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Veveyse

Offre médicale dans le sud du canton: trois députés dépités

Après l'ancien hôpital de Châtel-St-Denis, dont la fermeture a été initiée en 2012, c’est désormais les urgences de l’hôpital de Riaz qui sont dans le viseur de l’HFR. ARCH. MESS.

Vendredi dernier, une manifestation s’est tenue devant l’hôpital de Riaz pour protester contre la disparition des urgences au profit d’une permanence.

Or, la réduction progressive de l’offre médicale dans le sud du canton inquiète, autant la population que les politiciens.

Réactions de trois députés veveysans qui tentent de lutter contre ce processus: Michel Chevalley, François Genoud et Roland Mesot.

Devant l’hôpital de Riaz, vendredi dernier, s’est tenue une manifestation organisée par le Syndicat des services publics. Une quarantaine de personnes ont protesté contre la transformation du service des urgences en une permanence, ouverte de 7 h à 22 h. Beaucoup voyaient dans ce changement une étape supplémentaire dans le processus de centralisation de l’offre hospitalière cantonale au seul HFR.

Seulement, ce phénomène n’est pas nouveau et a déjà passablement affecté les trois districts du Sud fribourgeois. Pour rappel, la fermeture de l’hôpital de Châtel-St-Denis était annoncée en 2012, tandis que l’année dernière, c’est Billens qui voyait sa réadaptation cardiovasculaire transférée à Meyriez.

Conseil d’Etat interpellé

Des points que n’ont pas manqué de souligner les députés Michel Chevalley (UDC – Tatroz) et François Genoud (PDC – Châtel-St-Denis) dans leur postulat, déposé en mai dernier au Conseil d’Etat. Intitulé Politique sanitaire: le sud du canton sinistré?, l’instrument parlementaire demande au gouvernement de dresser un rapport mentionnant «l’ensemble des prestations médicales et soins à maintenir absolument sur les sites de Riaz et de Billens». Il rappelle enfin à l’Etat que les trois districts du Sud représentent un bassin de population de 100 000 habitants et que ceux-ci souhaitent «une offre en santé publique digne de ce nom».

«L’HFR ne mène pas la même politique dans toutes les régions, estime le Châtelois François Genoud. Personne ne s’attendait à ce qui est arrivé à Billens. Et ces décisions ont été prises pour des raisons économiques, comme c’était le cas, en 2012, à Châtel-St-Denis. Il est vrai qu’aujourd’hui, grâce au Centre médical de la Veveyse, l’offre médicale me paraît bonne en Veveyse. Même s’il y a encore des efforts à faire, pour les personnes souffrant de diabète, qui à l’heure actuelle doivent se rendre soit à Fribourg soit à Vevey.»

Transfert de pouvoir

L’ancien préfet de la Veveyse Michel Chevalley a vécu de très près le démantèlement de l ’ hôpita l c hâtelois. « A l’époque, j’ai tout fait pour le sauver, mais mes efforts s’apparentaient à des coups d’épée dans l’eau, étant donné que la décision ne revenait plus au monde politique, mais au Conseil d’administration de l’HFR. Cet état de fait explique que des mesures largement impopulaires ont pu être prises.»

L’idée du postulat déposé en mai est apparue lors de la dernière conférence des syndics, révèle-t-il: «La population du sud du canton se plaint de ce qui est en train de se passer. D’ailleurs, quasiment tous les députés issus de la Glâne, de la Gruyère et de la Veveyse soutiennent notre démarche.» Il estime que les attentes, mais aussi les craintes, des habitants de ces trois districts doivent être prises en considération à Fribourg.

Effets secondaires et timing désastreux

S’il juge l’offre médicale actuelle «suffisante» en Veveyse, Michel Chevalley déclare également qu’«elle n’est plus que le pâle reflet de ce qu’elle était à l’époque». Selon lui, l’option de doter les régions périphériques d’un Service mobile d’urgences et de réanimation (SMUR), un renfort médical pour les urgences hospitalières, est à envisager sérieusement. «Désormais, c’est le conseil d’administration de l’HFR qui a les clefs en main. Mais il doit se rendre compte que la politique qu’il mène risque de pousser les populations des régions périphériques vers d’autres hôpitaux, hors du canton. Pour certains d’entre nous, le CHUV, à Lausanne, est plus proche que l’HFR, à Fribourg!»

Ancien président du Grand Conseil, Roland Mesot (UDC – Châtel-St-Denis) s’est rendu à Riaz, vendredi dernier, pour apporter son soutien au personnel soignant. «Ce thème me touche depuis fort longtemps, explique-t-il. J’étais déjà actif dans ce combat, dès 2012, lors de la fermeture de la maternité à Riaz et de la cessation des activités de l’hôpital de Châtel-St-Denis.» Le député ne parvient pas à accepter que le conseil d’administration de l’HFR ait choisi de fermer un service d’urgences en pleine crise du Covid-19. «C’est faire preuve de cynisme», estime-t-il.

Se soigner ailleurs

Lui aussi est convaincu que ce processus de centralisation a pour conséquence de contraindre une partie de la population à sortir du canton, chiffres à l’appui: «En 2013, l’Etat de Fribourg a contribué à hauteur de 50 millions de francs pour des hospitalisations hors du canton en cliniques privées et en hôpitaux publics. En 2017, après la fermeture de certaines structures, ce chiffre a grimpé à 81 millions de francs! Pour moi, c’est la preuve que, dans les régions touchées, la confiance de la population envers l’HFR est perdue.»

Il se dit inquiet pour les trois districts du Sud: «Sans urgences à Riaz pendant la nuit, comment vont être traités certains cas vitaux? Le fait de les supprimer aura pour effet de rallonger les distances de trajet et de retarder la prise en charge du patient sur le site hospitalier.» Raison pour laquelle il soutient son collègue, favorable à l’installation de SMUR dans les régions périphériques.

Alors que Michel Chevalley s’insurge contre «la logique catastrophique qui sous-tend ces fermetures», Roland Mesot, lui, pointe du doigt «l’incohérence du conseil d’administration de l’HFR». Il souligne que «les urgences de Riaz connaissent une moyenne de cas nocturnes plus élevée que celles de Tavel, un service que l’HFR souhaite pourtant conserver». Interrogé sur les arguments avancés par le conseil d’administration de l’HFR pour justifier une telle décision, Roland Mesot explique que des questions de barrière linguistique, peu convaincantes, ont été évoquées.
Christian Marmy

 

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