Les pêcheurs ont troqué leurs cannes contre des balais

La Société des pêcheurs de la Veveyse a organisé samedi une action coup de balai dans les rivières du district. Une trentaine de participants ont ramassé près d’une tonne de déchets qu’ils ont ensuite exposé sur la place d’Armes ceci afin de sensibiliser la population.

Ils étaient une trentaine de personnes, dont une dizaine d’enfants, samedi matin à suivre les instructions du secrétaire de la Société des pêcheurs de la Veveyse Benoît Legay. La société avait en effet lancé un appel sur les réseaux sociaux pour le coup de balai dans les rivières de la Veveyse. Ce mode opératoire est en place à Attalens depuis trois ans dans le cadre scolaire, ou à l’échelle cantonale à la fin du mois de mars chaque année.

Bien organisés, les membres de la société se sont rendus sur la place d’Armes de Châtel-St-Denis avec six remorques. Des sacs confectionnés en toile de stores réutilisables à l’effigie de la société et des gants étaient distribués aux participants, pas forcément tous pêcheurs, mais sensibles à la cause. Comme Arnaud, sa fille Coline (10 ans) et sa voisine Isabelle (12 ans). «Il est important de les sensibiliser déjà à cet âge-là», explique le Bossonnensois et ami de la famille des pêcheurs.

Après avoir bu le café et mangé un croissant, les bénévoles se sont réparti les zones à nettoyer, bien définies au préalable sur des cartes géographiques. Un petit coup d’antitiques plus tard pour ceux qui le souhaitaient, et tout le monde est monté dans les voitures.

Action de sensibilisation

Du plastique, la plus préoccupante pollution, des mégots et beaucoup de ferraille ont ainsi été récupérés dans la Veveyse, la Broye, le Tatrel et les deux rivières privées que sont la Biorde et la Mionne. «On a même trouvé une batterie de voiture!», s’exclamaient Coline et Isabelle. «On a du gros poisson là, effectivement», a admis le papa. Un pneu de tracteur a également fait tout son effet à son arrivée devant la benne des pêcheurs.

Membre de la société, Marc Verdon a quant à lui sillonné les rivières en Waders en tirant un «big bag» à bout de bras. Accompagné de son acolyte Philippe Alibert, il a posé des panneaux en bois dans chaque secteur après son passage. Ces enseignes pyrogravées «zone nettoyée par les pêcheurs de la Veveyse» resteront temporairement sur place, afin de marquer le coup.

«Une bonne chose de faite!»

Pour leur part, les deux jeunes amies de Bossonnens ont en profité pour se lier d’amitié avec un escargot trouvé aux abords de la Broye. «Même s’il a fallu se lever ce matin, nous sommes contentes d’être là. C’est sympa comme activité, et puis nous aimons les animaux», explique Coline qui souhaite devenir vétérinaire. «Nous voulons les aider, nous ne souhaitons pas qu’ils mangent des mégots», acquiesce Isabelle.

Le long du ruisseau dans la zone de chantier de la gare de Châtel-St-Denis, elles croiseront encore des libellules et des larves d’insectes sur un tissu de réfection de ruisseaux.

D’autres jeunes ont aussi posé fièrement devant leurs trouvailles, à l’instar des garçons d’Alain Gothuey, membre du comité, et également membres de la société. Charlotte, la fille de Benoît Legay, a elle aussi participé au coup de balai, équipée de ses bottes de pluie, de gants et d’une pince. Elle est la plus jeune et l’une des trois femmes de la société qui compte 79 membres. «Nous espérons qu’elles seront toujours plus nombreuses», note le secrétaire. Deux jeunes Ukrainiens ont également pris part à cette action.

A l’heure d’ouvrir une bière, les bénévoles s’exclamaient «voilà une bonne chose de faite!» avant de continuer sur quelques ruisseaux et aux abords des routes. «Ils n’iront pas pêcher l’aprèsmidi, explique Philippe Alibert, les poissons étant déjà assez stressés par le niveau, assez bas, des eaux.»

La benne orange disposée devant l’Office du tourisme n’aura pas attendu longtemps avant de se remplir. A midi, elle débordait. Les pêcheurs sont restés sur place toute la journée et jusqu’à la fin du Marché des artisans afin de sensibiliser la population. Une truite géante en bois, fabriquée pour l’occasion par le comité de préparation, trônait sur la benne, décorée de ses déchets.

«Il est clair que nous ne pouvons pas tout ramasser en deux heures», souligne l’organisateur Benoît Legay à l’issue de la manifestation. Mais cette action, ciblée en amont et en aval des ponts ainsi que dans les zones d’activité a permis de mettre en lumière ce qui passe parfois inaperçu. «Les passants de la place d’Armes ont été impressionnés qu’autant de déchets soient récupérés en si peu de temps par trente personnes. Ils n’en croyaient pas leurs yeux!»

«Une telle action a déjà eu lieu il y a une quinzaine d’années, ont expliqué les pêcheurs, il s’agissait là de faire une piqûre de rappel.» La société souligne également le besoin de synergies avec les communes. Elle remercie par ailleurs les villages qui ont soutenu financièrement l’action par un don, les autorités politiques, l’Office du tourisme de Châtel-St-Denis, les Paccots et la région, et bien évidemment les participants à l’action. L’entreprise Dumoulin a prêté la benne et s’est chargée de l’élimination de sa tonne de déchets.

Si, dans l’ensemble, les rivières sont moins polluées qu’il y a quelques années, ce coup de balai démontre qu’il y a encore des efforts à faire. «Si la benne était restée vide, nous aurions été bien contents, mais cela n’est pas encore le cas, conclut le secrétaire de la Société des pêcheurs de la Veveyse, Benoît Legay. Les retours de cette journée de sensibilisation sont également nombreux et positifs sur les réseaux sociaux.»

Régine Gapany