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Veveyse

Les mystères de l'église de Porsel révélés

Dimanche, une vingtaine de personnes ont assisté à la visite de l’église de Porsel, organisée par Patrimoine Gruyère-Veveyse. PHOTOS SALOMÉ LUTZ

PATRIMOINE PORSEL

Dimanche, Patrimoine Gruyère-Veveyse proposait une visite de l’église de Porsel. Selon Denis Buchs, ancien conservateur du Musée gruérien à Bulle, elle dispose de «plusieurs éléments remarquables». Visite.

«Même si l’église de Porsel est composée d’éléments décoratifs d’époques différentes, une harmonie y règne. Elle mérite qu’on s’y arrête.» Le regard de Denis Buchs, ancien conservateur du Musée gruérien à Bulle, sur le patrimoine est aiguisé. Organisée dimanche par la section Gruyère-Veveyse de Patrimoine suisse, la visite a permis de redécouvrir l’édifice religieux et de s’attarder sur «plusieurs éléments remarquables, même si elle paraît banale de l’extérieur», selon Denis Buchs, qui est également secrétaire de Patrimoine Gruyère-Veveyse.

Un patrimoine local souvent méconnu, qu’il faut, selon l’association, défendre et mettre en valeur. Car l’église de Porsel est l’une des rares du canton de Fribourg, même l’une des deux seules, à être dédiée à saint Gorgon, martyr du IVe siècle, sous l’empereur romain Dioclétien. Le saint y est d’ailleurs représenté en légionnaire romain sur l’un des vitraux signés par Gaston Thévoz.

L’abbaye d’Haut-Crêt

Pour Denis Buchs, ce choix reste énigmatique. L’abbaye cistercienne de Haut-Crêt, qui était établie au bord de la Broye près des Tavernes, pourrait être l’une des pistes. En effet, les moines possédaient la grange de Bouloz avec d’importantes terres et un étang pour les poissons. «Avaient-ils reçu un fragment de relique de saint Gorgon?», interroge Denis Buchs. Il est donc probable que les religieux venaient, à Porsel, visiter leurs propriétés et y aient fait bâtir une chapelle. Les premières traces de son existence date de 1384.

L’église a été édifiée en 1641-1645. Lors de la fondation de la paroisse de Porsel, la chapelle était insuffisante. «Il était nécessaire de construire une nouvelle église», note-t-il. Elle a ensuite été rebâtie en 1735-1739, agrandie en 1872 et fortement transformée entre 1939 et 1943 avec l’architecte Léonard Dénervaud. Enfant de la vallée du Flon, il va donner une grande place au bois dans la reconstruction de l’édifice. «... Et il n’a pas laissé de dettes à la fin du chantier. C’est à souligner», sourit Denis Buchs.

La raison de la construction de l’église de Porsel n’est pas la seule énigme. «Dans la nuit du 23 au 24 août 1939, la voûte de l’église s’effondre, raconte-t-il. C’est à ce moment-là qu’il a été décidé de construire un plafond en bois.» En levant les yeux au ciel, on découvre plusieurs dessins, la maison d’or ou encore la porte du ciel, aux côtés des armoiries de Porsel et du pape Pie XII.
«Pour quelqu’un qui n’est pas familier des litanies de la Vierge Marie (décrivent les mystères associés à la Vierge, n.d.l.r.), tous ces symboles sont énigmatiques», estime l’ancien conservateur.

A plusieurs endroits de l’édifice, on retrouve le pélican, emblème de l’amour paternel. La fable veut qu’il s’ouvre la poitrine avec son bec pour nourrir ses petits de son sang. «La période de la Seconde Guerre mondiale a certainement influencé l’utilisation de ce symbole de sacrifice», note Denis Buchs.

Des vitraux signés Cesa

Lors de la transformation de 1939, l’église de Porsel est ornée de vitraux commandés à Gaston Thévoz. L’artiste réalise le vitrail central du chœur «saint Gorgon en légionnaire romain», ainsi que les mystères douloureux et les mystères joyeux. De l’ancienne église bâtie, il ne reste que le clocher, le chœur et une partie de la charpente. «L’église a notamment été abaissée de huitante centimètres, ce qui explique la grande différence avec le niveau du chœur», décrit Denis Buchs.

Dans les années 1970, l’église est rénovée, les fresques dans le chœur et sur la face de l’arc triomphal sont recouvertes. Des «pertes importantes», selon Denis Buchs: «Le contexte de dépouillement postconciliaire en est certainement la raison.» Jacques Cesa réalise les vitraux. Les cinq petites fenêtres de côté du chœur sont consacrées aux mystères douloureux de la vie de
Jésus Christ: agonie au Jardin des oliviers, flagellation, couronnement d’épines, portement de la croix et crucifixion.

Les trois fenêtres de la face septentrionale illustrent les vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité. «La femme de Jacques Cesa disait que c’est la commande de Porsel qui leur a permis de se payer une chambre à coucher (rires dans l’assemblée, n.d.l.r.). La visite proposée par Patrimoine Gruyère-Veveyse aurait dû se poursuivre avec la découverte de quelques «trésors» du patrimoine bâti extérieur de la vallée du Flon. Les conditions météorologiques en ont décidé autrement.
Valentin Jordil

Le plafond en bois comporte plusieurs symboles qui font référence aux litanies de la Vierge Marie.
Le plafond en bois comporte plusieurs symboles qui font référence aux litanies de la Vierge Marie.

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