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Veveyse

Paroles de confinés


CORONAVIRUS VEVEYSE/RÉGION D’ORON

Dans chaque édition durant cette crise, Le Messager donnera la parole à des confinés pour qu’ils racontent leur vie à l’intérieur de leur institution, de leur commerce, de leur EMS ou encore d’un centre de commandement.

Prendre les bonnes mesures pour être dans la juste mesure

Depuis le 16 mars, la population suisse vit des états de confinement et de semi-confinement inédits, mettant à l’épreuve le sens des valeurs. En raison de l’épidémie induite par le Covid-19, le libre-arbitre et la liberté de mouvement d’une partie de nos concitoyens ont été occultés afin de les protéger; si l’on peut se féliciter des mesures prises, qui ont permis de limiter les issues fatales, le plan d’assouplissement préconisé aujourd’hui par les autorités sanitaires, amenant avec elle la perspective de la fin de ce long tunnel, ne doit-il pas être raisonné et résonner également pour tous les individus, quel que soit leur âge?

La chaleur humaine, nichée notamment dans les embrassades, joue un rôle capital dans le bien-être de l’être humain, particulièrement pour les générations qui ont traversé des périodes de guerre; actuellement, si l’on ne peut se réconforter par des contacts directs, ne serait-il pas possible, dès aujourd’hui, et avec toute la prudence requise, de permettre le rétablissement du lien social avec les proches? Dans les faits, nous remarquons que l’absence de chaleur humaine marque le moral et les signes de repli sur soi commencent à apparaître en érodant doucement les résistances, même les plus solides.

Au-delà de ces quelques points brièvement abordés, il n’en demeure pas moins que nous sommes aussi confrontés, en parallèle de la réalité, à une distorsion de l’information; en effet, pour la population, dite fragile et donc confinée, un des uniques liens avec l’extérieur reste les supports audiovisuels le plus souvent internationaux et l’on peut être interpellé, aux heures de grande écoute, par le fait que ces derniers semblent privilégier une information dite sensationnelle en intensifiant les données sensibles.

En effet, insister encore et encore sur l’augmentation des cas et le nombre de décès n’est-il pas déprimant? Il n’en fait point de doute!

Véhiculer, sans donner dans la mièvrerie, un message d’espoir en communiquant aussi sur les taux de guérison et le succès du corps médical contre ce fléau, dans un contexte où les impacts sont multiples et touchent toutes les tranches d’âges, ainsi que les professionnels de la santé, ne serait-il pas un moyen de préserver le moral et de mieux lutter contre les conséquences de l’épidémie? Pour ce qui est des activités générées au sein de la Fondation EMS La Faverge au fil de ces trois dernières semaines, les dispositifs sont rôdés et la collaboration étroite avec les médecins, les pharmaciens ainsi que les cadres de notre institution exerce un monitoring réactif sur les fonctionnements et débouche sur des solutions créatives et parfois innovantes.

C’est dans ce cadre et pour faire suite aux directives reçues de l’Etat de Vaud que nous nous préparons avec prudence et circonspection à un retour à la normalité, en réfléchissant aux différents aspects et à un «timing» visant à anticiper les risques et à les limiter.

Les procédures de contrôle des constantes de base, activées à l’entrée de tous les collaborateurs, sont en place et le maintien de ces mesures est sans faille. Les sessions Skype que nous avons mises en place font le bonheur des familles et nous sommes ravis d’avoir pu mettre ce moyen technologique moderne à leur service. Les dispositifs de cloisonnement sont en place et l’activité du Centre d’accueil temporaire
(CAT) est maintenue: nous continuons d’y assurer les transports, ainsi que les repas de midi et du soir. Le service d’animation a adapté ses activités à la situation (animations individuelles, etc.) et nous ne manquons par ailleurs ni de moyens ni de stocks, que ce soit de matériel technico-infirmier ou de nourriture. Ces quelques lignes s’inscrivent dans une vision positive et nous remercions ici chaleureusement Le Messager de nous donner l’opportunité de nous exprimer; nous espérons pouvoir bientôt rétablir sans restriction les liens et les connexions entre le monde de dedans et le monde extérieur. Même si la fin est en vue, se réjouir trop vite pourrait compromettre et éloigner encore la fin de cette phase! Soyez prudents et restez vigilants!

