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Veveyse

Les établissements scolaires font front face à une situation inédite

Le Cycle d’orientation de la Veveyse, à Châtel-St-Denis, est bien calme depuis une semaine. VJ/ARCH. MESS.

ÉCOLES FERMÉES ORON/CHÂTEL-ST-DENIS/JORAT

Malgré la sonnerie annonçant le début des cours, il n’y avait aucun élève ce lundi matin dans les établissements scolaires d’Oron et de Châtel-St-Denis. Faisant suite à la décision du Conseil fédéral pour endiguer le coronavirus, ce décret devrait durer jusqu’au 30 avril dans les cantons de Vaud et de Fribourg. Mais les deux directions se préparent à un prolongement de la situation. Tour d’horizon.

Oron-Palézieux.

«Etat-major de crise», «donnée d’ordre» ou encore «serrer les rangs». Les éléments de langage choisis par le directeur de l’Etablissement primaire et secondaire d’Oron-Palézieux Jean-Fran- çois Détraz sont quasi militaires. Il précise d’ailleurs qu’il a suivi par le passé une école de cadres militaires, d’où les mots utilisés. «Dans ce genre de situation, les processus et la façon de traiter les problématiques se révèlent identiques et efficaces.» Comme toutes les écoles vaudoises et fribourgeoises, son établissement est fermé, et ce jusqu’au 30 avril. Objectif: enrayer la propagation du coronavirus.

Comme demandé par le Conseil d’Etat vaudois, un service d’accueil scolaire – avec accès sous conditions: priorité aux enfants dont les solutions de garde mettent en danger des personnes à risque ou des grands-parents de plus de 65 ans, aux enfants du personnel soignant et système sanitaire et ceux qui assurent ce service d’accueil – a été mis en place. L’établissement d’Oron-Palézieux prévoyait d’accueillir une trentaine d’enfants sur les 835 élèves que compte l’établissement. Dix élèves au maximum par classe seront autorisés.

Assurer un accueil

Finalement, lundi matin, ils étaient une «petite dizaine», selon le directeur Jean-François Détraz. Sur la centaine d’enseignants que compte l’établissement scolaire, une cinquantaine se sont inscrits, via un formulaire en ligne envoyé dimanche soir, pour encadrer ce service d’accueil au cours de la semaine écoulée par tranches de quatre heures. «Les autres 50%, ce sont des enseignants-parents ou des enseignants dont l’un des membres de la famille doit rester en quarantaine.»

«Ce fut formidable de constater l’élan de solidarité qui s’est manifesté, indique Jean-François Détraz. Nous ne manquons pas de personnes engagées pour ce service.» Le directeur estime qu’entre cinq à dix enfants par jour solliciteront cet accueil. «Nous aurions pu accueillir jusqu’à une centaine d’élèves lundi matin. Les réseaux ont fonctionné, les familles se sont montrées solidaires et ont trouvé des solutions. J’en suis extrêmement reconnaissant. Avec l’avancée de la maladie, il se pourrait que nous ayons à accueillir plus d’enfants.»

Autre front sur lequel est engagé l’établissement, l’enseignement à distance qui se fera via la plateforme officielle utilisée par toutes les classes vaudoises: educanet2. «Les élèves de 7e et 11e HarmoS ont accès à ce dossier pour leur classe. Autant les enseignants que les élèves peuvent déposer et télécharger des documents, détaille le directeur. Pour les plus jeunes, nous privilégions le contact par téléphone et e-mail. Chaque maître de classe va rester en lien avec les familles.»

850 clés USB

Un système d’échange de document sera mis en place. La direction a commandé 850 clés USB qui seront envoyées par la poste à chaque élève. «Elles contiendront les documents utiles en fonction de l’âge et des moyens d’enseignement. Nous avons ciblé les branches du groupe 1 et 2: français, mathématiques, allemand, anglais et les branches de connaissances générales de découverte: sciences, histoire et géographie.»

Tous ces dispositifs devraient être en place «le plus vite possible»: «Nous ne voulons pas confondre vitesse et précipitation. Nous souhaitons vraiment informer les parents et communiquer.» Trois à quatre heures de travail par jour sont prévues pour les 9e à 11e HarmoS, deux à trois heures pour les 5e à 8e et une à deux heures «d’activités variées» pour les 1re à 4e.

