encore davantage. «Le but est de s’exprimer à travers son arc, et de réaliser un tir vivant, incarné. Cela passe par le ressenti. Il faut travailler sur la posture du corps, la respiration, la sérénité. Tout ce qui, en somme, représente les bienfaits des arts martiaux.»

Avec ses élèves, une dizaine de personnes environ, José Berrocosa commence par une partie traditionnelle, en guise d’introduction. Ensuite, un petit échauffement est effectué, avant de se saisir du matériel. Le maniement de l’arc, les déplacements et les différents gestes se veulent fluides et harmonieux. «Le kyudo apporte tonicité et souplesse, glisse l’entraîneur. Et il ne requiert pas grand-chose: c’est une activité accessible à tous.» A ceux qui se demandent comment faire pour dénicher un arc japonais traditionnel, pas de panique: le club met à la disposition des participants l’instrument au cœur de la discipline. Il propose même trois leçons d’initiation, servant de période d’essai, pour se décider à poursuivre l’apprentissage ou non. «Cela ne demande pas une force extraordinaire, poursuit José Berrocosa. Le tout, c’est de ne pas se crisper. Là où il y a crispation, il ne peut y avoir précision. Il faut rester léger et accompagner le mouvement. On tire avec tout son corps, tout son squelette. D’ailleurs, si quelqu’un est stressé, ou agité, cela va se ressentir dans son tir.»

Aucun artifice

L’arc japonais traditionnel comporte une particularité étonnante: c’est le seul au monde à se présenter sous une forme asymétrique. «Il ressemble un peu aux longbows anglais (grands arcs à portée impressionnante, n.d.l.r.), mais la partie supérieure du «kyu» est plus longue. D’ailleurs, il n’a pas évolué depuis le Moyen Age. Il n’est équipé d’aucun instrument de précision. L’efficacité du tir provient uniquement de la technique et de la posture du tireur. Voilà pourquoi le kyudo intègre la recherche d’une certaine maîtrise de soi, afin de se perfectionner, ce qui est un processus constant.»

José Berrocosa a découvert les arts martiaux dès l’âge de 8 ans, dans la cité de Calvin. D’abord très versé dans la pratique du judo (la voie de la souplesse), il a, un jour, fait la connaissance d’un judoka qui l’a initié au kyudo. «Je me suis très vite concentré sur cette discipline, indique-t-il. Dans le cadre de la Fédération suisse de kyudo, basée en Suisse allemande, j’ai eu la chance de suivre, toujours à Genève, l’enseignement de grands maîtres de la Fédération japonaise de kyudo. Des séminaires étaient organisés chaque année, où nous bénéficiions de la présence de l’élite mondiale de la discipline. C’est un peu comme si, au tennis, Federer allait à l’autre bout du monde pour donner des cours (rires)

Le kyudo ne se résume donc pas à l’art de planter une flèche dans le mille. Se pratiquant en règle générale à l’intérieur, avec une distance de vingt-huit mètres entre la cible et le tireur, il se veut une discipline relativement silencieuse, calme et concentrée. Et l’entraîneur de donner quelques notions supplémentaires: «L’objectif est d’éveiller, dans son corps, certaines qualités. De poser un regard attentif sur les choses et d’être en parfait accord avec l’instant présent.»
Christian Marmy

Plus d’infos et organisation au 079 787 30 31 ou à joseliane.berrocosa@bluewin.ch

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