Pierre-André Goumaz, directeur de la Fondation EMS-Résidence La Faverge à Oron-la-Ville


Penser l’après

Alors que la réouverture de notre magasin se profile, qu’il faut trouver des masques, du désinfectant, des gants, du plexiglas (si, si…) et du scotch de marquage au sol pour nous adapter à cette nouvelle réalité, on s’interroge.

C’est un petit pas vers un retour à la normale, mais qu’est-ce que ça veut dire, la normale? Un état, une situation où l’on a des repères, où notre vécu, notre expérience pourraient à nouveau nous servir à quelque chose? Mais plus loin, au-delà de l’aspect totalement inédit de ce que nous vivons aujourd’hui en famille, au travail ou dans un cercle plus large, c’est clairement l’incertitude face à la durée de la pandémie qui mine le plus le moral des troupes. Y aura-t-il un jour ce vrai et définitif «retour à la normale»? Sans doute que non.

Une chose est certaine, quelle que soit l’issue, quel que soit le moment qui marquera la fin de cette crise, il nous aura fallu réinventer notre métier et peut-être même notre vie. Et c’est aujourd’hui qu’il faut se forcer, se faire violence pour voir dans ce cauchemar une opportunité sans doute unique de remettre en question des choses qu’on pensait immuables.

Le vrai effort intellectuel qu’on doit s’imposer, c’est de changer d’angle de vue, de considérer que ce qui était jusqu’alors «normal», n’était en fait qu’une option parmi d’autres. Mais les contraintes du quotidien nous fixaient des œillères si solides et si opaques que ces autres options, nous ne pouvions tout simplement pas les voir.

Ah, j’en vois un lever le sourcil, l’air dubitatif. Mais qu’est-ce qu’il raconte le tailleur de bonsaï? Tout ça c’est du bla-bla!

Cette posture théorique, j’en suis bien conscient, vaut ce qu’elle vaut. Mais c’est ma conviction profonde. Ce que j’essaie maladroitement de dire, c’est que si on ne profite pas de changer des choses durablement dans nos comportements et nos priorités, nous risquons de vivre très mal l’après Covid-19. Parce que lorsqu’arrivera ce fameux après, la «normale» ne sera plus la même, et si nous ne l’inventons pas, nous allons la subir.

Bon, j’vous laisse, faut que je trouve des masques!

Nicolas Kissling, spécialiste du bonsaï et écrivain, d’Oron-la-Ville


«Déconfinement», entre incertitude et sentiment d’inégalité

Le flou qui a régné jeudi dernier lors de la conférence de presse du Conseil fédéral a engendré son lot de questionnements, d’inquiétudes et de frustrations parmi de nombreux indépendants, patrons et travailleurs de notre pays.

On peut citer, à titre d’exemple, l’incompréhension face à l’éventuelle ouverture de tous les rayons en grande surface, alors que de petites enseignes proposant les mêmes produits devraient rester fermées. L’arbitraire quant à l’ordre d’ouverture des commerces, selon les domaines d’activité, a aussi été mis en avant par de nombreux responsables de l’économie.

Mais si l’on considère les réactions qui ont suivi ces annonces, un autre élément semble particulièrement déstabilisant. Les trois Conseillers fédéraux présents ont évoqué à plusieurs reprises divers domaines d’activité, tentant de rassurer plus ou moins les acteurs concernés. Toutefois, les mots «restauration» et «établissements publics» n’ont pas été prononcés durant tout le message, tout au plus balbutiés suite aux questions des journalistes, comme s’il s’agissait d’un problème ou d’un tabou. Or, si la réouverture des bars et des restaurants pose question, il faut au moins avoir le courage de l’aborder et l’expliquer, ne serait-ce que par considération pour les quelque 260 000 personnes travaillant dans ce secteur en Suisse.