L’établissement va également mettre en place une «librairie volante» constituée de manuels et de brochures scolaires non utilisés qu’on trouve dans les armoires de nombreuses classes. «Il s’agit de permettre aux parents qui ont moins l’accès à la technologie numérique de venir chercher des livres, des brochures, des documents papier pour travailler sur ces supports», explique Jean-François Détraz. Tout s’est mis en place rapidement. La première réunion «d’état-major de crise» – réunissant les autorités communales (Oron, Maracon et Essertes), la direction, des représentants des enseignants et le chef du service des bâtiments – s’est déroulée vendredi. Une séance est prévue tous les jours. Le directeur se veut rassurant. «Nos actions vont graviter autour de trois mots clés: discipline, sens du devoir et solidarité. Il n’est pas apparu de problèmes importants. Nous espérons que cela va se poursuivre sur cette lancée dans les jours à venir.»


Châtel-St-Denis.

Au Cycle d’orientation de la Veveyse (COV), à Châtel-St-Denis, la situation se passe bien. «A ce stade, nous n’avons aucun élève qui a été confié à nos enseignants», indique le directeur Pierre Deschenaux. Là aussi, le service d’accueil est dédié aux enfants du personnel soignant et du système sanitaire. Jusqu’à la fin avril, un service de permanence est mis en place si des élèves devaient venir à l’école. «Les parents doivent nous faire part de leur besoin au plus tard la veille.»

Contacter les 770 élèves

«Je suis très reconnaissant envers les parents qui ont largement joué le jeu. Nous avons eu très peu de plaintes. Chacun est bien conscient de la situation urgente. Cela me rassure que nous n’ayons pas une quantité d’élèves à devoir surveiller qui se mélangent, discutent afin d’éviter des transmissions de virus.»

Le directeur a également encouragé ses élèves de 13 à 16 ans à rester à la maison. «J’estime qu’ils sont en âge de pouvoir passer des journées seuls. D’autant plus qu’ils ont du travail à fournir par informatique.» Le dispositif de l’enseignement à domicile est en place depuis mardi pour les 770 élèves du COV. «Nous avons eu la chance au COV d’avoir les adresses e-mail de tous les parents et de tous les élèves. Ce qui est plus simple pour les contacter et leur transmettre les informations.»

Selon le directeur, la septantaine d’enseignants étaient «dans les starting-blocks et très impliqués». «Je vois une grande volonté et une solidarité de tout le monde.» Chaque enseignant a pris contact avec ses élèves. «Ils ont reçu la consigne que nous allions travailler sur la plate-forme educanet2 et OneNote pour déposer les documents. Mardi et mercredi, nous avons des personnes ressources qui étaient disponibles, pour tous les enseignants qui avaient besoin d’appui, d’explications et de propositions afin de rendre le recours à l’information plus efficient», détaille le directeur. Il souhaite que les élèves «poursuivent les apprentissages prévus par les planifications annuelles, autant que faire se peut».


Jorat.

Le directeur de l’Etablissement primaire et secondaire du Jorat qui compte 1599 élèves, Gérald Morier-Genoud, est également confiant: «Certains enseignants ont travaillé durant le week-end

pour pouvoir transmettre du travail aux élèves à distance.» Depuis lundi, ils ont récupéré toutes les adresses e-mail. «Bon nombre d’enseignants ont pris des contacts et déjà préparé du travail.»
Selon le directeur, le service d’accueil fonctionne aussi bien. «Les familles ont très bien joué le jeu, puisqu’en tout nous avons vingt-deux enfants qui ont été accueillis dès lundi sur plusieurs sites. Depuis mardi, pour des questions d’organisation, nous les avons regroupés à Servion.»

Expérience «intéressante»

Gérald Morier-Genoud s’attendait quand même à devoir en accueillir davantage: «Cela démontre très bien que les familles ont aussi souhaité éviter que les enfants ne se retrouvent trop regroupés et qu’elles ont trouvé des solutions adaptées en un week-end.» Trois enseignants sont mobilisés par tranches de deux heures en collaboration avec les éducateurs des unités d’accueil.

L’enseignement à distance se fera via l’application TeamUp. «Le canton fournit une base de documents pour que le programme par année puisse être suivi. Les enseignants pourront déposer leurs propres exercices.» D’après le directeur, les acteurs du terrain sont «impliqués» et «cherchent des solutions innovantes et créatives». Il estime qu’il s’agit d’une expérience «intéressante». «Cela marche mieux que ce que l’on aurait pu imaginer. Les élèves et les familles vont avoir des suggestions suffisantes pour ne pas être désœuvrés à la maison.» Valentin Jordil

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