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Veveyse

Le canton souffle sur les éoliennes, mais le vent est parfois contraire

Sur les sept zones que le canton de Fribourg a retenues pour installer des parcs éoliens, la Veveyse est concernée par deux sites: au Crêt et au Flon. DR

ÉNERGIE RENOUVELABLE LE CRÊT/LE FLON

Fribourg veut miser sur l’éolien. Récemment validé par la Confédération, le deuxième volet du Plan directeur cantonal prévoit sept parcs éoliens. Deux communes veveysannes sont concernées: La Verrerie et Le Flon.

Fribourg présente un «potentiel très important» dans l’énergie éolienne. Il est le 3e canton suisse à disposer du plus grand potentiel éolien, après Vaud et Berne. Jeudi dernier, devant les médias, la Direction de l’économie et de l’emploi a fait entendre que le Conseil d’Etat comptait bien l’exploiter. Validé par la Confédération en août dernier, le deuxième volet du Plan directeur cantonal délimite sept parcs éoliens. Deux sites concernent la Veveyse, mais ils ne sont pas au même stade.

La coordination est réglée pour le site des Monts-de-Vuisternens (Vuister nensdevant-Romont, Siviriez et Le Flon) sur lequel six ou sept éoliennes sont envisagées pour un total de 36 à 42 gigawattheures (GWh) par an. Neuf mâts sont prévus à l’Esserta (Sâles, Vaulruz, La Joux et Le Crêt), mais la coordination est toujours en cours.

Quatre sites suffisants

La production du canton de Fribourg pourrait atteindre entre 260 et 640 GWh par an. Ce chiffre est supérieur aux objectifs fixés par le Conseil d’Etat dans le cadre de sa stratégie énergétique établie en 2009, qui la limitait à 160 GWh par an d’ici à 2030. «En tenant compte de la technologie actuelle, quatre sites bien équipés pourraient pratiquement suffire à couvrir l’objectif initial du canton», indique la Direction de l’économie et de l’emploi. Une éolienne de la dernière génération, du haut de ses 140 mètres, est à même d’alimenter 1500 ménages. Selon le canton, le contexte est favorable. Le peuple a soutenu à près de 60% en mai 2017 la stratégie énergétique 2050 de la Confédération, qui veut aussi réduire de 40% les besoins d’ici à 2035.

Pas que des heureux

Contacté, le syndic de La Verrerie, dont fait partie Le Crêt, Marc Fahrni se dit «très étonné» que la Confédération ait conservé la zone de l’Esserta, dont l’une des éoliennes se situerait sur le territoire communal: «Elle se trouverait au milieu de la forêt et à proximité de la tourbière de La Mosse d’En Bas, un marais classé d’importance nationale et protégé depuis 1991. Au début des années 2000, nous avions dû nous battre pour faire un collecteur d’eau claire sur un parchet communal dans ce secteur. Et maintenant, ils veulent y mettre une éolienne...»

L’élu indique que, lors de la consultation du Plan directeur cantonal, La Verrerie avait «tout de suite» réagi. «Nous sommes défavorables à ce projet. Je suis certain qu’il y a des sites plus opportuns ailleurs.» Marc Fahrni est toutefois confiant pour la suite: «Ce qui me rassure, c’est que le projet est proche d’un site d’importance nationale et que s’il devait se réaliser l’Etat serait le premier à bouger.» Dans la commune voisine, au Flon, le discours n’est pas le même. Mardi soir, lors de sa séance quotidienne, le Conseil communal s’est prononcé favorablement sur le projet des Monts-de-Vuisternens, qui prévoit l’une des six ou sept éoliennes sur son territoire. «Lors de la précédente législature, l’exécutif s’était déjà prononcé en faveur de ce projet. Nous sommes, à l’unanimité, sur la même ligne», commente le syndic Jean-Claude Bongard.

L’élu souligne toutefois que le chemin est encore long. «Quant à vous dire le temps que cela prendra, je ne peux pas le faire. Il a déjà fallu vingt ans pour avoir le résultat d’aujourd’hui.» Vu le changement climatique, Jean-Claude Bongard estime nécessaire de trouver des solutions. «Nous fermons les centrales nucléaires. Il est donc nécessaire de trouver des alternatives dans les énergies renouvelables. Nous ne pouvons pas toujours dépendre de fournisseurs étrangers.»

Deux sites abandonnés

D’autres sites étaient prévus en Veveyse, mais ils avaient disparu dans le Plan directeur cantonal mis en consultation fin 2017. A Semsales, par exemple, Les Plannes figuraient dans le concept éolien du canton établi en 2008. La société Swisswinds d’abord, puis les Services industriels genevois ont tour à tour envisagé un projet comprenant jusqu’à huit mâts. En 2013, les citoyens de la commune avaient même donné leur feu vert à une étude de faisabilité.

Puis l’année suivante, deux mâts de mesures avaient été aménagés, à côté de la route cantonale et La Joux-des-Ponts, sur une colline en direction des Alpettes. Les Paccots, avec les sites de la Salette et de la Corbettaz, étaient également sur la liste. Des mesures de vent et une étude sur les chauves-souris avaient été effectuées. Aujourd’hui, le canton a ouvert la voie pour sept sites. C’est désormais aux communes et aux développeurs, notamment le Groupe E via son entité Greenwatt, de prendre le relais.

Valentin Jordil

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