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«Toute situation de crise est une chance d'apprentissage

Bernadette Charlier Pasquier: «Le développement de l’apprentissage à distance? Je n’y vois pas un risque, mais une chance!» DR

ENSEIGNEMENT SEMSALES/FRIBOURG

Doyenne de la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université de Fribourg, la Semsaloise Bernadette Charlier Pasquier dispose d’une vaste expérience dans le domaine de l’apprentissage à distance. Quel regard poset-elle sur la fermeture des écoles?

«D’habitude, quand nous établis sons un programme d’études à distance, une analyse des conditions d’apprentissage se fait en amont. Or, avec cette épidémie fulgurante, la préparation a été très courte ou elle n’a pas pu être effectuée. Et la plupart des professeurs se retrouvent confrontés aux “télé-études” pour la toute première fois.»

Bernadette Charlier Pasquier, de Semsales, est l’actuelle doyenne de la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université de Fribourg. Professeure en sciences de l’éducation, elle est également responsable du centre didactique de l’institution. Ses spécialités: la formation des adultes et la technologie de l’éducation.

Situation imprévisible

Ayant mené plusieurs projets européens en rapport à l’apprentissage et à la formation à distance, elle pointe du doigt la singularité de la période actuelle. «Enormément d’enseignants ont dû trouver des solutions du jour au lendemain. Mais je suis presque sûre que beaucoup d’entre eux auront appris de cette crise. D’ailleurs, toute situation de crise est une chance d’apprentissage. Cela permet de faire le tri entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas.»

«Ses» étudiants, les universitaires, sont selon elle très mobilisés. Ils ne sont pas simplement coincés chez eux, avec leurs cours pour seule occupation. «Pour le primaire et le secondaire, par contre, c’est plus compliqué. Tout dépend d’à quel point l’enseignant a pu s’organiser. Je sais que beaucoup d’élèves fonctionnent avec des plans de travail hebdomadaires. Ceux-là ont donc déjà l’habitude de s’auto-organiser, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.»

D’après elle, l’une des principales conséquences, pour les élèves, est de devoir organiser différemment le temps dédié – ou consacré – à l’apprentissage: «La journée est désormais découpée différemment, et la plupart des parents n’étaient pas prêts pour un tel cas de figure.»

Supports…

Bernadette Charlier Pasquier le concède volontiers, les récentes évolutions du monde éducatif ont rendu les supports électroniques omniprésents. Avec ces mesures de confinements, pense-t-elle que ce phénomène risque de s’aggraver? «En réalité, l’être humain s’est toujours servi d’instruments comme outils de pensée: un stylo, une feuille ou encore un boulier. Il a besoin d’un support qui fonctionne comme une prolongation de son cerveau ou de sa main. Aujourd’hui, c’est vrai que les élèves évoluent dans un environnement de plus en plus numérisé. Mais l’essentiel, c’est de conserver la fonction d’exé- cution, c’est-à-dire de maîtriser l’instrument.»

Elle poursuit, détaillant son raisonnement: «Une application, par exemple, peut envoyer, recevoir ou traiter des données à notre insu. Là, c’est sûr, nous ne dirigeons plus ce que notre outil fait pour nous. Mais l’essentiel, c’est de construire un environnement d’apprentissage de manière réfléchie.»

…et distances

Quant au possible développement de l’apprentissage à distance, elle y voit une véritable chance, et non un risque: «Le tout, c’est d’articuler ce que l’élève fait en classe et ce qu’il fait ailleurs, que ce soit chez lui ou dans des espaces mis à sa disposition. Souvent, cela donne la possibilité de mettre davantage en valeur, d’apporter une qualité supplémentaire à ce qui est fait ensemble en classe. Il faut pour cela différencier les types d’exercices. D’ailleurs, une bonne partie des programmes scolaires pourrait être acquise de manière autonome.»

L’enseignement à distance est actuellement en fort développement en France, d’après Bernadette Charlier Pasquier. De quoi inspirer le milieu éducatif helvétique? «Si cela devait voir le jour chez nous, il s’agirait en premier lieu d’un projet politique. Et selon moi, les réformes dans l’enseignement doivent aller lentement afin de que leurs effets à long terme puissent être vérifiés.»

Aux yeux de la Semsaloise, un grand travail d’analyse devra être effectué une fois que cette crise sanitaire sera terminée. «Il faudra comprendre, dans le détail, ce qui a bien fonctionné et ce qui n’a pas marché. Comment les enfants, les familles, les enseignants auront-ils traversé cette période? Voilà le genre de questions auxquelles il faudra répondre, avec l’aide des travaux scientifiques qui seront élaborés.»
Christian Marmy


Carte d’identité 1956, naît à Liège, en Belgique.

1979, décroche un master en sciences de l’éducation à l’Université de Liège.

1985 et 1987, naissance de ses deux fils.

1996, obtient un doctorat à l’Université catholique de Louvain.

2002, remporte le concours de l’Université de
Fribourg visant à créer le centre didactique universitaire, dont elle est aujourd’hui la responsable.

2007, épouse son compagnon, de Semsales, et s’installe avec lui en Veveyse. Aujourd’hui, Bernadette Charlier Pasquier est l’heureuse grand-mère de trois petites-filles.

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