Dans un tout autre registre, la reprise des classes obligatoires dans trois semaines représente un défi majeur, qu’il s’agira de relever avec efficacité et sérénité, et surtout en faisant preuve de coordination et d’adaptation.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler, les préfectures sont responsables de contrôler le respect de certaines mesures édictées par la Confédération, notamment au niveau des commerces, des établissements publics ou des rassemblements et manifestations. Ainsi, entre le moment où j’écris ces lignes et celui où vous les lirez, le conseil d’Etat et l’Organe cantonal de conduite auront sans doute émis des directives et recommandations permettant une application claire de ces mesures.

Finalement, comme le relevait très justement une éditorialiste romande, le Conseil fédéral a momentanément délaissé les profondes réflexions sur les bilatérales, les assurances sociales ou l’aménagement du territoire. Il s’occupe aujourd’hui, peut-être pour la première fois, d’une politique qui concerne la vie quotidienne, basique et concrète, de l’ensemble des citoyennes et citoyens. Et reconnaissons-le, cette politiquelà n’est pas facile à mener! Les préfets en savent quelque chose…

Je vous souhaite une bonne reprise, rapide et saine!


François Genoud, préfet de la Veveyse


L’humain au cœur de notre action!

Malgré les soubresauts printaniers de quelques «lapins malins», la période des fêtes de Pâques s’est globalement bien déroulée. Dame Helvétia peut être reconnaissante envers sa population qui fait preuve de civisme et d’abnégation depuis le début de cette crise historique.

Malgré des résultats encourageants, le but fondamental demeure néanmoins de préserver le fonctionnement du système hospitalier afin de protéger le capital le plus précieux: la santé. Au niveau du monitoring des indicateurs-clés (nombre d’hospitalisations, occupation des soins intensifs et, plus dramatiquement, décès), nous observons un fléchissement de la tendance. Celui-ci confirme l’efficacité des décisions prises par le Conseil fédéral, respectivement par les autorités cantonales.

Depuis quelques temps, cette citation d’un guide montagnard prend tout son sens dans nos esprits: «C’est au sommet de la montagne que commence l’ascension». Au moment d’amorcer progressivement le retour à une certaine normalité, il y a lieu de faire preuve d’humilité et de lucidité pour accompagner le plan d’actions qui se déclinera en plusieurs étapes. Le processus de gestion des risques connaîtra des zones de turbulences et sera mis à rude épreuve. Il ne sera pas simple de réguler les foules et les comportements individuels.

En ces temps incertains, nombreux sont les «doctorants» qui développent leur science sur les médias sociaux. Il sera donc crucial de suivre les recommandations des véritables spécialistes en épidémiologie et en virologie, ainsi que celles des experts en stratégie, en raison de la complexité de cette pandémie et de ses effets collatéraux.

Loin d’une image d’Epinal, les équipes de terrain font preuve d’un grand professionnalisme en faisant parfois face à des situations ubuesques. Tantôt lors d’un conflit familial trouvant son origine dans la saturation du réseau Wi-Fi ou encore lorsque les policières et policiers sont confrontés à des réactions hostiles, comme les crachats de contrevenants. Afin de se protéger et d’assurer la qualité de la prise en charge des patients, les ambulancières et ambulanciers s’équipent comme des cosmonautes et découvrent quelquefois la détresse humaine. Au besoin, ils sont appuyés par les pompiers pour de l’aide au portage, par exemple lorsqu’une personne souffre d’obésité.

Habituellement acteurs de l’ombre, les astreintes et astreints de la Protection civile jouent les premiers rôles durant cette crise. En particulier, ils assurent le fonctionnement des structures de conduite et appuient le personnel soignant au sein des établissements médicosociaux. Là, ils font preuve d’une humanité louable à l’égard de nos aînés. Dans ce contexte, notre système de milice et l’obligation de servir démontrent pleinement leur sens et leur efficacité.

En espérant vivement une évolution positive de cette situation, nous pouvons témoigner notre reconnaissance à toutes les personnes qui se mobilisent solidairement, des soignants aux enseignants, des producteurs aux caissières, de la jeunesse aux bénévoles, et tant d’autres. Même si la route sera encore longue jusqu’à l’immunité collective, l’altruisme, vertu cardinale, guidera nos pas en passant progressivement de la distanciation sociale au «bien revivre ensemble»!

Frédéric Pilloud, directeur de l’Association Sécurité Riviera, de Châtel-St-Denis

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