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Veveyse

Un fourrage venu d’Afrique pour faire face aux canicules

Daniel Bourguet voulait, grâce au sorgho (à g.), disposer de garanties quant à son stock de fourrage et trouver une alternative au maïs (à dr.). CM

AGRICULTURE GRANGES (VEVEYSE)


A Granges (Veveyse), l’agriculteur Daniel Bourguet a décidé, cette année, de faire un test: cultiver du sorgho, en parallèle du maïs, en vue d’affourager ses bêtes. Un essai concluant: la plante venue d’Afrique présente un rendement intéressant et résisterait à la sécheresse.

 

L’affouragement des bêtes peut devenir probléma tique lors de sévères canicules. Un phénomène que connaissent bien les agriculteurs, d’autant plus lorsque leur activité comporte une grande partie d’engraissement. Dans son exploitation à Granges (Veveyse), Daniel Bourguet nourrit une centaine de génisses et de veaux. Ces dernières années, son maïs a beaucoup souffert de la pénurie d’eau.

A la recherche d’une alternative, il s’est tourné vers le sorgho, une plante venue d’Afrique, que bon nombre de paysans cultivent déjà en France. «Dans notre région, c’est sûr que c’est nouveau, déclare le quinquagénaire. Mais ailleurs en Suisse, cela se fait aussi depuis quelque temps.» Daniel Bourguet a découvert le sorgho au cours de discussions anodines. Intrigué, il a fait des recherches sur internet afin de mieux le connaître. Ce printemps, il a franchi le cap et en a semé sur trois hectares.

Réchauffement et détérioration

«C’est surtout la question climatique qui m’a motivé. Je me suis dit que, venant d’Afrique, le sorgho devait mieux tenir que le maïs face à la sécheresse. Je voulais trouver une alternative pour disposer de garanties quant à mon stock de fourrage. Mais il y a aussi autre chose. L’année prochaine, pour des raisons légales, les paysans ne pourront plus utiliser des semences de maïs comportant un répulsif pour corbeaux. Il y a donc un risque d’avoir beaucoup de pertes. Je voulais voir comment les corneilles réagissaient au sorgho.» Résultat, les volatiles ne semblent pas friands de cette nouvelle variété. Daniel Bourguet n’a constaté aucun dégât lié aux oiseaux sur son sorgho.

Pour parfaire l’essai, l’agriculteur a planté un mélange maïs-sorgho sur deux hectares. Sur un autre hectare, il n’a semé que du sorgho. «C’était vraiment pour pouvoir tirer des conclusions, déclare-t-il. Sur les deux hectares de “moitié-moitié”, j’ai planté deux lignes de maïs, puis deux lignes de sorgho, et ainsi de suite. Ce test a véritablement été concluant. L’hectare avec seulement du sorgho, lui, a montré que cette plante était sensible lors d’orages. Il se met à verser et la récolte devient alors plus compliquée, même si elle reste faisable.»

Quelques atouts

Présentant des valeurs nutritives similaires au maïs, le sorgho a l’avantage d’être riche en protéines et de contenir beaucoup de fibres. Sa texture permet une bonne digestion de la part des bovins. «Son rendement est plus élevé que celui du maïs et il est moins gourmand en nitrates, ajoute Daniel Bourguet. Chaque année, nous semons de grosses quantités au sein de notre entreprise familiale de travaux agricoles. Nous voulions donc proposer une alternative, quelque chose de nouveau à nos clients. Certains d’entre eux m’ont d’ailleurs dit qu’ils allaient se mettre au sorgho l’année prochaine.»

Pour s’en fournir, Daniel Bourguet se tourne vers les maisons de semence. «Les importateurs en ont», assure-t-il. L’agriculteur souligne une spécificité de la plante africaine: «Le sorgho aime la terre chaude. C’est pourquoi il faut attendre la fin mai, voire le début du mois de juin, avant d’en semer.»

Seul petit bémol de cette expérience, et pas des moindres: le sorgho de Daniel Bourguet n’a pas véritablement été mis à l’épreuve cette année. Il n’a pas dû faire face à des canicules comparables à celles de 2017 ou de 2018. «J’aurais voulu voir comment il réagit lors de grosses sécheresses, indique le Grangeois. Mais je suis convaincu que, s’il démarre bien, sa pousse ne présente aucun problème par la suite. En tout cas, au vu de ces bons résultats, je vais continuer sur cette lancée», annonce-t-il.

Christian Marmy

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