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Veveyse

Respect et responsabilité pour les chasseurs

Pour évoquer son activité de la chasse, Robin Chaperon utilise ces mots: «Ce qui nous plaît dans cette activité, ce n’est pas l’acte d’appuyer sur la gâchette pour prélever un animal, mais tout ce qu’il y a autour.» DR

CHASSE RÉGION

La saison de la chasse commence et, avec elle, son lot d’incompréhensions du grand public. Membres de la société des chasseurs de la Veveyse, Vincent Rieder et Robin Chaperon tiennent à sensibiliser la population sur leurs activités, parfois considérées comme du braconnage.

La saison de la chasse s’est ouverte le 1er septembre dans le canton de Fribourg, avec les premiers animaux sur la liste (sangliers, renards, corvidés). Demain, il sera autorisé, à ceux qui bénéficient du permis opportun, de chasser le chamois, tandis que pour les chevreuils il faudra patienter jusqu’à lundi et jusqu’au 17 octobre pour les cerfs. Ces annonces précèdent généralement l’ouverture d’un débat concernant l’utilité et l’éthique de ces activités, souvent méconnues du grand public.

Président et caissier de la société des chasseurs de la Veveyse, Vincent Rieder et Robin Chaperon ont souhaité évoquer leur passion, afin de se défaire de l’image de braconnier dont ils se voient parfois affublés et, surtout, afin de sensibiliser les randonneurs à leurs pratiques et au respect de la faune. Rencontre.

En mission

«Depuis tout petit, j’ai développé une passion pour les animaux, raconte Robin Chaperon. Dès que j’ai obtenu mon permis de ‘‘boguet’’, je me rendais seul en montagne pour y observer les chevreuils.» A 18 ans, après avoir mis le ski alpin de côté, il se consacre alors à la chasse. «Ce qui nous plaît dans cette activité, ce n’est pas l’acte d’appuyer sur la gâchette pour prélever un animal, mais tout ce qu’il y a autour.»

Ainsi, le jeune Châtelois se sent responsable d’une mission. «Nous veillons à ce que les troupeaux d’animaux n’atteignent pas la surpopulation et restent sains. Dans le cas contraire, ils pourraient développer des maladies. Pour éviter ce genre d’incidents, le plan de tir prévoit un quota d’environ 15% du gibier recensé au printemps en fonction des espèces.»

Ainsi, 27 chamois seront prélevés cet automne entre le Moléson et la Cape au Moine, sur une population totale d’un peu moins de 400 – certains, situés dans le district franc fédéral de la Dentde-Lys, ne sont pas comptabilisés dans ce quota.

Il poursuit: «Certaines personnes assurent que la nature pourrait se réguler d ’elle-même. C’était peut-être vrai, avant que l’homme ne la dérègle complètement: on en a une illustration parlante avec le bouleversement climatique.»

Ce qu’apprécie particulièrement Robin Chaperon dans son activité, c’est le suivi des populations. Prendre ses jumelles, se cacher et compter le total d’animaux que recensent les différents troupeaux. «En 2021, nous avons été 21 chasseurs à nous poster aux endroits stratégiques afin d’effectuer le comptage des chamois.»

Chasseurs-défenseurs

«Même si cela peut paraître paradoxal, nous sommes des défenseurs du respect de l’animal, lâche le président de la Diana Veveyse. Notre tâche consiste à sensibiliser les randonneurs. Il existe des zones de repos délimitées qu’il s’agit de respecter.» Et Robin Chaperon d’enchaîner: «Prenons l’exemple du col de Lys. Les chamois sont intelligents, ils ont intégré le fait que ce passage est devenu ‘‘humain’’ et qu’ils n’ont rien à craindre de ceux-ci. Cependant, il suffit de sortir de quelques mètres du tracé pour effrayer l ’animal, qui perdra alors beaucoup d’énergie.»

