«C’est un rêve qui se réalise. Depuis longtemps, je prévoyais qu’un jour, je me consacrerais entièrement à la musique.» Il y a deux semaines, Marc Charrière a, enfin, atteint son petit nuage. Le joueur, professeur de schwytzoise et gérant du magasin Charrière-Music, à Semsales, peut enfin le clamer haut et fort: il est devenu un musicien professionnel à temps plein.
Pour faire connaître son instrument de prédilection, un petit accordéon originaire de Suisse allemande – la schwytzoise, anecdote partagée par Marc Charrière, provient en réalité de l’Emmental bernois, mais a par la suite été exportée et modifiée dans le canton de Schwytz, d’où son appellation actuelle – il organise une journée découverte dans son magasin, le 27 juin prochain. «Sur rendez-vous, je propose des initiations gratuites. Je prévois une demi-heure environ par personne, mais je me montrerai bien évidemment flexible et je m’adapterai, par exemple, si une famille vient à plusieurs.»
Cependant, il serait erroné de limiter sa palette de musicien à la seule et unique schwytzoise. Féru de folklore, Marc Charrière se plaît également à faire vibrer les cordes de ses contrebasses ou même de ses guitares basses. Ces deux instruments sont aussi au programme de la journée découverte organisée à Charrière-Music à Semsales. D’ailleurs, si son enseigne est particulièrement spécialisée dans la musique traditionnelle, elle propose également d’autres accessoires, tels que des câbles pour guitare électrique ou des cordes de guitare, entre autres.
Amour précoce
Pour saisir le parcours de ce jeune homme de 28 ans, dont la carrière musicale ne fait que commencer, il faut se replonger dans ses années d’enfance. «J’ai toujours adoré la musique d’ambiance, que l’on appelle “Stimmung Musik” en Suisse allemand. Quand j’allais en famille, par exemple, à la Petite bénichon à Vuadens, je n’avais des yeux que pour ça! L’émission de la RTS Les coups de cœur d’Alain Morisod, pour moi, c’était la grande soirée de la semaine, que j’attendais impatiemment. J’étais fan!», retrace-t-il.
Un goût qui se déclare donc très tôt, et de manière très précise: «Avec mon père, nous aimions spécialement la schwytzoise. J’ai commencé l’accordéon chromatique à Marsens, mais moi, je ne cherchais pas spécialement à jouer des choses techniques. J’avais une vision différente de la musique, une autre sensibilité. Ce que je voulais, c’était jouer de la schwytzoise (rires)! J’ai donc demandé à mes parents si je pouvais changer d’instrument.»
Faire ses preuves
Ceux-ci acceptent, à une condition: qu’il fasse ses preuves à l’accordéon chromatique. Une sorte de défi, mettant à l’épreuve sa volonté, sa ténacité, ainsi que ses réelles capacités. Et Marc Charrière ne déçoit pas. A Blonay, au début des années 2000, il décroche une médaille d’argent lors d’un concours musical. Ses parents l’inscrivent alors auprès d’une professeure de schwytzoise. «J’ai progressé assez rapidement, poursuit-il. J’ai d’abord appris des accompagnements, puis des morceaux entiers. En 2003, je défilais dans les rues de Bulle, lors de la Fête fédérale de la musique populaire, filmé par tout plein de caméras! Heureusement, je n’ai jamais ressenti trop de pression lorsque je joue en public.»
Transmission du savoir
Son amour pour la musique folklorique ne cesse de grandir, jusqu’à ce qu’un jour, quelqu’un demande à Marc Charrière s’il serait d’accord de lui donner des cours. «Je suis alors passé de l’autre côté de la barrière. Ce qui m’a tout de suite plu. Depuis, j’ai toujours plus d’élèves. A l’heure actuelle, j’en ai une cinquantaine environ. Et ce que je trouve formidable, c’est que le 80% d’entre eux ont moins de 25 ans.»
Si celui qui est désormais domicilié à Forel (Lavaux) ne se considère musicien professionnel «que» depuis deux semaines, c’est qu’il a occupé d’autres fonctions par le passé: «J’ai effectué un CFC de fromager et je suis ensuite devenu agro-commer- çant. Après quoi j’ai travaillé cinq ans dans le domaine de la construction agricole. Pour moi, c’était important d’avoir une certaine sécurité, avec des assises, un savoirfaire et une certaine expérience avant de me lancer totalement dans la musique.»
Toutefois, Marc Charrière n’est pas uniquement occupé à tenir son magasin et à distiller ses cours. Il fait également partie de plusieurs formations musicales, dont le Rossouli Band ou encore Les bandits folkloriques. Et à l’entendre, un nouveau groupe, prometteur, est sur le point de voir le jour: «Nous sommes en train de former un ensemble avec deux amis du Jura bernois. Pour le moment, nous n’avons pas encore de nom, mais nous allons bientôt en trouver un et je suis sûr que ce groupe va donner quelque chose. Nous avons vraiment un bon feeling musical, ce qui à mes yeux est super important.»
Animer, divertir
La période de semi-confinement qui s’achève a été un véritable crève-cœur pour Marc Charrière, qui a dû se mettre aux cours à distance. D’ailleurs, certains de ses élèves continuent de s’améliorer en visioconférences, pour des raisons purement pratiques. Mobilisé par la Protection civile, Marc Charrière a par ailleurs très vite été repéré lorsqu’il se rendait, dans sa voiture estampillée Charrière-Music, dans les EMS. «A Blonay, une personne de l’animation m’a proposé de fournir un petit divertissement aux résidents. Ce que j’ai fait avec plaisir, et les personnes âgées ont adoré! Ils chantaient, c’était trop bien!»
Maintenant que les airs de schwytzoise ont définitivement écarté ceux de construction agricole de son emploi du temps, Marc Charrière se réjouit de pouvoir accueillir de nouveaux élèves. «J’ai le champ libre, je suis totalement disponible. Et ce que je trouve génial, dans ma nouvelle vie, c’est que maintenant, j’ai l’impression de savoir pourquoi je me lève le matin. Et je me lève avec plaisir.»
Christian Marmy
Plus d’infos sur www.charriere-music.ch
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