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Purin d’orties: une production à grande échelle inédite

Raphaël Bonzon a recouvert un champ de 5000 m2 d’orties pour produire du purin en grande quantité: une première en Suisse. CM

AGRICULTURE AUBORANGES

A Auboranges, Raphaël Bonzon, gérant d’Ortica, se livre à un nouveau type de production à grande échelle: le purin d’orties. Il y a un mois environ, il a planté 70 000 unités dans un champ de 5000 m2. Or, il ne s’agit là que d’un premier test, puisqu’il a déjà prévu de doubler sa culture à l’automne, puis de la quadrupler l’année prochaine.

«Les agriculteurs des environs, quand ils voient ce champ d’orties, ils se posent des questions. Nous passons un peu pour les allumés du coin (rires).» Raphaël Bonzon ne s’en cache pas: fabriquer de l’engrais à partir de cette plante, considérée comme une mauvaise herbe, est une pratique bien connue. Ce qui n’avait encore jamais été vu, en revanche, c’est d’en recouvrir un champ entier, afin de produire du purin d’orties à grande échelle. Et pour cause, le gérant d’Ortica S.àr.l., à Auboranges, est à ce jour le seul et unique horticulteur, en Suisse, à se lancer dans cette activité. «En fait, avant 2015, ce n’était pas possible, puisque le purin d’orties n’était pas homologué, donc interdit à la vente. Désormais, il est reconnu par l’Office fédéral de la santé publique comme “substance de base”, ce qui ne le rend pas particulièrement attractif, mais ce qui a au moins le mérite de permettre sa commercialisation.»

Son entreprise de paysagisme et d’hor ticulture se développant progressivement – fondée en 2016, elle compte cinq collaborateurs depuis l’année dernière – Raphaël Bonzon cherchait à augmenter sa production de purin d’orties. Il en fabriquait déjà quinze à vingt mille litres par année grâce à la cueillette sauvage. Seulement, ayant trouvé un accord avec une entreprise alémanique leader dans la distribution de produits biologiques, cela ne suffisait plus. Il a donc recouvert une parcelle de 5000 m2, soit un demi-hectare, de 70 000 plants d’orties. «Il fallait que je puisse répondre à la demande», explique-t-il. Raphaël Bonzon indique que les grandes surfaces proposent déjà des pellets d’orties, servant à préparer le purin. Mais le produit fini, lui, ne se trouve pas en rayon.

Des arguments «piquants»

Le purin d’orties comporte trois atouts principaux. Il améliore le système immunitaire des plantes grâce aux enzymes qu’il contient, dispose d’éléments nutritifs importants pour les différentes cultures (il est notamment riche en fer) et favorise la fertilité des sols. Il peut être répandu soit par arrosage (dosage recommandé par Raphaël Bonzon: 10% de purin, 90% d’eau) soit par pulvérisation (5%).

Son procédé de fabrication est relativement accessible, estime l ’horticulteur: «Pour un kilo d’orties fraîches, il faut dix litres d’eau qui ne comporte pas de chlore, donc de l’eau de pluie ou de l’eau de source. On met le tout dans un récipient quelconque, tant qu’il n’est pas en fer. Ensuite, on laisse fermenter le tout sous vide, c’est-à-dire sans air, pour qu’il ne puisse pas s’oxyder.» Le purin est prêt lorsque, remué, une mousse ne se forme plus à sa surface. «S’il y en a encore, c’est que la fermentation n’est pas terminée.»

Raphäel Bonzon indique que l’ortie, plante vivace, peut aisément atteindre dix ans. Cependant, il prévoit de récolter son premier champ, qu’il loue, au printemps prochain. «Il faut laisser le temps aux plantons de bien se développer et de s’enraciner.» D’ici là, il aimerait bien doubler sa production et passer à un hectare entier d’orties. «L’année prochaine, j’aimerais atteindre les 20 000 m2», confie-t-il. Son souhait, désormais, est que son entreprise se développe au plan national, mais toujours dans le respect de ses convictions, qui lui sont chères: respect de l’environnement et proximité avec la nature, ainsi qu’avec sa clientèle.
Christian Marmy

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