En pratiquant leur activité, les chasseurs sont régulièrement amenés à rencontrer des randonneurs, «à qui on va prendre le temps d’expliquer les raisons de notre présence et quels sont les bons gestes à respecter», dixit Vincent Rieder. «Si ça se passe généralement bien, il arrive de devoir faire face à des gens très agressifs, qui nous prennent pour des braconniers. A nous de rester polis et de prouver que nos activités sont légales.»

Quand il en va de la vie et de la mort d’êtres vivants, il s’agit de respecter un certain nombre de consignes et de règlements. Pour limiter tout danger pour les randonneurs qui viendraient à se balader dans les zones de chasse, Robin Chaperon et Vincent Rieder tiennent à rappeler certaines informations primordiales. «Il faut être visible, insistent-ils, et adopter un comportement naturel, en évitant de se cacher. L’idéal pour nous, c’est qu’ils ne quittent pas les chemins balisés.»

Irrespect non toléré

Un bon chasseur se voit donc représenté par une qualité première: le respect. La précision et l’agilité font également partie des obligations pour pratiquer cette activité. «Chaque année, des examens prennent place afin de décerner les attestations de tir de sûreté», explique le président de la Diana Veveyse, Vincent Rieder. «Par ailleurs, nous organisons des séances de réglage de carabine, pour ne pas prendre de risque de blesser un animal en cas de mauvais tir», complète Robin Chaperon.

Toujours dans cette optique du respect de l’animal, il existe des jours de «trêve», durant lesquels il est interdit de chasser. Ainsi, les mercredis et dimanches constituent en toute saison des journées sans coup de fusil, avec quelques variations de calendrier selon les animaux.
Jonas Ruffieux


 «Comment peux-tu tirer sur ces chamois que tu aimes tant?»

Difficile pour le public non initié de voir dans la chasse autre chose qu’un acte cruel. Robin Chaperon considère son activité comme un service nécessaire, rendu avec respect. Il admet toutefois: «Régulièrement, je prends avec moi des amis, qui adorent observer les animaux. Certains me demandent: comment peux-tu tirer sur ces chamois que tu aimes tant? Honnêtement, je n’ai pas de réponse à leur fournir.» Après le prélèvement de l’animal, ponctué par une cérémonie de la dernière bouchée – «généralement, on lui insère un petit bouquet de fleurs ou une branche de sapin dans la bouche» – vient le moment de l’éviscération, à savoir ôter les organes du corps de l’animal. Le chasseur gardera alors les parties propres à la consommation et ramènera le tout à la maison, pour le nettoyer et le laisser quelques jours au frais, dans une chambre froide, avant de l’emmener à la boucherie. JR


La chasse en automne, des activités toute l’année

Si un bon chasseur sait chasser sans son chien, le meilleur ami de l’homme s’avère toutefois utile et précieux. L’une des activités de la société des chasseurs de la Veveyse consiste à former des conducteurs de chiens rouges. «Ce sont des chiens qu’on entraîne à rechercher les animaux blessés en suivant les traces de sang, éclaire Robin Chaperon. Si un chasseur manque son tir, il a l’obligation de faire appel au conducteur et de son chien.» Cela afin de ne pas laisser un animal dans la souffrance, à quelques centaines de mètres de l’endroit où il a été touché.

Sauvetage des faons

La Diana veveysanne, qui compte 73 membres actifs, est également active dans le sauvetage des faons, qui trouvent refuge dans des champs amenés à être fauchés (Le Messager du 7 mai 2021). «C’est Toni Honegger, notre ancien président, qui gère cette activité, relate son successeur Vincent Rieder. En 2021, 17 personnes ont participé aux sauvetages durant vingt jours d’intervention, permettant à 29 faons de sortir sains et saufs.»

Autre activité à mettre à l’actif de la société, l’organisation d’une journée dédiée aux enfants, durant le Passeport vacances, au début du mois de juillet. «Nous leur diffusons un film réalisé par un photographe animalier de la région, avant de nous déplacer du côté de la Dent-de-Lys y observer les animaux avec des jumelles.» JR

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