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Veveyse

Microfermes: l’exemple de trois maraîchères

Florence Tâche et son époux Etienne, aux jardins de la Tuillère, à la sortie de Châtel-St-Denis. PHOTOS RÉGINE GAPANY

La Veveyse n’échappe pas au phénomène des microfermes, ces exploitations maraîchères peu mécanisées à petite échelle. Trois représentantes de cette nouvelle mouvance travaillent d’arrache-pied à Châtel-St-Denis et Remaufens pour proposer des légumes frais.

C’est l’été et les jardins ne désemplissent pas, malgré le temps sec. L’heure de la récolte sonne dans les potagers veveysans pour les courgettes, salades, haricots, et, prochainement, pour les tomates.

On s’affaire aux jardins de la Tuillère et des Reines chez les Sires à Châtel-St-Denis et à la Tsintre de Remaufens. Ces trois fermes de la région, chacune flanquée d’au moins une serre, en imposent plus que le simple carré de terre iconique de la grandmaman, sans pour autant ressembler à des exploitations industrielles.

Il s’agit de microfermes, ou de nanofermes dans ces cas. Les surfaces se comptant plutôt en mètres carrés qu’en hectares. A la tête de ces petites structures maraîchères, des femmes de caractère, soutenues par leur conjoint et/ou leur famille. Si leurs parcours diffèrent, toutes trois sont guidées par un même respect de la nature et un désir d ’autonomie (voir encadré).

Circuit court, bio et local

Florence Tâche, Aurélie Surchat et Julia Wirthner misent sur la confiance des clients. Notamment décou ragées pa r les contraintes administratives, aucune n’est actuellement certifiée bio, mais les produits des jardins de la Tuillère, des Reines et de la Tsintre sont bel et bien exempts de produits phytosanitaires.

Les trois entrepreneures partagent d’ailleurs les mêmes références en termes de maraîchage bio, de Jean-Martin Fortier à Eliot Coleman en passant par les fermiers de Bec-Hellouin en Normandie. D’année en année, toutes essaient, tâtonnent, apprennent à connaître leur terrain et s’adaptent. Flexibles, elles n’hé-

sitent pas à se remettre en question. Julia Wirthner pense par exemple acquérir du bétail l’année prochaine à l’image de ses consœurs.

Au jardin des Reines, ce sont justement deux vaches d’Hérens, les mascottes du domaine, qui fournissent le fumier. Aux jardins de la Tuillère, Joseph Liaudat, le père de Florence Tâche, prend également soin de deux bovins. «Fonctionnaire CFF, il a cependant quotidiennement aidé ses frères qui exploitaient les lieux. Il a toujours été très attaché à cet endroit, qu’il connaît par ailleurs très bien.»

Confiance et coopération

L’homme de 88 ans a donc vu sa fille et sa famille agrandir leur espace maraîcher, commençant par cultiver le jardin historique autour de la maison avant d’ouvrir d’autres terrains dont deux grandes serres de 50 m2 chacune. Lui s’occupe des pommes de terre et sourit de voir du lin bleu pousser à leurs côtés afin de contrer l’invasion des doryphores.

«En effet, quand il fait sec, les ravageurs se manifestent», peste Julia Wirthner, de Remaufens, qui se réjouit de l’emplacement de sa nouvelle demeure, sur une source. De petits jets semi-automatiques sont installés un peu partout. Dans les trois exploitations, l’arrosage se fait cependant le plus succinctement possible. «Moins on arrose, plus les plantes prennent l’habitude d’aller chercher l’eau en profondeur», explique Florence Tâche. Aurélie Surchat est quant à elle en train d’installer des récupérateurs d’eau à la ferme des Sires. Elle aussi a commencé dans le jardin potager de sa grand-mère, avant d’ouvrir un terrain de 500 m2 et d’installer une serre résistante à la neige de 120 m2, tout en pensant toujours en priorité aux espaces de pâturage de Vilaine et Verveine, les reines du domaine.
La maraîchère y fait pousser une multitude de légumes, même des melons. Les microfermes se caractérisent par la diversité des cultures. «Il faut aussi se démarquer des grandes surfaces», remarque Florence Tâche qui propose toutes sortes de concombres, basilics et tomates. «Beaucoup de clients me parlent encore du goût des carottes d’antan qu’ils redécouvrent. On a une petite clientèle fidèle, indique, enthousiaste l’ancienne enseignante de la route de Prayoud. Notre site internet est régulièrement mis à jour.» Aurélie Surchat utilise une liste de diffusion WhatsApp pour ses ventes directes et ses livraisons à domicile. En plus des légumes, elle propose les œufs de ses nombreuses poules et ses produits transformés. Julia Wirthner collabore avec une ferme voisine pour le panier et propose aussi la vente directe, tout en étant encore présente sur le marché de Bulle le jeudi matin.
A la question de savoir combien de kilos de légumes sont produits par année et quel équivalent plein temps est dévolu à leur entreprise, les trois maraîchères peinent à répondre.
Une chose est sûre, elles ne comptent pas leurs heures, et ne font pas encore «bouillir la marmite» avec leur activité. Toutes trois réinvestissent plutôt le fruit de leurs récoltes dans du matériel. Régine Gapany

www.latuillere.ch 
https://fr-fr.facebook.com/ jardindesreines
http://latsintre.ch


Du métier de maraîchère

Florence Tâche a quitté son métier d’enseignante en juin 2019. «Au départ, je m’étais lancé comme défi de rendre ma famille de cinq enfants autosuffisante en légumes durant une année.»
Dès 2020, la femme de 55 ans a commencé les ventes directes à la ferme de la Tuillère, secondée par son époux Etienne, enseignant au Cycle d’orientation de la Veveyse et géologue de formation.

Au jardin de la Tuillère, il s’active dans le projet quand il ne travaille pas comme enseignant. Leurs enfants de 15 à 25 ans donnent aussi des coups de main. Emilie, l’aînée, qui étudie la musique, s’implique particulièrement.

Aurélie Surchat est ingénieure en gestion de la nature et formée en herboristerie. Après avoir travaillé pour des services de l’agriculture et passé trois années chez Gfeller bio à Sédeilles, la jeune femme de 31 ans s’est lancée à la ferme des Sires à Châtel-St-Denis en 2018 tout en gardant un emploi à 50% à la Branche de Mollie-Margot où elle gère l’atelier tisane avec des personnes en situation de handicap.

Quand elle se rend à son travail, il n’est pas rare de croiser sa maman au jardin des Reines pour s’occuper des bêtes et des légumes. La jeune femme, quant à elle, passe facilement ses soirées dans son jardin ou dans sa cuisine pour les produits transformés. Julia Wirthner, 32 ans, cultive des légumes depuis quatre ans en indépendante. A la suite de ses études en environnement à l’EPFL, elle a effectué un CFC agricole et quelques saisons à l’alpage. Elle s’est installée il y a deux ans avec son époux et leurs deux enfants à la ferme de la Tsintre à Remaufens où elle apprécie sa qualité de vie avec des enfants en bas âge. «Ils peuvent jouer dehors, je m’arrête s’ils ont besoin de moi.» Son mari travaille à 50% en tant qu’informaticien.
RG

 

Aurélie Surchat, du jardin des Reines, sur le domaine des Sires, à Châtel-St-Denis.
Aurélie Surchat, du jardin des Reines, sur le domaine des Sires, à Châtel-St-Denis.

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