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Veveyse

Marcel Dorthe s’offre une exposition rétrospective

Marcel Dorthe: «L’art est un chemin, il faut toujours avancer et ne pas rester sur place, autrement on voit toujours le même paysage.» VJ

ART CONTEMPORAIN RUE

Marcel Dorthe fête ses 70 ans et ses 50 ans de carrière artistique avec une grande exposition rétrospective dispersée à cinq adresses de Rue. Elle est à l’image de son travail, à la fois prolifique et lumineux. Visite guidée.

«L’œuvre de Marcel Dorthe a un caractère universel. Elle fait l’unanimité. Elle plaît aussi bien aux spécialistes de l’art qu’aux gens de la terre, aux gens plus âgés qu’aux plus jeunes. Elle est simple et profonde, et sa féerie de couleurs musicales nous emporte dans un tourbillon.» Dans la conclusion de son livre Symphonie d’un nouveau jour, l’historienne d’art Patricia Zazzali évoque un véritable «coup de cœur artistique» pour le Glânois Marcel Dorthe: « (...) croyezmoi j’en ai vu des artistes à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne, où je travaille depuis trente ans (...).»

Cet ouvrage (lire encadré) accompagne une grande exposition rétrospective pour les 70 ans et les 50 ans de carrière artistique de Marcel Dorthe. Du 19 septembre au 11 octobre à Rue, elle offrira une plongée intense dans un demi-siècle de travail à travers trois cents œuvres. La visite commence par l’immense demeure de la Renaissance, la Chapellenie, où l’artiste vit et travaille depuis quinze ans. L’exposition s’articule en cinq parties correspondant à ses différentes périodes de création (1970 à 1990; 1990 à 2004; 1990- 2018; 1997-2019 et 2004-2020), liées aux quatre éléments.

Cinq lieux d’exposition

Dans l’enfilade de pièces, Marcel Dorthe nous montre des œuvres plus récentes réalisées lors du semi-confinement. La déambulation continue à l’église de la cité médiévale. L’art sacré est une partie importante du travail de Marcel Dorthe. On lui doit notamment une vingtaine de vitraux, dont celui du temple de Châtel-St-Denis, le mobilier liturgique de l’église catholique du cheflieu de la Veveyse et deux retables. Il faut ensuite emprunter quelques chemins pavés de Rue pour arriver à la salle des Chevaliers, nichée dans une cave privée. Au bout de deux grands escaliers en bois, puis en pierre, on découvre les peintures plus anciennes de Marcel Dorthe, qui révèle combien les thématiques de l’arbre, du ciel et de la terre l’habitent depuis 50 ans. «En toute modestie, j’ai été troublé par la qualité de mes premières réalisations, raconte-t-il. J’ai l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui les a réalisées.» La visite guidée s’achève à l’Hôtel de Ville, dans lequel le Glânois montrera ses œuvres qui se rapportent aux corps, aux couples et à la famille.

Cette exposition est une vision d’ensemble de l’évolution de Marcel Dorthe, de ses débuts figuratifs, il y a plus de vingt ans, en passant par l’étape «fermes glânoises sous la lune» à la période «surréaliste» ou «magrittienne». Evolution dans laquelle s’intercale aussi l’époque «vitrail» et qui débouche sur le style plus dépouillé d’aujour-d’hui, qui va à l’essentiel tout en renforçant sa portée mystique. Avec cette exposition, Rue rend également hommage à l’un de ses artistes les plus emblématiques en lui mettant à disposition plusieurs lieux de la ville. Dans l’avant-propos de Symphonie d’un nouveau jour, Patricia
Zazzali écrit qu’il y a encore deux ans, elle ne connaissait pas Marcel Dorthe. «C’est lors d’une exposition que j’ai été subjuguée par son Stabat Mater qu’il a créé en rentrant d’un concert de Poulenc.» Elle demande alors à rencontrer l’artiste. Elle évoque avec lui l’idée de réaliser une exposition rétrospective et un livre pour marquer ce double anniversaire. «Cette exposition est le fruit d’un an de travail», souligne l’artiste.

La nature, source d’inspiration

La vocation du Glânois est «née un jour d’éblouissement, dans un champ, en regardant un artiste peindre», raconte Patricia Zazzali, qui proposera sept visites guidées pendant la durée de l’exposition. Le fils de Marcel Dorthe, Benoît, qui a repris la ferme familiale, témoigne: «Moi, je pense que c’est son métier qui lui a donné envie de peindre: l’indépendance, le temps de pouvoir contempler les atmosphères. Dans notre métier, ce qui est génial, c’est que même si l’on arrive tendu, “ronchon” ou triste, on est finalement régénéré par la nature.»

Vers la quarantaine, Marcel Dorthe, qui est décrit par son épouse Marianne comme «hypersensible», connaît une période de dépression qui va radicalement changer son travail: il découvre alors la lumière et la couleur. Marcel Dorthe peut imaginer des dizaines d’œu-vres en quelques minutes, seulement. Il les visualise et les couche, ensuite, en noir et blanc sur le papier de l’un de ses carnets soigneusement conservés. Selon l’artiste, ils sont remplis de travail pour les dix prochaines années.

Depuis les années 1970, Marcel Dorthe a créé plus de deux mille peintures au pastel, mille dessins ou encore cinquante sculptures. Il a également mis au point une technique unique et originale, du pastel cristallisé à la résine, rendant ses pastels permanents et inaltérables. «Je cherche toujours autre chose. Je ne me répète pas. J’aime découvrir d’autres techniques. L’art est un chemin, il faut toujours avancer et ne pas rester sur place, autrement on voit toujours le même paysage.» Valentin Jordil

Exposition de Marcel Dorthe, du 19 septembre au 11 octobre, à Rue. Je-di: 14 h à 18 h; ve: 20 h


Symphonie de couleurs dans un livre

La grande exposition rétrospective (lire ci-dessus) consacrée à Marcel Dorthe, à Rue, est accompagnée par une monographie de 208 pages, richement illustrée. Signé par Patricia Zazzali, historienne d’art et médiatrice culturelle à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, Symphonie d’un nouveau jour offre une vision du travail «gigantesque» de cet artiste autodidacte. Patricia Zazzali écrit: «Pour faire vivre et incarner cet artiste complexe et haut en couleur, un travail scientifique a été accompli avec la compulsion de son journal, de ses carnets de notes, d’articles, d’archives, couplés de dix interviews de lui-même et vingt interviews de son cercle le plus proche, professionnel, familial ou amical. Mon rôle a été de replacer Marcel Dorthe dans la grande aventure de l’histoire de l’art et de tenter, de page en page, à être “un prisme” pour faire vibrer son œuvre à travers ma sensibilité.» Marcel Dorthe estime que cet ouvrage «n’est pas seulement technique, il a une âme». Pour finir, des textes de l’écrivaine châteloise Marie-Claire Dewarrat ponctuent les chapitres. VJ

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